Damien Alary serait donc le porte-parole du gouvernement et tout le monde l’ignorait. Hier en conférence de presse, seul, il nous a annoncé le maintien, dans ce qui ne sera plus la capitale de feu le Languedoc-Roussillon en janvier 2016, d’un certain nombre de services de l’État à Montpellier. Ce qui était déjà acquis, comme dans d’autres régions. Difficile d’imaginer, en effet, pour de simples et seules raisons de logistique administrative que l’ensemble des services en question, et leurs agents, soient déplacés à Toulouse d’ici 2017.Les raisons politiques, elles, allant évidemment de soi, il n’est pas besoin d’en faire état ici. J’ajoute simplement qu’au delà de cette date, sous l’effet des contraintes budgétaires de l’État et des effets de synergies, qui ne manqueront pas d’apparaître nécessaires, la loi des économies d’échelle devrait se traduire forcément par des mouvements de concentration dans les services de l’État en région … Mais nous n’en sommes pas là!
La menace saurélienne et la pression radicale, semble faire trembler, les dirigeants socialistes. Et, comme je l’évoquais dans un court billet du 6 juin, ils seraient prêts à sacrifier l’actuel président du Languedoc-Roussillon, Damien Alary, le numéro 2, aujourd’hui, derrière la tête de liste Carole Delga, pour y installer à sa place Didier Codorniou, et sceller ainsi un accord qui lui attribuerait la première vice-présidence de la future Grande Région LRMP, à lui ou madame Pinel.
Carole Delga a donc quitté le gouvernement mi-juin pour se consacrer « totalement » à la campagne des régionales en Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Bien! Mais la tête de liste socialiste va reprendre dans quelques jours son mandat de députée de la 8ème circonscription de la Haute-Garonne. Soit! Un cumul qui va durer jusqu’à la fin de la législature, en mai 2017: « C’est la loi. D’autres ministres avant moi ont retrouvé leurs mandats de parlementaires en quittant le gouvernement ». Ainsi, en cas de victoire aux régionales, la « candidate-députée » deviendrait une « députée-présidente de Région ». C’est elle qui l’a déclaré dans les colonnes de la Gazette du Comminges : « Si je suis élue présidente de région, je ne me représenterai pas à la députation à la fin de la mandature ». Juridiquement, le raisonnement est impeccable: « C’est la loi. D’autres ministres avant moi ont retrouvé leurs mandats de parlementaires en quittant le gouvernement ». Mais, politiquement, comment justifier un cumul qui, en 2017, ne lui serait plus possible; et comment le défendre, dans l’intervalle, auprès des militants de son parti et de ses électeurs après s’être engagée, par écrit, à ne point cumuler? J’ai beau dresser la liste des arguments qui pourraient m’être opposés, je n’en trouve aucun. Le seul qui me vient à l’esprit est trop mesquin et intéressé pour que je l’expose, ici et maintenant. J’attends donc avec impatience que l’on m’en oppose d’autres, qui m’auraient échappé, plus nobles et généreux …
Qui donc pouvait croire, ou laisser croire, que le travail des préfets pré-figurateurs se limiterait au transfert des grandes directions des services de l’État à Toulouse? Qui donc sinon ceux qui ne cessent d’abuser l’opinion sur le thème d’un Languedoc-Roussillon sacrifié sur l’autel d’une réforme que la quasi totalité des élus régionaux ne voulaient pas; et qui demain crieront victoire quand l’annonce sera faite d’une répartition fonctionnelle et économiquement justifiée – du moins je l’espère – de ces grandes directions, notamment. Ce qui ne saurait tarder! En effet, le Préfet de la future grande région a réuni cette semaine, en privé, les décideurs politiques régionaux. Et cette question était évidemment à l’ordre du jour. Ainsi 12 grandes directions régionales seraient en L.R tandis que l’actuelle région Midi-Pyrénées en aurait 13. Tout cela, hélas, dans le plus grand secret, ce qui permettra à D. Alary, qui participait à cette réunion, de présenter ce résultat comme la conséquence de ses interventions auprès de Valls. Un point donc pour les régionales dans 6 mois! S’il pouvait se contenter de cela et ne plus nous balader avec sa proposition, stupide et coûteuse, de transhumance Toulouse-Montpellier pour la future assemblée régionale, on lui pardonnerait presque de « négocier » – avec aucune ou presque marge de manoeuvre, quand même -, en catimini, avec le futur préfet de Région le redécoupage administratif des services de l’État en Région… Est-ce trop lui demander?
Le président socialiste de la région Languedoc-Roussillon Damien Alary et les présidents des chambres d’agriculture des cinq départements ont réclamé lundi que Montpellier reste la « capitale agricole », après la fusion avec la région Midi-Pyrénées. Ce sont les montpelliérains et leur maire Philippe Saurel qui vont apprécier. Les enseignants-chercheurs aussi. Surtout ceux rassemblés au sein d’Agropolis, qui représentent le plus fort concentré de matière grise français et européen dans les domaines de l’agronomie méditerranéenne et tropicale. Sans vouloir porter ombrage à l’agriculture de cette région, et principalement à sa viticulture, en faire son secteur promotionnel pour Montpellier est totalement absurde. D’autant plus absurde, qu’outre Agropolis, cette ville dispose d’un capital recherche dans les domaines de l’eau et de la santé qui lui permet sans conteste de les « représenter » dignement et efficacement en complémentarité avec Toulouse et ses chercheurs, dans le cadre de la future grande région. Et ce n’est pas faire injure à l’agriculture en rappelant que ces domaines de recherche sont autrement plus valorisants, au plan intellectuel et économique, comme en terme d’image, pour Montpellier et sa métropole. Je sais bien que Damien Alary, que j’ai connu comme conseiller général quand il était encore technicien à la DDA du Gard, a un tropisme particulier envers l’agriculture, mais il ferait bien de ne pas trop céder à la pression des lobbies, puissants en Languedoc-Roussillon, afin d’éviter ce genre de bêtises. Déjà on se moque sur les réseaux sociaux avec des slogans dans le style : Montpellier-Pinard-Land! La campagne des régionales commencent bien. Un conseil! si le vin et la viticulture sont à promouvoir, leur usage politique et médiatique, lui, doit être modéré… Au risque d’une sortie de route accompagnée de périlleux tonneaux… Comme aujourd’hui!
Picasso Pablo (dit), Ruiz Picasso Pablo (1881-1973). Paris, musée national Picasso – Paris. MP72. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime chargement… […]