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Les feux de ma Saint Jean d’été…

 

De la terrasse où j’écris ces lignes ne me parviennent que les murmures de quelques rares personnes paressant au bord d’une piscine, les trilles d’oiseaux dont je me désole de ne pas connaître le nom, le bruissement de feuilles d’arbres de diverses espèces qui me sont tout aussi inconnues. Loin des échos de la ville et du monde, à l’abri de la folie et du vacarme qui s’en empareront dès la fin du jour où l’on ne célébrait jadis que la seule victoire de la Lumière; seul ou presque au coeur d’une nature  apaisante, j’attends ce moment où apparaîtront, comme tapis, les premières lueurs ocrées sur la forêt des Albères. Les feux  de ma Saint Jean d’été…

Ma fête de la musique n’était pas de ce monde .

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Hier après-midi, je m’en suis allé. Je m’en suis allé pour ne point fêter la musique. Ou du moins pas cette musique là. Je veux dire cette grande et anarchique débauche de décibels au milieu de laquelle circulent de somnambuliques grappes humaines .

Au café des sports, à Céret.

 ceret


Deux jours dans les Albères. Le premier pour y fuir une fête de la musique devenue tyrannique et vineuse, le second pour me rendre à Céret pour y retrouver l’ami Henri Sicre.

Cela faisait des années que nous ne nous étions pas revus. À la retraite désormais (quatre mandats de député quand même!) et détaché de la «parole» officielle du «parti», nous avons remonté le temps à l’ombre des platanes du «café des sports».

La politique le tient encore, quoi qu’il en dise, même si  la chasse au gros gibier dans ses belles montagnes prend de plus en plus de place dans sa vie. Il ne désespère pas encore, en effet, à 76 ans (!), de faire tomber l’actuel maire « divers gauche » de Céret. «Assez falot, il est vrai !», précisât opportunément le patron du bistrot en posant nos deux tasses de café commandées sur la table. L’un de cette engeance commerçante cérétante qui, pourtant, avait  fait campagne contre Henri: « son musée coûtait trop cher! ».

Ah! l’ingratitude et l’hypocrisie de la vie (!) politique, ces deux mamelles auxquelles s’alimentent les pharisiens qui en font métier, leurs obligés et leurs fidèles. Ne serait-il pas temps d’envoyer les dogmes au pilon, mon cher Henri, lui disais-je. De te débarrasser des mécanismes proprement religieux dont découlent, dans ce pays, les appartenances politiques. D’abandonner une bonne fois pour toutes cette mallette idéologique  que nous fournissent les marchands du temple «démocratique»  ― avec ses grandes dates, ses grands hommes, ses grandes citations… De vivre, enfin! De pratiquer cet athéisme politique auquel j’adhère désormais et  que résume assez bien cette formule de Saint Augustin : « Aime et fait ce qu’il te plaît »…

– Mais Michel, c’est toute ma vie que tu me demandes de revoir! … – Mais non Henri, c’est tous les jours qu’elle se joue, toute ta vie… 

Dieu qu’il faisait beau ce jour là, à l’ombre des platanes de Céret, en compagnie d’un ami si peu vu, hélas, ces dernières années…

 

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