« On pourrait dire : accepter le travail, l’effort. Préférer le proche, où le mal est inséparable du bien, aux lointains où règne une clarté pure, mais peut-être fausse ou morte. Préférer aux hommes qui ne jurent que par la perfection d’un Absolu et qui sont souvent dangereux, les spectiques actifs, les endurants, les obstinés. On se retrouverait alors parmi les autres […] J’envie, j’admire l’écrivain qui sait dire des jours quelconques, agrandis secrètement par un espace tout de même inconnu qui est pareil à l’intérieur des instruments de musique ; parce que cet écrivain me paraît plus proche d’une « vérité » entrevue, pressentie. Mais je suis incapable de cela… »
Philippe Jaccottet. À travers un verger. Fata Morgana (1975) : pages 42 et 43
Ce matin, petite investigation sur ce rayon-là de ma bibliothèque:
En tire ceci:
L’ouvre au hasard, et lis ce texte de Pierre Sansot:
Ces images de cet univers des jardins ouvriers sont de Julie Ganzin. Elles nous montrent que le plus triste et le plus prévisible ne sont pas toujours sûrs, qu’il existe en certains hommes ordinaires la capacité d’inventer autre chose, de réordonner à partir de peu ( ce sont , en effet, des « gens de peu » ). Et me revient l’image de Pierre Sansot, sur la plage des Chalets, l’été, à Gruissan, sur le coup des 18 heures. Il y faisait l’aller-retour. Sa queue de cheval battant le haut de son dos. Il portait à la main gauche un sac en plastique d’un bleu indéfini. Ses chaussures, à l’intérieur, peut-être! Son caleçon de bain et son tricot n’étaient pas non plus de la première fraîcheur. Il marchait, indifférent aux regards…
Il tirait parti, lui aussi, de ce qu’il avait sous la main.
Trouvé chez ma boulangère, ce matin, ce Milovanoff ! Je me souviens l’avoir croisé lors d’une journée de féria à Nîmes, il y a de cela fort longtemps. Il était en compagnie de Bruno Roy , le patron de l’époque des éditions Fata Morgana, de Christian Bobin et , je n’en suis pas tout à fait certain, de l’ami Gil Jouanard . Habite-t-il toujours dans le Gard , je n’en sais rien ! Mais voilà un auteur, comme Bobin, qui , à l’époque, était peu lu .