Procédant à un petit « ménage » dans mes dossiers et fichiers – ce qui m’ennuie profondément –, je suis tombé sur cette conférence donnée à titre privée il y a bien une quinzaine d’années. La relisant, je me disais que son sujet – et les débats qui tournaient alors autour – était toujours d’actualité. Aujourd’hui, je ne présenterais pas les choses de la même manière et certains autres développements mériteraient sans doute d’être présentés. Quant au style, il me semble aussi un peu « trop raide ». Mais bon ! je laisse ce texte – qui reprend nombre d’analyses de Blandine Kriegel – en l’état et le pose sur la « toile ». Peut-être trouvera-t-il quelques lecteurs intéressés…
Aminou, c’est le nom d’un jeune homme de mes connaissances qui habite le quartier Saint-Jean Saint-Pierre de Narbonne – un quartier à forte population de « culture » musulmane, il l’est lui aussi, dans lequel il est très socialement impliqué –, m’a envoyé un SMS vendredi dernier, dans lequel il m’empresse de « faire un billet » après que le Conseil d’État eut rendu son ordonnance en référé sur « l’affaire » dite du « burkini » estival.
Je pensais pourtant avoir déjà exprimé mon point de vue dans mon billet du 16 août. Néanmoins, afin de satisfaire sa demande, j’y rajoute ces quelques autres et brèves considérations, celles- là d’ordre principalement juridique.
Comment la république est-elle devenue une idéologie fossilisée, et non la production vivante de tout un peuple, du plus humble citoyen jusqu’à ses plus grands hommes ? Telle est la question que pose Péguy dans ce texte: « Notre jeunesse ». Extraits lus cette fin de semaine:
Nous sommes les derniers. Presque les après-derniers. Aussitôt après nous commence un autre âge, un tout autre monde, le monde de ceux qui ne croient plus à rien, qui s’en font gloire et orgueil. Aussitôt après nous commence le monde que nous avons nommé, que nous ne cesserons pas de nommer le monde moderne. Le monde qui fait le malin. Le monde des intelligents, des avancés, de ceux qui savent, de ceux à qui on n’en remontre pas, de ceux à qui on n’en fait pas accroire. Le monde de ceux à qui on n’a plus rien à apprendre. Le monde de ceux qui font le malin.
Un hussard noir de la République au début du siècle
Rousseau: « Le fanatisme athée et le fanatisme dévot se touchent par leur commune intolérance (Confessions, Partie II, livre 11).
Au nom du refus de l’islamophobie, on n’a cessé, depuis une vingtaine d’années, de ne pas nommer des faits commis par des jeunes gens de culture « musulmane », dont certains criminels, pour, en pleine connaissance des causes, les minimiser. On nous expliquait, jusqu’à aujourd’hui encore, qu’il ne s’agissait que de jeunes « paumés », de délinquants, voire de « fous », victimes d’un ordre économique et social injuste et « stigmatisant ». Des « laissés-pour-compte » de la République, de surcroît confrontés à un « racisme » d’État ethnique, politique et religieux. La responsabilité des « dérapages » constatés dans les collèges et lycées, quand ils étaient rapportés par le ministère, étant imputés à la France, son histoire,sa colonisation, Israël , les Etats-Unis, la mondialisation capitaliste,la finance internationale, évidemment apatride etc…etc… Tout cela en vrac! Et la moindre allusion critique concernant l’islamisme, qui n’est pourtant pas l’islam, en tant qu’idéologie politique totalitaire, vouait son auteur à une déportation intellectuelle, morale et politique dans le camp du Front National, au mieux, dans celui du fascisme, au pire. Faire entendre raison, coincé entre cette rhétorique « progressiste » et celles d’authentiques islamophobes de la « droite-extrême », était, et est toujours, extrêmement difficile, et risquée. Mais le comportement et l’attitude de nombreux jeunes collégiens et lycéens, à l’occasion de «minutes de silence» organisées à la suite de l’attentat terroriste du 7 janvier, ont fini par révéler l’ampleur des dégâts occasionnés par l’emprise de l’islamisme radical dans des quartiers où la République et ses lois (égalité femmes/hommes, laïcité, liberté d’expression) sont niées au profit d’un « califat » de fait, dont le « service d’ordre » est assuré par des mafieux , criminels ou politiques, qui y protègent leurs intérêts. Comment ne pas voir qu’il y a, dans cette situation, des menaces réelles, et potentiellement nombreuses, de déclassements sociaux définitifs et de passages à l’acte criminel et/ou terroriste, ici ou ailleurs. C’est dire s’il convient d’agir, d’abord, et vite, dans notre système éducatif, placé en première ligne, pour, le plus tôt possible, tenter d’éradiquer cette contamination islamiste déjà très avancée. Et ce en commençant par revenir sur ce déni et sa couverture politique multi-culturaliste, pour regarder enfin la réalité en face… Dans ce combat de long terme, il ne suffira pas d’augmenter le nombre d’enseignants et de leur allouer, comme je l’ai entendu dire, des outils et des moyens pédagogiques adaptés. C’est toute une philosophie de la place et du rôle de notre « école » dans la société qui est à repenser. Madame la Ministre de l’Education, elle-même, s’interroge, notamment, et à haute voix, sur la réhabilitation de notions comme celle « d’Autorité », et de certains « rites » anciennement pratiqués par l’école des « Hussards de la République ». Ce qui était impensable, il y a à peine deux semaines, est enfin dit par ceux et celles qui fustigeaient les rares intellectuels et membres de la profession enseignante, qui ne cessaient pourtant de les alerter sur ce sujet. Le débat ne fait que commencer. Il est nécessaire! Dans le respect de tous, est-il besoin de le préciser!
Cet après-midi, à 15 heures, le centre-ville de Narbonne était noir de monde et le ciel était bleu. Pas d’autres signes distinctifs dans cette foule qui faisait corps que trois ou quatre drapeaux tricolores et de nombreuses petites affiches « Je suis Charlie » brandies au-dessus de ses têtes. Du silence enfin!