Quand j’ai vu cette touchante affiche animalière placardée sur un des nombreux petits panneaux publicitaires qui décorent les rues de ma ville, j’ai tout de suite pensé à une charmante allégorie de la vie politique locale (pas seulement !) ; vite recouverte cependant par un vague sentiment de tristesse à l’idée de voir ces inoffensifs animaux, savants ou pas, donnés en spectacle à d’anonymes visiteurs. Puis m’est venu le souvenir (allez donc savoir pourquoi !) des campagnes d’explications données par les maires d’alors pour convaincre leurs administrés de l’impérieuse nécessité de construire ce genre d’équipement dits « structurants » (Vous remarquerez l’usage constant de ce qualificatif « structurant » dans le vocabulaire politique, au point d’ailleurs de le vider de tout sens, ce qui n’a aucune importance, son intérêt étant de sonner comme marteau sur l’enclume).
Hier soir, 20 heures, devant le JT de TF1. À mi-journal, Gilles Bouleau et sa longue et fine silhouette plantée au milieu de son plateau, raide, mais sans trop, juste ce qu’il faut pour un homme bien élevé, tout en retenu ; il tient et entretient sa forme. Cheveux toujours coupés de près, comme ses costumes ; le visage éclairé par un demi-sourire, une ironie à fleur de regard, il annonce le sujet principal de son édition. En exclusivité pour TF1, et visiblement ravi de son « coup » porté à la concurrence, une équipe « spéciale » a donc suivi François Hollande jusqu’en Corée du Sud où il donnait une conférence (rémunérée, sans insister cependant), nous précisait le bon Bouleau : « un reportage exclusif sur sa nouvelle vie ».
Samedi, nous recevions jean-Claude Julès et moi, sur radio Grand Sud FM, à Radio Barques, Jacques Bascou, le président du Grand-Narbonne. L’occasion de lui demander, entre autres, qu’elles étaient ses intentions politiques pour les échéances politiques locales à venir (et plus précisément les élections municipales de 2020.)
Monsieur Piketty se répand dans tous les médias pour dire à quel point la réforme de l’assiette de l’ISF est une « faute historique », quand le sieur Sapin exige, lui, que la liste des 100 bénéficiaires de cet impôt lui soit transmise. Les deux, complices, passant sous silence (comme une grande partie de la presse reprenant leur propos), un « manque à gagner » fiscal qui pourrait coûter 10 fois plus cher à l’État. Un trou de 10 milliards consécutif à la censure par le Conseil Constitutionnel de la taxe de 3 % sur les dividendes créée par François Hollande (elle avait déjà été retoquée en avril dernier par la Cour Européenne de Justice : un comble quand on sait que le ministre de l’époque était Pierre Moscovici, actuellement Commissaire Européen). Bref, le fisc devrait rembourser 10 milliards aux entreprises, alors que le gouvernement précédent (le dernier de F. Hollande) n’avait provisionné, pour ce faire et pour l’exercice 2018, que… 300 millions (33 fois moins !). Une « petite plaisanterie » qui risque de plomber les mesures prises pour ramener le déficit public à 2,6% du PIB (0,1 point de déficit représente 2,3 milliards d’euros). Sauf à inventer une nouvelle taxe (ce qui la foutrait mal pour un gouvernement pro-investisseurs) ou obtenir des entreprises qu’elles renoncent à demander le remboursement des sommes indûment prélevées (compter sur leur sens civique, en quelque sorte !) Évidemment, cette sorte de coup fourré aux effets catastrophiques pour les finances publiques, n’intéresse personne (ou presque). Pas de buzz ! Trop abscons, compliqué ! (Ça me rappelle le constat fait à la direction d’une grande collectivité : les dossiers à plusieurs millions passent en général comme une lettre à la poste ; à l’inverse, une subvention de 10 000 euro pour un organisme de formation fait l’objet d’interminables débats, souvent vifs…) Gageons que ce cadeau indirect du camp du Bien aux entreprises restera confidentiel. Il n’est pas « spectaculaire » et sa rentabilité médiatique est nulle, en effet…
Jean-Luc Moudenc et Carole Delga le confirment : il propose à l’État de rétablir l’écotaxe pour financer les LGV Montpellier-Perpignan et Bordeaux-Toulouse (entre 15 et 20 milliards €) . Une écotaxe de sinistre mémoire, puisque aussitôt mise en place par François Hollande et son gouvernement, elle a suscité de véritables révoltes dans tout le pays au point d’être définitive abandonnée en 2013. Avec au passage une facture pour l’État de 10 milliards € ! Croyant jouer au plus fin, madame Delga précise donc que cette taxe concernerait : « le transport routier en transit européen seulement. ». Ce qui, juridiquement, est impossible, cette pseudo proposition se heurtant à un principe fondamental du droit européen : la libre circulation des biens et des personnes (seule une taxe visant l’ensemble des poids lourds – français et étrangers – serait en effet envisageable.) Qui donc peut croire, dans ces conditions et sérieusement, que le gouvernement soit prêt à relancer cette mesure et les jacqueries qui s’ensuivraient ? Personne ! Tirons une conclusion toute simple de ce coup de « com » : Moudenc et Delga, avec leurs LGV, nous mènent en bateau.