Une photo de Nelly a suffi pour oublier un bref moment de médiocre actualité.
Quelle idée ! Deux mois et demi passés dans ma cabane à ne rien faire d’autre que lire et rêvasser sous mon mûrier, ou marcher le long d’une mer déserte, y plonger, et m’allonger ensuite sur le sable pour flâner dans le ciel en compagnie de quelques nuages oisifs ; ou bien encore m’asseoir à la terrasse d’un boulanger-pâtissier et me laisser surprendre par l’élégance d’un geste, l’éclat d’un visage soudainement entrevus au sein d’une foule lasse et débraillée. Mais quelle idée m’a donc pris, disais-je, d’aller jeter un coup œil pourtant discret sur le fil d’actualité d’un réseau social où journalistes, politiques et drogués de l’info s’écharpent à longueur de journée. Et là d’hélas tomber sur les inévitables têtes de gondoles de Panot, Médine et Tondelier, ensemble réunies à l’occasion de leurs Universités d’été. Que n’ai-je alors lu ! Et quels mots, et sur quel ton ! Des mots de philanthropes allumés qui chantaient la nature, la paix, la pitié et la bienfaisance et tout aussi capables, songeais-je, de m’embastiller avec une extrême sensibilité, pour le plus grand bonheur de l’humanité. Il est ainsi des moments pénibles dans une journée où le temps semble précisément plus lent, plus lourd. Fort heureusement un message et une photo d’une jeune amie aussi fine de taille que d’esprit vinrent à point éclairer cette brève dépression intellectuelle. Elle me disait avoir eu la chance d’apercevoir une très belle femme et nous faisait cadeau de sa photo où on la voit en robe rouge légère, entre deux rochers, en surplomb, face à la mer, sa main droite en appui sur une balustrade, rouge elle aussi. Devant elle, la plage, brune et nue, s’étend jusque au bord d’une mer à peine froncée de vert par un petit vent de terre ; le ciel est blanc, laiteux, tâché de bleu. Je connais, on l’aura compris, ce corps, cette posture, cette façon élégante et très douce d’occuper l’espace si bien saisie par l’œil sensible de Nelly. Le temps avait ainsi véritablement changé de couleur après son envoi. Plus léger, plus vif, et tout était oublié de ce bref moment de médiocre actualité. Un geste, la grâce d’une amicale attention avait suffi pour m’en montrer l’absurdité.
Photo de Nelly Vivancos @nelly.mkn · Instagram
Mots-clefs : Medine, Panot, Tondelier, Universités d'été, X
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