Elle part en vacances dans un pays, la Tunisie, en plein troubles sociaux et politiques. Elle y voyage dans un avion privé appartenant à un homme d’affaire tunisien qui souhaitait l’été dernier un nouveau mandat pour Ben Ali en 2014. Et, à son retour en France, au plus fort de la révolte, elle propose le « savoir faire » sécuritaire français aux hiérarques du clan Ben Ali. Cette dame est Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Etrangères ! Elle devrait être l’incarnation d’une « République irréprochable », elle représente désormais la figure même de l’incompétence, au mieux, de l’irresponsabilité politique et morale, au pire. Ou des deux à la fois ! Au moment où les peuples de Tunisie et d’Egypte cherchent une voie pour enfin vivre en démocratie, on est en droit d’attendre un devoir d’exemplarité de la part de ceux qui se sont engagés dans la vie publique pour en défendre ses valeurs. A tous les étages de nos institutions et quelque soit leur niveau de responsabilité. Cette dame qui s’était engagée à promouvoir le bien commun s’est disqualifiée. Elle devrait en tirer toutes les conséquences. Affaire de dignité !
Bernard Henri-Lévi, dans ce style flamboyant et creux qui le caractérise, nous dit son « émerveillement » devant « la puissance, la grandeur et l’héroïsme » du « peuple tunisien ».
Jusqu’au 17 janvier 2011, Ben Ali et son parti étaient membres de l’Internationale Socialiste. Ce qui ne manque pas de sel dans ce moment politique tendu où le PS ne cesse de vilipender les hôtes de Matignon et de l’Elysée présentés comme les complices du Président tunisien aujourd’hui déchu. Comme sont particulièrement « gonflés » (le mot est faible !) les commentaires de ses deux derniers dirigeants (F.H et M.A), qui revendiquent à présent des demandes d’exclusion de ladite Internationale qu’ils se sont bien gardé de proposer à l’époque. Des allégations évidemment très difficiles à vérifier, l’Internationale socialiste ne publiant pas de comptes-rendus précis de son activité. Il serait bien intéressant en effet de connaître le nombre de demandes d’exclusion, le nom de ceux qui les ont faites et les raisons de leurs refus. Des questions qui n’auront évidemment jamais de réponses. Le Secrétaire national du PS en charge des Relations internationales, Jean-Christophe Cambadélis se contentant de taper en touche d’abord : « L’Internationale socialiste, c’est le conseil de sécurité de l’ONU multiplié par 160, et il faut l’unanimité pour prendre une décision. » et sur Ségolène ensuite : « il faut poser la question à Ségolène Royal, qui siège au bureau… » (De l’Internationale Socialiste, faut-il le préciser, et ce depuis son échec au dernier congrès du PS). Une élégance dans la défausse et l’attaque que ne manquera pas d’apprécier la candidate aux primaires. Enfin ! Tout cela, pour regretter une fois de plus que l’on nous prenne pour des imbéciles alors qu’il aurait été si simple et si respectueux à l’égard de la vérité d’admettre que, sur la Tunisie et son système de gouvernement, le consensus régnait sur la presque totalité de notre classe politique. Que, dans son esprit, la balance avantages-inconvénients penchait plutôt en faveur des premiers, qu’elle n’a pas vu venir, et sous estimé, la demande sociale pour plus d’égalité et de libertés et que le reconnaître publiquement eut été plus honorable plutôt que de nous présenter le spectacle désolant d’un parti de gouvernement incapable d’assumer ses propres erreurs de jugement. Quant à celui qui gouverne, le voilà condamné à porter la croix de sa Ministre des Affaires Etrangères, madame Alliot-Marie… Toujours aussi subtile et racée la dame!
Résumons ! La dette souveraine des états européens a progressé dans des proportions que n’a jamais connues notre continent en dehors des périodes de guerre. Une dette que leurs épargnes ne permettent pas de financer. Ce sont les pauvres du monde, les paysans chinois, qui financent notre train de vie. Comment en sortir ? L’inflation : c’est la ruine des épargnants et des classes moyennes ; la guerre : impensable ; trouver un tiers pour la payer : il faudrait créer un Trésor européen et un seul ministère des finances, difficile à horizon électoral présidentiel. Restent la baisse des dépenses publiques et sociales, la hausse des impôts et la croissance. En réalité un cocktail des trois. Et le prochain Président (e) n’aura le choix qu’entre austérité ou moratoire sur la dette. En réalité, pas de choix du tout : l’austérité. La seule question qui demeure en débat est : qui va payer ? Le reste, c’est pour amuser la galerie et récolter des voix. Irresponsable !