Ce fut donc un naufrage, dimanche. Au Zénith ! Et Valérie Pécresse l’a exprimé de façon inconsciente dans sa malheureuse déclaration d’amour pour la France. Ce pays, « je l’aime corps et biens », a-t-elle confié de manière théâtrale à ses fidèles tétanisés. « Corps et biens » ! Comme un navire disparu en mer, avec son équipage et ses marchandises. Quel pathétique aveu de son impuissance à maîtriser son corps et ses mots ! Quant à ceux de la France ! Un peu d’âme aurait pourtant suffit pour son plus grand bien et celui de notre langue. Le nôtre aussi tant elle est maltraitée par ceux-là mêmes qui devraient la magnifier, la célébrer, l’aimer corps et âme.
Après les vagues d’indignation soulevées par les révélations sur les conditions de vie des personnes âgées dépendante dans des établissements de « luxe » d’un groupe privé, contenues dans un livre sorti ces derniers jours, le calme est très vite revenu sur nos « ondes » et nos « consciences » éditoriales et politiques se sont enfin tues.
L’odeur d’urine qui fut tant commentée dans les studios de radio et sur les plateaux de télévision est désormais « couverte » par les bruits de bottes aux frontières de l’Ukraine, la montée sur Paris des anti-pass et antitout, les dernières frasques, sottises, énormités et bassesse des candidats à l’élection présidentielle… Selon l’impitoyable loi de l’économie de l’information – une info chasse l’autre –, nos pères et mères âgées ont été passés à la trappe du temps d’antenne.
Il ne pouvait en être autrement tant ce sujet est un des plus « refoulés » et douloureux pour nos générations encore actives ou en bonne santé. Le plus « refoulé » et douloureux parce que le sort de nos parents très âgés vivant dans ces établissements taraude ce qui nous reste encore de « morale » ; le plus « refoulé », douloureux et insupportable, car il figure aussi le cauchemar de nos propres fins de vie.
Tant pis, si je me fais mal comprendre, mais que tant de voix se soient ainsi élevées bruyamment – pour retomber aussi vite – m’a, je l’avoue, profondément troublé, irrité même. Et les « pleurs » de circonstance à l’évocation « d’odeurs d’urine », notamment, me sont apparus empreints d’une grande hypocrisie.
Chacun devrait pourtant savoir que sitôt la porte franchie d’un de ces établissements pour personnes âgées, une odeur composée d’effluves d’ammoniaque, de produits d’entretien et de corps usés et soignés prend le nez et la gorge du visiteur pour ne plus jamais le quitter. Elle imprègne les murs et révèle ce que nous refusons inconsciemment de voir : notre vieillissement et nos peurs…
Qu’on m’entende bien ! L’existence de toutes sortes de « maltraitance » dans ces résidences publiques ou privées ne fait aucun doute. Mais faire semblant de les découvrir aujourd’hui est trop facile. Elles ne datent pas d’hier, en effet. De sorte que la seule vérité qui compte et que nous nous devons à nous-mêmes s’énonce tout simplement ainsi : « sommes-nous prêts à payer le prix social et financier pour que nos pères et mères âgés aient une fin de vie la plus digne possible ? »
Le sera-t-elle un jour ? J’en doute !
Cela fait déjà un mois et demi que ma sœur, ou moi, ne pouvons voir notre mère qu’une fois par semaine, sur rendez-vous, une demi-heure seulement… Je n’en ai pas oublié pour autant l’odeur de cet établissement public. C’est aussi celle de la vie, malgré tout…
Page après page, depuis juin dernier, je passe l’essentiel de mon temps de lecture quotidien dans « … la Recherche du temps perdu ». Il ne me reste plus qu’une heure ou deux avant de terminer ce septième et dernier titre de mon édition numérique. Deux plutôt ! car je m’arrête – ou reviens – fréquemment sur un passage surligné. Comme pour retenir le temps d’en finir avec cette œuvre. Ce qui est impossible ! Immense roman-poème, y plonger, c’est en effet n’en jamais ressortir. On ne quitte pas Proust ! Sa recherche du temps perdu est la nôtre. Elle émeut, elle éveille, elle fait sourire. Ses personnages, des plus glorieux aux plus humbles, sont de tous les temps. Comme les « portraits » sociaux et psychologiques qu’en fait le Narrateur, d’une profondeur et d’une finesse admirables.
Le maire de Pia – dans les Pyrénées-Orientales – Jérôme Palmade, élu sans « étiquette politique », a organisé une « consultation citoyenne » entre le 31 janvier et le 4 février, afin de désigner le candidat à la présidentielle qui aura son parrainage. Et c’est Eric Zemmour qui est arrivé en tête de cette consultation en recueillant 36,55 % des 662 voix exprimées, suivi de M. Le Pen : 28,70 %, E. Macron : 8,90 %, J.-L. Mélenchon : 7,70 %, V. Pécresse : 7,20 %, C. Taubira : 1,60 %, Y. Jadot : 1,60 % … Votants qui se sont mobilisés en nombre (sic), selon la correspondante locale de « l’Indépendant » avec 674 votes enregistrés sur 7600 électeurs (!). Succès dont se pare le maire « ravi de la participation des administrés avec une mobilisation de près de 10 %. La démocratie s’est exprimée et je respecte ce choix ». Sans rire ! Rideau donc !
Rappelons cependant, pour mettre ce résultat en perspective, qu’au premier tour de la présidentielle de 2017, M. Le Pen était arrivé largement en tête dans cette commune avec 41,42% des voix, suivie de J.L Mélenchon : 19,43%, E. Macron : 15,68%, F.Fillon : 11,28 % et B. Hamon : 4,25%…
Chacun tirera ce qu’il veut entendre de ces résultats. Et nombreux sont ceux qui considèreront sans doute qu’ils confortent leurs analyses, opinions, intentions de vote ou préjugés. Pour ce qui me concerne, je constate surtout que ce genre de « démocratie citoyenne ou participative » permet en réalité aux groupes les plus militants et les plus radicaux d’imposer leurs normes et leurs choix. En ce sens, il s’agit bien d’une forme d’escroquerie politique. Et il n’est pas surprenant qu’elle nous soit « vendue »par tous les démagogues de gauche ou de droite qui voient là le moyen d’asseoir une « légitimité » que ne leur donnent pas les « urnes ».
Frères et sœurs, à la veille de poser ma candidature à l’Académie Française, vous m’avez redonné la force, l’enthousiasme et l’immense joie d’incarner à vos yeux jusqu’ici perdus dans les eaux glauques du désespoir, les immortelles valeurs d’une gauche assoiffée d’amour, de justice et de respect. Ce pathétique appel, frères et sœurs, ne soyez plus résignés, abattus, déprimés, je l’ai entendu du fond de ma discrète et modeste thébaïde littéraire. Soyez fiers de m’avoir noté « bien plus », ne pleurez pas ma calamiteuse prestation devant la fondation Abbé Pierre ; rien, rien jamais ne pourra briser ma volonté de soulever les tumultueuses et libératrices vagues de notre valeureux, merveilleux peuple, et de l’humanité tout entière. Sa parole, sa geste, sa beauté en moi désormais figurées, je les porterai orgueilleusement corps et âme de toute éternité, jusqu’à l’ultime sacrifice. Votre ChT !