Un immense Père Noël en matière plastique a été installé avant-hier sur la place, à quelques mètres seulement de ma porte d’entrée. Immensément gros et bedonnant, il a le même air ahuri, stupide et las que ceux, animés, postés dans les halls des grands magasins, un enfant sur leurs cuisses, attendant d’être pris en photo par des parents tout excités. Il arrive parfois que certains de ces petits garçons ou petites filles, effrayés ou lucides, pleurent. Alors, on n’a qu’une envie : les consoler.
Ce matin, un touriste espagnol a grimpé sur l’immense Père Noël trônant sur ma place. Il s’est assis sur ses cuisses et a fait grossièrement le pitre. Ses amis l’ont encouragé de la voix, pendant qu’ils le filmaient avec leurs portables. Tous riaient. Grassement. Alors, je n’ai eu qu’une envie : partir !
Il y avait foule hier soir dans le centre ville de Narbonne. Et du bruit aussi! Le mécanique, et de ferraille, des manèges, auquel se mêlait celui d’une fanfare ambulante sur un fond de paroles et de cris indistincts. Une houle sonore envahissant places et rues devenues soudain trop étroites pour en contenir le flux. L’idée folle m’est pourtant venue que nous étions en « état de guerre et d’urgence », que « la guerre civile » risquait d’advenir, selon les propres mots de Manuel Valls, qu’il y a un mois, jour pour jour, au moment où j’écris ces lignes, mourraient sous les balles de fanatiques 130 innocentes personnes, que la planète était en survie, que la COP21 se terminait par un « accord historique » et que ce soir de ce dimanche nous saurions si le « fascisme » était passé ou pas en NPCP ou PACA. Je me disais donc cela après que j’eus constaté moi même que tout me portait à cependant l’oublier. Et puis, cheminant par les boulevards extérieurs pour rejoindre la place du Forum, la surprise et la joie de me retrouver au milieu d’étals d’artistes de la galerie collectiveBlend’Art.