Centres-ville de Narbonne-Marcorignan (vue aérienne). Entrée de ville centre et lotissement…
j’ai récemment consacré un billet « aux dindons de la farce Marcorignan » – un collectif qui s’oppose aux projets de construction d’une prison et d’une aire de grand passage à l’entrée de leur village – en soulevant une question qui va bien au-delà de celles posées par les intéressés (je signale au passage qu’une chaîne humaine est prévue le 4 mars, à 16 heures, aux portes de Marcorignan). Ces projets, je les conteste aussi, en effet ; et ce pour des raisons de fond qui tiennent à la politique d’aménagement menée dans cet espace sensible de la narbonnaise. [1]
Ambroise ROUX (1920-1999), PDG de la Compagnie Générale d’Electricité (photo Guy Le Querrec/Magnum Photos, s.d.)
Je reprends ici, in extenso, avec son autorisation, l’article publié par mon ami Alexandre Moatti dans son blog : « Les zélites en France, histoire(s) » (dont je conseille vivement la lecture) :
L’AFEP (Association française des entreprises privées) étant sous les feux de l’actualité (on parle d’un code de gouvernement des entreprises, créé en 1995, réactualisé récemment — dont j’ignorais comme beaucoup sans doute l’existence ; des universitaires ont écrit une tribune dans Le Monde du 20 février 2018 à ce propos, notamment sur la rémunération des patrons), je me décide à accélérer ce billet que je voulais faire sur l’AFEP de longue date. La page Wikipédia de l’AFEP étant très lisse, ou lissée, quelques compléments sont nécessaires.
Narbonne fut grande, capitale aussi d’une vaste province romaine. Elle ne l’est plus depuis des lustres et ne le sera plus jamais. Ce qui ne l’empêche pas d’honorablement tenir son rang. Celui d’une ville moyenne au charme indiscutable dans laquelle il fait bon vivre sans se croire obligé de ressasser la gloire de son lointain passé. Fut-elle sportive, comme celle de son club de rugby, le RCNM, entré lui aussi désormais dans les livres d’histoire.
Bon ! je ne vais pas en rajouter à la « déferlante » de féroces critiques qui s’abattent sur Laurent Wauquiez depuis sa désormais célèbre conférence donnée dans une « grande école » lyonnaise (L’école de management et de commerce). L’indignation, de tout bords, est générale : « Diffamations, injures, vulgarité… » ; « Du Trump et du Le Pen confondus »… Il est vrai que ses propos « décoiffent », tant sur le fond que sur la forme ((lire aussi l’article de mon amie blogueuse Nathalie MP en cliquant sur ici)
Un membre actif du collectif baptisé “les dindons de la farce” m’a adressé un courriel pour m’informer de leur opposition à l’implantation d’une prison et d’une aire réservée aux « gens du voyage » sur des terrains appartenant aux communes voisines de Narbonne et de Moussan, mais situées au pied de leur village de Marcorignan, à quelques centaines de mètres seulement de ses premières habitations.
Des projets soutenus, pour « l’aire réservée aux gens du voyage », par la communauté d’agglomération du Grand Narbonne, où les maires concernés par cet investissement siègent, et, pour la prison, par l’ancienne députée, le sénateur et tous les élus ou presque, à ma connaissance en tout cas, de la Narbonnaise – la création d’emplois motivant le zèle de nos élus à promouvoir un univers carcéral en même temps, sans rire, que la qualité de vie et l’environnement de ce même territoire. J’observe en passant que ce projet de pénitencier, bien qu’il ne soit pas pour demain (voir mes billets consacrés à ce sujet où j’analyse les raisons pour lesquelles il ne devrait jamais voir le jour), associée à « l’aire des gens du voyage », présente un aspect terriblement provocateur, qui, s’il était porté à la connaissance de ses futurs locataires, ne manquerait pas de les faire réagir, disons bruyamment – j’ironise à peine !
Si je relaye cette information, c’est aussi pour une raison de « fond » qui motive mon opposition à ces deux projets. Je m’explique !
De part et d’autre d’une route reliant Narbonne à Marcorignan, cette portion de territoire du Grand Narbonne, à partir du Château de Lebrette, jouit en effet d’un environnement naturel remarquable. Et y investir de lourds équipements, serait, évidemment, créer les premières conditions d’une urbanisation générale. Avec, pour conséquence, un étalement urbain joignant en un seul ensemble les cités de Narbonne et de Marcorignan.
Or, je le rappelle aux esprits oublieux, contrairement aux autres agglomérations de la côte languedocienne, celle de la Narbonnaise se caractérise justement par une discontinuité urbaine entre sa ville centre et les petites villes avoisinantes. Un atout, une « valeur ajoutée » environnementale (et sociale – je ne vais présenter ici tous les inconvénients bien connus de l’étalement urbain…), qu’il me semble devoir préserver.
Pour ce faire des outils juridiques existent, notamment les S.C.O.T (schéma de cohérence territoriale), qui relèvent de la compétence des communautés d’agglomération. Mais, sous réserve d’une étude plus approfondie, je constate, avec ces deux projets, que rien n’a été prévu dans ce document d’urbanisme pour empêcher, dans cette « zone verte tampon », d’y engager des programmes d’urbanisation – investissements publics, lotissements communaux etc. De sorte que l’on peut craindre que ce genre de scénario ne se reproduise ailleurs.
En ce sens, cette « affaire » ne concerne pas que les habitants de Marcorignan ! Une prison et une aire de grand passage ne sauraient justifier, en effet, le sacrifice d’une réflexion de fond sur le type de « liaisons » qu’il convient d’établir entre la ville centre et les « villes » de sa périphérie afin de préserver ce qui fait l’originalité de ce territoire et de sa configuration urbaine.