Milan Kundera nous offre une sotie qui brocarde le mal du siècle: l’esprit de sérieux. À lire de toute urgence: http://t.co/tqO7I9yl1S
« La Fête de l’insignifiance est, d’abord, un éloge de la bonne humeur. Plane sur ce texte, impeccablement construit, le sourire de l’écrivain. On imagine Milan Kundera écrivant – vertige. L’élégance de sa prose, la force de ses personnages, l’absence de tout message et la présence d’un sens. Une légende, déjà, plane au-dessus de ce livre. Dans La Lenteur, Vera, la femme de l’auteur, dit à son mari : « Tu m’as souvent dit vouloir écrire un jour un roman où aucun mot ne serait sérieux… je te préviens : fais attention : tes ennemis t’attendent. »
La quête de la bonne humeur et de l’insignifiance
Aujourd’hui, Milan Kundera nous offre, en guise d’épilogue, une sottie qui brocarde le mal du siècle : l’esprit de sérieux. Car c’est bien cela dont nous souffrons. Les tyrans et les peuples ont ceci en commun : ils ne savent plus ce qu’est une blague, ont perdu la bonne humeur, ignorent que l’insignifiance est plus créative que tout ce qui brille.
Ainsi les personnages de Kundera se promènent-ils dans l’Histoire et la géographie. L’Histoire, d’abord, avec cette étrange partie de chasse racontée par Staline, au cours de laquelle il tua 24 perdrix, puis les pissotières du Kremlin et la prostate du fidèle Kalinine. La géographie, ensuite, avec ces déambulations dans les allées du jardin du Luxembourg, au carrefour des mille décisions qui forgent une vie. Milan Kundera invente une nouvelle tribu, celle des « excusards », ces hommes et ces femmes qui s’excusent pour tout et pour rien, même d’être nés sans avoir été désirés.
Que dire d’une époque qui fait du nombril – plus que des fesses ou des seins – le symbole de la séduction féminine? Retrouvons cette fameuse bonne humeur à la recherche de laquelle Milan Kundera nous propose de partir. L’insignifiance, telle que la décrit cet admirable roman, est peut-être la sagesse dont a tant besoin une époque qui a désappris le rire et cultive l’oubli. Viva Kundera! »
La Fête de l’insignifiance, par Milan Kundera. Gallimard, 144p., 15,90€.