Un ciel trop bleu, des terrasses vides, des boutiques fermées, des passants mollassons : les lundis matin sont toujours paresseux. Sur la promenade, un vieil aveugle s’étire et bâille. Les murs sont muets. On approche de midi. Il fait chaud, comme en plein été. Quelques touristes espagnols se baladent, insouciants. Ils parlent haut : des riens. Leur langue gambade. Et rien ne passe sinon le temps. Un temps noir comme un soir de fête pour la paix en plein désert. Le ciel était trop bleu et la lumière trop forte sur ces jeunes innocents. Trops purs, trops nobles pour comprendre et entendre le Mal.
Je lis et j’entends ici ou là, pour ne pas dire partout où sont convoqués (ou pas d’ailleurs, comme sur les réseaux sociaux) sociologues, politologues et journalistes prétendument spécialisés, mais assurément engagés, que les émeutiers seraient l’avant-garde politique de « notre » jeunesse et de « nos » banlieues abandonnées, stigmatisées, ségréguées et racisées.
Je l’ai vu s’avancer dans ma direction d’un pas lent et lourd sur la petite voie qui dessert les habitations légères situées en bordure de la plage. Il en revenait et tenait à bout de bras son sempiternel fauteuil en toile d’une couleur indéfinie, rongé par le sel et défoncé par l’inertie d’un corps plein, épais et puissant. Il portait une chemise à manches courtes bleue largement ouverte sur un torse volumineux et gras, qui montrait une bedaine imposante, gonflée et tendue. Elle semblait superbement le précéder. Et grossir au fur et à mesure qu’il progressait.
Picasso Pablo (dit), Ruiz Picasso Pablo (1881-1973). Paris, musée national Picasso – Paris. MP72. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime chargement… […]