Région Occitanie ! Tourisme régional : pour la Chambre Régionale des Comptes, le « compte n’est pas bon ! »

Les quatre sites de l’ex-Languedoc-Roussillon les plus visités.

Le rapport définitif de la Chambre Régionale des Comptes sur la politique touristique de la Région Occitanie (en réalité l’ex-Languedoc-Roussillon sous l’ère Bourquin-Alary) a été présenté et adopté lors de son Assemblée pleinière du 3 novembre. Et ses conclusions sont sévères. Car si le potentiel est bien là : 250 km de façade méditerranéenne, des massifs montagneux, des paysages qui vont de déserts arides à des pâturages gorgés d’eau, huit sites classés à l’Unesco, des stations thermales au top, 28 ports maritimes et 33 000 anneaux, sans oublier les parcs naturels régionaux…, ce rapport n’en dresse pas moins un tableau des résultats des politiques publiques (et privées) menées depuis 2011 (2011-2016 est la période couverte par le rapport) autrement plus réaliste que celui des placards publicitaires de la Région concernée.Les magistrats de la Chambre Régionale des Comptes écrivent en effet : « Le conseil régional doit réaliser une évaluation de sa stratégie mise en œuvre entre 2011 et 2016, dans la mesure où les résultats obtenus ne sont pas à la mesure des enjeux. » Et plus loin, on peut lire : « S’agissant de la promotion de la destination touristique, le conseil régional a fait le pari de la promotion d’une marque couplée avec celle des produits du territoire. Toutefois, les synergies attendues ne se sont pas concrétisées en termes de fréquentation touristique ou d’ouverture à l’international, et l’objectif visant à accroître la durée de la saison touristique à ce jour… » Bref, tout est à revoir !

Sur la capacité d’hébergement, par exemple, si l’offre est importante, elle reste peu diversifiée. Historiquement orientée vers les classes moyennes, la région s’est lancée vers des aides aux entreprises du secteur pour adapter son offre. Mais la Chambre note « la faiblesse d’intervention de la région pour soutenir le secteur et le peu d’impact de la démarche qualité Sud de France ». Une offre d’hébergement touristique peu diversifiée et très concentrée donc. Avec pour conséquence une fréquentation des nuitées sur la période 2010-2015 en hausse de 1,5 % contre 3,9 % en moyenne nationale (la fréquentation des hébergements plafonnant à 38,9 %) et un des plus faibles taux d’occupation pour les hôtels des 13 régions métropolitaines (elle ne se situe qu’à la 6e place). Une faiblesse du taux d’occupation liée à une offre dont le rapport qualité-prix est médiocre par comparaison avec celle des autres grandes régions touristiques, notent les magistrats ; qui font aussi remarquer qu’en ce qui concerne la clientèle étrangère, elle ne se classe qu’en 7e position s’agissant de sa proportion dans les hôtels (et en 10e pour les campings).

Finalement, « au vu de l’évolution touristique de 2010 à 2015, les politiques publiques conduites par la région Languedoc-Roussillon apparaissent faiblement efficientes » et « le Conseil Régional, malgré les demandes de la chambre, n’a pas été en mesure de fournir les suites données aux préconisations suggérées dans les différentes enquêtes qu’il a financées », notent toujours les magistrats. Ainsi sa politique concernant la formation. S’il est bien fait remarquer par la Chambre que « le Conseil régional a bien identifié depuis 2013 un certain nombre d’enjeux liès au marché de l’emploi touristique » en augmentant les moyens consacrés aux formations, les effectifs totaux en formation ont cependant diminué. Quant à la marque Sud de France censée fédérer les acteurs régionaux privés et publics de l’ex-Languedoc-Roussillon, le constat est sans appel : « La marque Sud de France ne fait pas consensus parmi les acteurs » et elle n’a même pas été sélectionnée en France en 2015 « parmi les vingt marques mondiales prioritaires en matière de promotion par le Collège des marques, piloté par Atout France et composé d’acteurs du tourisme, du luxe et de consultants. »

Rappelons toutefois que la compétence tourisme était alors largement éclatée entre plusieurs niveaux territoriaux et que la Région concernée ne représentait, en 2014, sur son périmètre territorial que 35,5 % du total des dépenses d’investissement des collectivités territoriales (43,6 M€) et seulement 19,5 % de leurs dépenses de fonctionnement (111 M€). Cela dit, la réforme territoriale et la création des grandes régions, en ne consacrant qu’un rôle de simple « chef de file » à ces dernières, ne semblent pas en mesure de régler les problèmes institutionnels et la déperdition « d’énergie » qui en résulte (consécutive à une pluralité d’acteurs aux politiques peu coopératives), constatés dans ce rapport.

Le pouvoir de conviction* et les incitations de la Région seront-ils suffisants pour rectifier les tendances négatives exposées dans ce diagnostic par les magistrats de la Chambre Régionale des Comptes ? C’est la question, toujours en suspens, d’autant que la Région Occitanie en est encore (ce qu’on ne peut lui reprocher) à gérer une fusion Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, dont les effets de « synergie » ne se mesureront (s’il y en a !) que dans quelques années…

* »Ce qu’on veut être, c’est dans le top 10 des destinations européennes« , a déclaré la présidente PS de la Région Carole Delga.

Source : Rapport de la Chambre Régionale des Comptes de la Région Occitanie. (Lire aussi, sur ce sujet, l’article de l’Agglorieuse dans son n°761 du 1er Novembre)

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