Quatrième de couverture : « Lafleur est un peintre au talent extraordinaire. Non que ses tableaux soient d’une qualité artistique hors du commun, mais ils ont la faculté de rassasier ceux qui les regardent. Comme s’ils venaient d’avaler un bon pâté en croûte ou une crème au chocolat! Un tel don ne peut laisser longtemps indifférents journalistes et marchands d’art… »
Femme de chambre dans un hôtel, après des mois passés en isolement et rééducation dans une clinique, Lynn y satisfait son obsession du nettoyage. Elle chasse la saleté, la moindre souillure réelle ou fantasmée. Sans limites !Tous les mardis, elle se glisse sous le lit de la chambre 304. Elle observe la face cachée de ceux qui y séjournent. S’insinue dans leur vie. Le soir, elle s’enferme dans une solitude sauvage. Un mardi c’est un homme infidèle qui se paye du plaisir avec Chiara : une belle de nuit, corps et âme en liberté. Elle offrira à Lynn quelques caresses, facturées… «Je voudrais qu’une seule fois quelqu’un soit couché sous mon lit, je voudrais qu’un jour seulement quelqu’un écoute ma vie », songe Lynn. Femme de chambre un romansaisissant, fiévreux, deMarkus Orth sur la « vérité de ce monde » : « Les choses, dit-elle, ont leur propre caractère. Il y a toujours une moitié qui nous demeure cachée. » À peineplus d’une centaine de pages lues d’une traite. Un ton, un style, un univers singulier – qui n’est pas sans rappeler celui de Thomas Bernhard. Et Lynn, qu’on ne quitte plus. Longtemps après avoir tourné la dernière page ! Pour ceux qui n’ont pas encore acheté « Chanson douce » de Leila Slimani – prix Goncourt –, j’en recommande la lecture. Ils pourront alors confronter ces deux figures de Louise et de Lynn. Une « nounou » meurtrière et une femme de chambre à la raison chancelante et à l’épreuve de la liberté. Chacun de ces deux personnages augmente la richesse interprétative de l’autre. À l’expérience, pour moi, Lynn est celle qui donne le plus à penser sur les limites de la « vérité »…
Femme de chambre. Markus Orths. Traduit de l’allemand par Nicole Casanova, éd. Liana Levi, 2009, 104 p., 14 €.
Jacques Molénat présentera et dédicacera ce vendredi soir (30 septembre), à 18 heures 30, dans les locaux de « J’aime Narbonne », 18 avenue Pierre Sémard son livre : « Notables, trublions et filous ». Une galerie de 54 portraits, dans laquelle l’auteur nous révèle les motivations les plus profondes de ces hommes et de ces femmes de pouvoir – quatre femmes seulement ! –, qui ont fait la région.
Rectifions et précisons: qui ont géré et gèrent encore, pour le meilleur ou pour le pire, des collectivités territoriales qui font le paysage institutionnel de la Région. Les chefs d’entreprises, à l’exception de quelques rares figures proches de ces milieux, ne figurent en effet pas dans cette piquante galerie de notables, de trublions et de filous. Un distinguo en réalité jamais fait par l’auteur, la friponnerie et la provocation étant des qualités propres à tout bon notable installé… soucieux de le rester.
Itou de la bipolarisation Droite Gauche, que Jacques Molénat fait voler en éclat en dévoilant tout ce que l’idéologie masque de susceptibilités, haines recuites, confrontations d’ambitions, et querelles de clans dans le quotidien de ces hommes et de ces femmes. On se déteste plus entre camarades qu’entre concurrents politiques. Comme le remarque justement Jean François Kahn dans sa préface: « Georges Frêche détestait moins son concurrent de droite, Willy Diméglio, qu’il n’exécrait le président socialiste du conseil général de l’Hérault, Gérard Saumade ou que ne l’insupportait celle, également socialiste, qu’il avait mise en place à la mairie de Montpellier et qui eut le front de le défier : Hélène Mandroux. Georges Frêche lui-même était, sans doute, moins haï à droite que ne le fut le député UMP villepiniste (aujourd’hui sénateur) Jean-Pierre Grand.«
Deux ouvrages écrits par des narbonnais soucieux du patrimoine, de sa valorisation et de sa découverte par le plus grand nombre: résidents permanents ou de passage, sont désormais disponibles dans les librairies du centre ville de Narbonne. D’un genre très différent, ils ont le mérite de sortir du cadre restreint des livres érudits destinés à un cercle très étroit d’initiés et du tout-venant des brochures – et cartes – touristiques distribuées dans les principaux lieux visités de la cité.
« Ils avaient rasé les maisons qu’ils avaient héritées de leurs pères.
Ils ne leur élevaient plus de tombeau.
Les trésors qu’ils avaient entendu léguer à la joie de leurs fils, ils les mirent dans les greniers, dans les caves, derrière les grilles des parcs, à l’intérieur des musées, dans les coffres des banques puis, comme ils avaient cessé d’en apercevoir la beauté, l’intelligibilité se retira d’eux. Même la réthorique, au bord de la langue, qui permet de distendre le lien qui étrangle l’âme de chacun par l’usage de la langue du groupe, fut jetée à la voirie.