Laissons de côté, pour le moment, le nombre d’arbres ou de trottinettes par habitant (je plaisante), pour nous intéresser à ce qui me semble, s’agissant des politiques environnementales des villes et villagesdu Grand Narbonne et du Grand Narbonne lui-même, le principal sujet à traiter par les futures équipes qui auront la gestion de ces collectivités. Un sujet totalement absent dansle début de cette campagne électorale, alors qu’il conditionne tous les autres aspects des politiques à conduire afin d’adapter nos villes au changement climatique et à la rareté des ressources foncières et en eau, notamment.
Dimanche 17. Je déteste cette expression : « A ne manquer sous aucun prétexte ». Elle clot toujours une invite à voir une expo, un film ; lire un livre, goûter un vin ; que sais-je encore. Je la déteste d’abord par ce qu’elle montre de son auteur : sa vanité, l’exceptionnalité de ses goûts… ; mais la déteste surtout pour l’offense faite à toutes mes bonnes — ou mauvaises, selon — raisons de ne point la suivre. Fussent-elles des plus triviales…
Une amie Facebook note sur sa page : « Quatre députés de la FI portent plainte contre Alain Finkielkraut suite à ses propos sur la « culture du viol ». S. Ndiaye salue cette initiative même si elle admet que l’essayiste usait du second degré. L’ironie est reconnue comme un délit. Enfin ! »
Samedi 16. Dans les années 70, il était interdit d’interdire. Jouir sans entraves, aussi, était fièrement revendiqué contre un ordre moral castrateur. Aujourd’hui, la même extrême gauche intellectuelle et politique, surveille, censure et punit. L’ordre moral a changé de camp : il est progressiste !
Vendredi 15. Une nommée Clémentine Vagne a lancé hier une pétition pour demander le retrait d’Alain Finkielkraut de France Culture. Il est 20h45, et 6229 personnes l’ont déjà signée. Au pays de Voltaire et de Simone Weil, ces militantes n’ont qu’une obsession : interdire, bâillonner, faire taire, censurer ! Effrayant !
Jeudi 14. La nouvelle présidente de l’UNEF, madame Luce, brille ! Que dis-je rayonne ! Comme quoi, le niveau de crétinisme orthographique et grammatical permet l’accès aux plus hautes responsabilités syndicales dans le monde étudiant, d’abord, et politique, souvent, ensuite — enfin ! dans l’ancien monde… Le style est l’homme (la femme) même.
Mardi 12. Ce titre du « journal de référence » du soir (je ne le nomme pas ?): « La manifestation de dimanche a dénoncé les actes antimusulmans, après avoir divisé la gauche et suscité les critiques du Rassemblement national. » Et vous voilà, si vous l’avez crtiquée, avec une étiquette du RN collée dans le dos. Dégueulasse !
Lundi 4. J’écris comme je marche. Les premiers mots donnent le rythme ; la première phrase le sens de la marche. Parfois je perds ma route le jour et la retrouve souvent la nuit… Lire c’est comme voler du temps au temps ; ouvrir les portes de l’imaginaire et du savoir ; entrer dans le ciel des idées, en contempler les étoiles, y décrocher celles qui m’attirent…
L’ogre médiatique a besoin de sa dose quotidienne de « scandales » moraux, intellectuels ou politiques — au mieux les trois à la fois — pour persévérer dans son être, entretenir son armée de servants et servir son « public ». L’information, quand elle ne prêche pas la haine ou la pitié, ne peut en effet le satisfaire. Il en est le seul juge. À défaut d’en trouver, chaque matin il en fabrique ; qu’il offre ainsi à l’appétit de serviles et médiocres suiveurs. Ainsi voit-on des cohortes d’analphabètes juger, à son image, du bien et du mal ; lui servir la même soupe et s’ériger en « conscience morale » du temps. Dans ce monde en noir et blanc composé de tyrans et de victimes, de dominants et de dominés, de salauds et de saints…, le doute, la nuance, l’intelligence, le respect n’ont pas leur place. L’obscénité et la plainte y règnent ; et les mots sont de plomb, et la pensée de pierre.
Jeudi dernier, notre Alphonse, qui se présente modestement, à lui tout seul, sous l’étiquette « Je suis Narbonne », nous invitait à trinquer « en toute convivialité » dans une « ambiance chaleureuse » à l’inauguration de la permanence du Rassemblement Narbonnais, la sienne aussi après ses publiques et médiatiques embrassades avec le sieur Daraud. Je ne sais si les bouchons sautèrent, et les canons avec, lors de cette surprise-partie bleu marine, mais, depuis, Alphonse a la gueule de bois. Pour tout dire, il fait la tronche ! Daraud n’est plus le grand démocrate et l’économiste de génie qui le faisait vibrer hier encore dans les colonnes de l’Indépendant. Depuis, notre Alphonse, amant déçu, est reparti « au turbin » — comme dans la chanson ! — ; et cherche un nouveau Théodule (familièrement Dudule* !) pour le nourrir de sa pensée — profonde — et de son programme — prodigieux…
*Dudule est, aussi, une marque spécialisée dans le matériel pour la pêche au coup. Son slogan : « Avec Dudule, le poisson pullule ! »
Lundi 11 novembre, il est 16h 45, j’entre dans la boulangerie-pâtisserie Maury située dans le centre-ville et me range dans la file d’attente. Devant moi, deux dames palabraient en castillan : l’une, plutôt forte, voulait impérativement un éclair au chocolat, l’autre, plutôt mince — qui tenait le porte-monnaie —, ergotait, hésitait, soupirait ; balayait l’étal empli de tartelettes aux fruits, flans, babas… en tous sens ; fouillait de ses yeux gourmands l’ensemble offert à sa tentation pâtissière. Revenue à son point de départ elle montre du doigt à la serveuse lassée, une banale brioche qu’elle avait originellement sous son nez ; ladite serveuse promptement l’encaisse, la face contrariée : la mienne, en signe de solidarité, et dans le même langage universel, l’était aussi. Pendant ce temps, à ma droite, un minuscule bonhomme dans d’amples et antiques vêtements noirs, sales, fanés et fripés, déposait sur le comptoir une pièce de 10 centimes et une clef afin de régler sa commande : un verre de jus d’orange ! Sur sa tête de moineau, une casquette XXL d’une couleur indéfinie reposait fort heureusement sur sa monture de lunettes, qui, elle-même, prenait appui miraculeusement sur un pif long et pointu en forme de promontoire. Sous son bras gauche, collé contre son flanc, une boîte d’emballage de pizza vide : on aurait dit qu’elle sortait d’une machine à broyer : concassée, la boîte ! La deuxième serveuse, impassible, le regardait sans un mot attendant la suite de son règlement, qui n’arrivait toujours pas, tandis que notre bonhomme fouillait méthodiquement dans toutes ses poches d’une profondeur ahurissante. Ses mains et ses bras y disparaissaient jusqu’aux épaules ! Des mies de pain, des bouts de papier, deux pièces d’un centime d’euros et une nouvelle clef finirent par en sortir pour compléter son premier acompte. Le quidam n’avait évidemment pas de quoi payer. Je réglais donc son achat, amusé, pendant que le bougre reprenait vivement sa menue monnaie et ses petites clefs, tout en m’adressant un aristocratique : « Je vous dois combien monsieur ? » Sur quoi il s’en est allé jusqu’à l’entrée de la boulangerie, s’est retourné, a toisé sa serveuse, ou la petite compagnie que nous composions — qui sait ? —, pour nous gratifier d’un sonore et vibrant : « bande de cons ! »