Ce matin là, dans le cadre de ma fenêtre, très haut dans un ciel couleur d’acier…
Ce matin là, dans le cadre de ma fenêtre, très haut dans un ciel couleur d’acier, des martinets signaient de noires arabesques. Plus bas, des hirondelles virevoltaient jusqu’au ras des toits, tandis qu’une tourterelle plongeait dans le feuillage d’un arbre à l’odeur lilas. Il tombait une pluie fine qui courbait la cîme du cyprès où niche un couple de verdets. La ville était encore plus silencieuse qu’à son habitude, à cette heure et ce jour là. Sur mon bureau étaient une grande tasse de café et un petit livre de Régis Debray : « Un été avec Paul Valéry », ouvert à la page 124. « Que serions nous sans le secours de ce qui n’existe pas ? Peu de choses, et nos esprits bien inoccupés languirraient si les fables, les méprises, les abstractions, les croyances et les monstres, les hypothèses et les prétendus problèmes de la métaphysique ne peuplaient d’êtres et d’images sans objets nos profondeurs et nos ténèbres naturelles. » Rien ne résiste en effet à qui fait preuve d’une intransigeante lucidité sinon cette part de nous-même qui s’accorde au réel pour le sublimer…