Le sommeil de la raison

Homme lige : « qui a rendu à son seigneur un hommage l’engageant à une fidélité absolu. ». C’est la définition qu’en donne le Petit Robert et qui, d’après C.S.Di Scipio, dans l’Indépendant de dimanche, qualifierait le mieux E. Andrieu. Il le serait de Ségolène et de G. Frèche réunis, si je lis bien cette édifiante interview dans laquelle notre jeune élu audois précise aussi, fièrement, qu’il a « appelé les socialistes à faire preuve dans cette affaire de discernement et de soutien à G. Frèche… »

L’ivresse du pouvoir.

 

Le théâtre de la vie politique nationale et régionale scénarisé par les grands médias me fait penser à ces vers sans cesse »commentés » par nos contemporains dans une langue aussi obscure que ne l’était le style de Racine : si lumineux !

 

 

« De l’absolu pouvoir vous ignorez l’ivresse,

Et des lâches flatteurs la voix enchanteresse.

Bientôt ils vous diront que les plus saintes lois,

Maîtresses du vil peuple, obéissent aux roix ;

Qu’un roi n’a d’autre frein que sa volonté même ;

(…)

Qu’aux larmes, au travail le peuple est condamné,

Et d’un sceptre de fer veut être gouverné ;

(…)

Ils vous feront enfin haîr la vérité,

Vous peindront la vertu sous une affreuse image (…)

On se paye ma truffe!

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Tout d’abord la mansuétude / Vînt ensuite l’ingratitude / »Mais on est chez Tartuffe ! /On se paye ma truffe«  / A crié seigneurial / Notre chef provincial /Non lui répondit Royal / »D’ordre juste«  il s’agit / Et pour qui mal agit /  L’exclusion est permise / Sans remords et sans bises / Garde aux mots que vous dîtes / Qu’en passant vous perdîtes / Des blacks dont vous médites / Sachez ma réclame / Que je vous déclame /  » Occire est juste / Quand le nuire est injuste  » / Voilà ce qu’est la bravitude / Qui en  toute certitude / Est la reine des attitudes / Ne me parlez point d’inélégance /  Ni d’obligeance /  Vous qui dans la circonstance / Tuerait sans négligence /  Que voulez vous mon pauvre ami /  De vous et d’autres j’ai appris /  Tous les coups bas sont permis.

Risquons la liberté!

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Patrick  Nappez, le « patron » de la rédaction narbonnaise du Midi Libre, a raison de s’indigner de la mise en circulation sur Internet de rumeurs de « fraude fiscale » concernant le couple formé par F. Hollande et S. Royal.  Mais il a tort de s’en prendre aux blogueurs et internautes en général, et à ceux de Narbonne en particulier, au motif qu’ils ne diffuseraient que des « boules puantes » : faux débats entre amis, réflexions pseudo philosophiques, propagande stalino-castriste, injures…  Il est vrai que circulent sur le Net des informations et des « textes » nuls, scandaleux partisans et injurieux. Est-ce propre à la blogospère? Non ! évidemment. Ces détestables «copies» pullulent aussi dans l’univers de la presse écrite, notamment.

Tout cela est un faux procès. Et notre procureur a du mal à cacher sa rancune envers une réalité qui lui échappe.

L’époque est bien finie en effet où les journalistes pouvaient se présenter comme les seuls dépositaires du Bien et leurs journaux comme les dernières institutions de Salut. Leur pouvoir d’intimidation par « leur pouvoir de distinguer » (R.Debray) s’évapore. Et qui peut encore penser qu’un «billettiste», aussi talentueux soit-il, puisse, « du haut »  et à l’abri de son monopole éditorial, régenter le bien et le mal dans sa cité? Personne. Désormais, l’information court aussi sur la «toile», et ailleurs. Et c’est tant mieux… Pour ma part, je me réjouis plutôt de cette extension du domaine de la liberté. Elle n’est pas sans risques, mais c’est la seule défense que nous ayons face à l’intolérance. D’où qu’elle vienne.

       

L’humour de Chine.

On connaît le Giono romancier du « Hussard sur le toit », « d’Angelo » et du « Bonheur Fou », mais on connaît moins bien le Giono chroniqueur avisé de son temps ( Les trois arbres de Palzem ) . Je veux dire du nôtre. Voici un échantillon de ce qu’il écrivait dans les années 50/60 : « On aimerait voir les speakers de la radio et de la télévision prendre du plaisir au sens des mots. En une semaine, je leur ai entendu dire : « L’escalade de la baisse (à propos du froid) continue sauf dans le midi. »…Et enfin, de l’inauguration de je ne sais quelle pouponnière de stade ou quel stade de pouponnière, où un édile coupait un ruban : «  Le jeu vorace d’une paire de ciseaux sur un ruban. » A ce point-là, j’ai cru pendant un instant que c’était de l’humour. » (page 200)

C’est précisément ce que je me disais, un soir de cette semaine, devant notre PPDA national l’écoutant nous annoncer que : «  La neige est enfin arrivée. Elle est tombée en couches épaisses. » Pour former sans doute des gros flocons ! Ah ! le sabir journalistique… J’ai même entendu, sur France-Culture, Nicolas Demoran, qui n’est pourtant pas un idiot, nous informer que « les spécialistes suivent à la loupe (sic) le déplacement des oiseaux migrateurs. » C’était en octobre… Les politiques ne sont pas en reste qui, depuis le passage de Lang à la culture et sa promotion du parler rapt au rang des beaux arts, nous cassent littéralement les oreilles de barbarismes. Le dernier en date « bravitude » nous vient de Chine, repris en cœur par la gent journalistique gauloise éblouie par tant d’audace. Quand on voyage le sac vide de propositions politiques, il ne reste plus en effet qu’à enfiler des perles sémantiques de ce genre. A ce point-là, c’est vraiment de l’humour.

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