Personne ne ment autant que l’homme indigné!
Première info : « En marge de la rencontre « Progreso global » organisée par la fondation Ideas à Madrid, mercredi 19 octobre, François Hollande a appelé Nicolas Sarkozy et les autres dirigeants européens à être à la hauteur de la situation lors du prochain sommet européen, sinon ce sera « la victoire des agences de notation »
Deuxième info : « Moody’s a abaissé mardi la note souveraine de l’Espagne de deux crans, de Aa2 à A1, avec perspective négative, jugeant que le pays restait vulnérable aux tensions de marché. »
Et de remarquer que, ce même mardi, mais le soir, François Hollande a rencontré le Président du gouvernement espagnol, son ami Zapatero, qui applique les mêmes recettes que les autres dirigeants européens. « Quelle vérité que ces montagnes bornent, qui est mensonge au monde qui se tiennent au-delà ». Montaigne!
Réenchanter le rêve français ! Grandiloquence et ridicule de la formule. Et si peu adaptée aux circonstances. Comme à la personne Hollande. Qui ne peut, malgré tous ses efforts, faire oublier ce qu’elle fut. Au physique surtout, qui se prête si peu à ce genre de déclamation et l’oblige à hausser son menton, rouler des yeux et forcer sa voix (mal posée). Que ne reste-t-il sur son registre de « candidat à la candidature modeste », qui l’habille pourtant si bien. Le temps n’est plus au romantisme politique et à la geste amphigourique. Stopper et réduire les déficits publics en préalable à tout le reste commandent de ne point rêver à un miracle français. Et les mois qui viennent devront plutôt faire appel à la lucidité et au courage qu’aux illusions d’un avenir radieux et enchanté.
Ce texte a été écrit en…1904! Plus d’un siècle a passé et rien de sa force n’a été perdu…
« La crise de l’enseignement n’est pas une crise de l’enseignement ; il n’y a jamais eu de crise de l’enseignement ; les crises de l’enseignement ne sont pas des crises de l’enseignement ; elles sont des crises de vie ; elles dénoncent, elles représentent des crises de vie elles-mêmes ; elles sont des crises de vie partielles, éminentes, qui annoncent et accusent des crises de la vie générale ; ou si l’on veut les crises de vie générale, les crises de vie sociale s’aggravent, se ramassent, culminent en crises de l’enseignement, qui semblent particulières ou partielles, mais qui en réalité sont totales, parce qu’elles représentent le tout de la vie sociale ; (…) quand une société ne peut pas enseigner, ce n’est point qu’elle manque accidentellement d’un appareil ou d’une industrie ; quand une société ne peut pas enseigner, c’est que cette société ne peut pas s’enseigner elle-même ; pour toute humanité, enseigner, au fond, c’est s’enseigner ; une société qui n’enseigne pas est une société qui ne s’aime pas ; qui ne s’estime pas ; et tel est le cas de la société moderne. »
Charles PÉGUY, Pour la rentrée , Oeuvres complètes, Tome I, La Pléiade, p. 1390