Scène de la vie narbonnaise : Des chiens et des hommes, rue du Pont Des Marchands…
C’était avant-hier soir dans la rue du Pont des Marchands. J’aurais pu ne pas les voir, mais les manifestations de joie d’une petite famille devant un homme assis à même la chaussée étaient trop bruyantes pour que je passe mon chemin sans que j’en puisse connaître les raisons. L’agitation joyeuse des deux enfants en particulier étaient à son comble, tandis que leurs parents, silencieux, émus, les couvraient affectueusement de tendres et doux sourires. Devant eux, muet comme les pierres, notre homme assis espérait manifestement que l’on jetât quelques pièces de monnaie dans sa boîte de conserve vide posée entre ses jambes. Deux chiens aussi – un noir et un blanc — étaient allongés comme tapis aux côtés de leur maître, sur le pavé humide et froid. Je compris alors que ces deux animaux seuls étaient l’objet de l’attention et de la joie enfantine qui innocemment éclatait là. Tour à tour, père, mère et enfants les caressaient, louaient leur sociabilité, commentaient le soyeux de leurs poils, s’interrogeaient sur leur race et leur pedigree. Très vite cependant de grands gestes d’au revoir signalèrent à notre homme et à ses deux chiens que le moment était venu, pour eux, de les quitter pour s’en aller — je l’ai peut-être à tort pensé —, un peu plus bas, vers la place de l’hôtel de ville, illuminée, et à sa patinoire en pleine activité. Un court instant, j’ai vu le regard de cet homme qui demandait un peu d’attention pour lui-même et quelque aumône, aller de ces créatures pressées à sa boîte restée désespérément vide. Un regard dans lequel s’exprimait je ne sais quel trouble sentiment d’une dignité blessée ; que j’emportais, déconcerté, sur le restant de ma route…
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Jahan
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Joli témoignage, Triste cependant, Noël brille ailleurs que dans les cœurs,
on peut donner un fruit ou un sandwich, les deux si on peut.
une marchande du marché de plein vent me disait qu’elle devrait prendre son chat sur son stand, juste pour attirer les passants et trouver une occasion de les faire s’arreter.
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