L’usage des cartes de visite du Nouvel An est apparu assez tard. En effet, jusqu’au XVIIe siècle, les visites se rendaient toujours en personne. Un beau jour, certains industriels, plus avisés que d’autres, eurent la géniale idée de monter des agences, qui, contre la modique somme de deux sols, mettaient à disposition un gentilhomme, l’épée au côté, chargé d’aller présenter les compliments du « client » à domicile; et ce jusqu’à ce que soit inventée la carte de visite, qui finit par terrasser notregentilhomme de circonstance au nom d’un progrès technique que les révolutionnaires de 1789 eux mêmes ne parvirent pas à briser ( Abolie en décembre 1791, la coutume du Jour de l’An ne fut rétablie que six ans après, en 1797. ) Sans remonter à l’Ancien Régime, quand même! il faut bien reconnaître que ces anciens usages avaient une autre allure, une autre classe, osons le mot, que nos SMS et e-cartes envoyés en rafales à des milliers d’ amis. Et que personne, ou presque, ne lit…
… Mais quand je te prêche le renoncement à l’action, je ne veux pas dire qu’il faut que tu vives en brahmane. J’entends seulement que nous ne devons entrer dans la vie réelle que jusqu’au nombril. Laissons le mouvement dans la région des jambes ; ne nous passionnons point pour le petit, pour l’éphémère, pour le laid, pour le mortel. S’il faut avoir l’air d’être ému par tout cela, prenons cet air ; mais ne prenons que l’air.…
Langue source
Cet extrait d’une lettre de G.Flaubert à Louise Colet, mercredi, minuit.
Je vais rarement au cinéma. La seule idée de devoir prendre ma voiture pour me retrouver dans un CGR situé dans une zone industrielle m’en dissuade souvent. Et puis, autant l’avouer, je préfère le plaisir égoïste de la lecture. Mais je ne sais pour quelles raisons, la pression de mes proches sans doute, j’ai fini par aller voir « Intouchables », ce film au succès « fou » et aux caractéristiques apparentes qui me tiennent en général à distance critique des grands comme des petits écrans.Eh bien, autant le dire tout de suite, ce film m’a ému par sa profonde sensibilité, sa grande humanité. Et la réflexion d’une amie croisée à la sortie : « Il vaut mieux être riche quand on est handicapé » n’a pas réussi à éteindre en moi ce premier sentiment. Certes j’aurais pu jouer le cuistre bien-pensant en digressant sur le registre Intouchables-Touchés par l’amour, la reconnaissance, le respect… Ou par le classique film métaphore de la société française opposant la vieille France bourgeoise, blanche et paralysée à celle de demain, jeune, banlieusarde et sans complexe. A la manière d’unPascal Richéqui nous sort par exemple ceci : « En réalité, si ce film plaît tant, c’est parce qu’il présente une histoire aussi éloignée que possible de notre réalité concrète. Elle se passe dans un univers parallèle : un monde qui n’existe pas. (…) Il y a certes une crise, qui ressemble à la nôtre, mais elle est simplifiée, caricaturée, sublimée. Il y a certes des classes (avec des très-très riches et des très-très pauvres), mais ne cherchez pas de lutte les confrontant. » Ou encore « C’est une France à l’image de Philippe, le tétraplégique du film : immobile, impuissante, vieillissante. Et accrochée au rêve improbable qu’un jour, quelqu’un ou quelque chose viendra sans brutalité la réveiller. » Des bêtises, pour ne pas dire plus, qui n’auront pas réussies à gâcher mon plaisir. Celui de goûter une histoire simple qui nous raconte comment par le soin et l’attention portée à l’autre, le dialogue, la patience et le respect, deux être que tout oppose trouvent le chemin de l’amitié et de l’amour. Un film qui touche le cœur sans passer par la case cerveau…Un film qui fait du bien !
Deux pleines pages du supplément«Livres et Idées» de La Croix – du jeudi, vendredi 10 et 11 novembre 2011 – sont consacrées, si j’ose dire, à Jean Claude Pirotte. C’est Antoine Perraud qui les signe. Deux pages émouvantes où se mêlent admiration et empathie. Admiration du prosateur et du poète au chant si simple et si sincère. Empathie pour un homme qui n’en finit pas de guérir d’un terrible cancer.
Hier au soir, sur la 2, on a eu droit à une prestation d’un grand classicisme et d’un ennuie écrasant. Enarques et fille et fils spirituels de Jacques Delors nos deux concurrents, qui ont appris dans leur école à exposer un dossier, même inconnu d’eux, avec fausse conviction et vrai savoir faire sont restés dans la grisaille du parler technocratique. De ce « grand oral » labellisé E.N.A donc, qu’en dire ? Qu’a quelques nuances de ton près : l’agressivité de Martine et la sérénité de François, leurs propositions sont identiques et tout aussi flous. Et que la première, pour se distinguer, en est réduite à balancer des bêtises dans le style : « François emploi des mots de droite ». Ce qui me rappelle le distinguo jadis fait par l’idéologue en chef du petit père des peuples entre science bourgeoise et science prolétarienne. Affligeant! Il est temps que cette primaire cesse : le niveau baisse.
Picasso Pablo (dit), Ruiz Picasso Pablo (1881-1973). Paris, musée national Picasso – Paris. MP72. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime chargement… […]