S’organiser des catacombes !…
Ve.8.9.2023
Moment de vie.
Ve.8.9.2023
Moment de vie.
Ma.5.9.2023
Lecture de plage. Beau temps. Personne ou presque. Une mer agitée. Le bruit des vagues seulement. Et un vent marin agréablement frais – si on peut dire… (John Cheever, avec Raymond Carver, Alice Munro et Anton Tchekhov figurent, pour moi, évidemment, au panthéon des auteurs de nouvelles)
« Les bouées devaient tinter mélancoliquement aux oreilles de Lawrence, et la splendeur de la lumière avait beau inspirer le désir presque irrésistible de lever les bras au ciel en jurant avec exultation, mon frère devait suivre des yeux la mer noire se refermant à l’arrière du bateau; il devait songer aux fonds sombres et étranges où reposait notre père.
Oh, que peut-on faire avec un tel homme? Que peut-on faire? Comment dissuader son œil de chercher, dans une foule, la joue criblée d’acné, la main infirme; comment lui apprendre à percevoir l’inestimable grandeur du genre humain, l’âpre beauté de la vie ? Comment poser son doigt sur les vérités inflexibles devant lesquelles la peur et l’horreur sont impuissantes ? Ce matin-là, la mer était iridescente et sombre. Ma femme et ma soeur se baignaient – Diana et Helen – et je voyais leurs chevelures libres, noire et dorée, dans l’eau sombre; j’ai vu ces deux femmes sortir de l’eau ; j’ai vu qu’elles étaient nues, sûres d’elles, splendides et pleines de grâce, et j’ai regardé ces femmes nues qui sortaient de la mer. »
Extrait de la première nouvelle « Adieu mon frère ».
Di.20.8.2023
On les dit noires, en vérité leur peau est d’un sombre violet qui va s’éclaircissant sur la partie la plus charnue. Et celles qui nous étaient présentées ce jour de marché sur l’étal de notre marchand de fruits et légumes montraient tous les signes d’une belle maturité. Souples, moelleuses, fendillées, elles exposaient de minces filets de chair blanche. On devinait ainsi sous ces apprêts la merveilleuse poussée du fruit, son incomparable saveur, ses pourpres dorés ; et le mielleux d’une pulpe emplie de minuscules grains craquant sous la dent. Leur peau disais-je, était fine, fragile et poreuse. Et c’est avec une extrême délicatesse que j’ai pris et gardé en bouche, sitôt rentré, l’une d’entre elles promptement achetées ce matin-là. Alors sont venues des odeurs de garrigues, de terres sèches, de chemins de vignes ; et le silence mystérieux de ce vieux figuier solitaire dispensateur de tant de plaisirs au pied duquel, jeune adolescent, je rêvais.