Chronique de Narbonne : pousser une porte avec Francis Ponge …

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Rue Michelet : Narbonne .

 

« Les rois ne touchent pas aux portes. Ils ne connaissent pas ce bonheur: pousser devant soi avec douceur ou rudesse l’un de ces grands panneaux familiers, se retourner vers lui pour le remettre en place, — tenir dans ses bras une porte. Le bonheur d’empoigner au ventre par son nœud de porcelaine l’un de ces hauts obstacles d’une pièce; ce corps à corps rapide par lequel un instant la marche retenue, l’œil s’ouvre et le corps tout entier s’accommode à son nouvel appartement. D’une main amicale il la retient encore, avant de la repousser décidément et s’enclore, – ce dont le déclic du ressort puissant mais bien huilé agréablement l’assure. »

Francis Ponge, Le parti pris des choses, 1942.

Chez ma boulangère, ai trouvé ce Milovanoff !

   

Trouvé chez ma boulangère, ce matin,  ce Milovanoff  ! Je me souviens l’avoir croisé lors d’une journée de féria à Nîmes, il y a de cela fort longtemps. Il était en compagnie de Bruno Roy , le patron de l’époque des éditions Fata Morgana, de Christian Bobin et , je n’en suis pas tout à fait certain, de l’ami Gil Jouanard . Habite-t-il toujours dans le Gard , je n’en sais rien ! Mais voilà un auteur, comme Bobin, qui , à l’époque, était peu lu .

Grand Narbonne ! Un beau moment avec Daniel Maximin au 1er Salon du Livre et de la jeunesse !

Samedi dernier, je me rendais au 1er Salon du Livre et de la jeunesse du Grand Narbonne quand , passant devant le petit chapiteau dédié aux conférences débats, j’entendis la voix de Bernard Laborde déclamant un discours non prononcé de Mirabeau sur l’abolition de la traite des Noirs (novembre 1789 – mars 1790) : les bières flottantes des négriers. Un texte d’une puissance inouïe .

Le temps de prendre place et Daniel Maximin pris la sienne sur la petite estrade où il nous exposa sa pensée sur l’histoire de l’esclavage. Un Maximin dont je ne connaissais que la voix, naguère entendue sur France-Culture . Un Maximin qui écrit comme il parle : une langue profonde et souple .

Un beau moment de littérature orale où il nous fut montré que que l’esclavage avait perdu, qu’il n’était pas fait pour fonder des sociétés, des cultures et qu’il ne devait y avoir ni ressentiment, ni ressassement, ni posture victimaire. Que la mémoire peut être manipulée, qu’il existe des stratégies d’utilisation de l’Histoire pour son profit ou par lâcheté…

Nous nous sommes revus le lendemain ! Conversation agréable autour de son oeuvre, et dédicace de son dernier ouvrage … Un récit de ses échanges avec Aimé Césaire, de celui qu’il appelait « frère volcan », qui est aussi une belle introduction à son oeuvre, sa pensée et son action.

Un récit que je recommande particulièrement à celle qui sans aucune gêne s’est introduite vulgairement entre nous pour nous dire qu’elle ne comprenait rien à ce grand poète …

Lisez donc Maximin !