« Barques en scène » à Narbonne : croquis, douze stations…

Barques en Scène : croquis de la journée d’hier.

Station 1 : le matin à 10h 30, place de l’Hôtel de Ville — encore vide ou presque : quelques touristes seulement — , café à la terrasse du Petit Moka. En retrait, elle offre un beau (façon de parler) point de vue qui permet d’évaluer les mouvements de foule . Donc, à cette heure, calme quasiment plat. Comme un cachet d’aspirine !

Station 2 : Plus tard, — 11h 30 — revisite de la magnifique rétrospective d’André ElBaz. Un long moment toujours devant les mêmes toiles.

   

Station 3 : 12h 15, salle du Pilier, passage de l’Ancre, « Flaneries » de Roland Rebuffy et Georges Martinez. Quelques jours avant, avec André Elbaz  et Georges, longue conversation autour de Nicolas de Staël …

 

Georges Martinez.

 
 

Station 4 : Déjeuner sur le pouce et départ pour la plage : 14 heures — à cette heure, personne ou presque. Ciel bleu, sable chaud, eau verte — presque, l’eau ! Volupté…

 

Gruissan.

 
 

Station 5 : 18 h, apéritif, toujours au Petit MoKa. Mouvements de rues, le son monte, la foule s’avance, lourde. À ma gauche, une dame en robe moulante, très courte et sans manches. Les jambes croisées haut étalent une peau blanchâtre piquée de rose. Posée sur un corps vieilli, aux chairs lâchées, une tête couverte de  poils épars et mâchés rouge. De profil on dirait celui d’une gargouille. Elle mâche des cacahouètes. La bouche grande ouverte, elle fait un étrange bruit de sucion. Quand elle lève son verre de bière, un dauphin tatoué s’enfonce dans les plis et le gras de son bras…

 

Cloître Saint Just Saint Pasteur. Détails

 
 

Station 6 : 18h 30.  Un vol de cigogne au dessus de la tour Aycelin… Indifférent !

   

Station 7 : 19 h ou 20 heures, je ne sais, un monstre de fer ailé gigantesque apparaît sur la place — Pégase — Comme un emblème du temps qui vient ! Il avance dans un vacarme d’usine en fusion, crache par ses naseaux des nuages de fumées. La foule de plus en compacte applaudit. Des bras s’élèvent, armés de smarphone…  Pas un Gilet Jaune !

   

Station 8 : 21 heures. Plongée dans la masse humaine, sur la promenade des Barques. Du corps à corps. Les Dj poussent à fond leurs sonos. Celle de la grande scène couvre l’ensemble. Dantesque ! Une percée en direction de la bodega de l’Amicale des Pompiers, je pousse et squatte deux petites places. À l’intérieur, des jeunes et des moins jeunes s’affairent. J’en connais plusieurs. Jean Marie me sert un rosé :  » Monsieur Santo, quel monde allons nous laisser à nos enfants ?! « …

Station 9 : 22 heures. Retour au Petit Moka : café. La place de l’Hôtel de Ville est bourrée. Des petits groupes de très jeunes filles, toutes en short, se distinguent. Elles marchent très vite, s’éloignent de la foule. Pour aller où ? Qui les appellent ? 

Station 10 : Gims sur la Grande Scène, cours Mirabeau. Un délire ! Sur l’écran géant de la place, je vois une multitude de bâtons lumineux, multicolores, soudainement se lever. Il y a quelque chose d’irréel et d’inquiétant dans ce bloc humain qui tangue et crie au rythme souhaité par le célébrissime rappeur. Quel professionnalisme tout de même, quelle énergie, quelle force… Il aura réussi la performance de remplir cette ville comme jamais dans son passé festif et estival. Pleine comme oeuf, à la limite de la surdose. Je me demande encore par quel miracle elle n’a pas explosé…

   

Station 11 : 24 heures… Chez moi ! Au calme… Lecture des dernière pages de « L’impossible amour » d’Emmanuel Bove…

   

Station 12 : …

 

NB : Cliquer sur les photos pour les agrandir

Où est l’Occitanie ? Jean Cau.

IMG_2144  

Cette page (84 et 85) de Jean Cau dans « La Grande prostituée (Traité de morale II) » publié à la Table Ronde en 1974. Jean Cau qui, dans cet ouvrage, annonce les « Exorcismes spirituels » de Philippe Muray.

 

Où est l’Occitanie ?

Je ne soupire pas, en ce moment, après l’Occitanie perdu et, lorsque je vois trois ou quatre mille jeunes bourgeois étudiants et quelques troubadours  cagneux  gravir les pentes de Montségur, célébrer l’ancêtre Cathare et remuer les cendres d’un passé  englouti, la comédie est trop ridicule pour que j’en sois l’un des acteurs.

Pages d’auteurs : Flaubert sur la Beauté, l’Art…

2-2013-aphrodite-photo.-fabrice-seixas-2_sd

Claude Lévêque : aphrodite, 2013

      Lettres à Louise Colet : Extraits sur la Beauté, l’Art

« Si le sentiment de l’insuffisance humaine, du néant de la vie venait à périr (ce qui serait la conséquence de leur hypothèse), nous serions plus bêtes que les oiseaux, qui au moins perchent sur les arbres. – L’âme dort, maintenant, ivre de paroles entendues. Mais elle aura un réveil frénétique où elle se livrera à des joies d’affranchi, car elle n’aura plus autour d’elle rien pour la gêner, ni gouvernement, ni religion, pas une formule quelconque. Les républicains de toute nuance me paraissent les pédagogues les plus sauvages du monde, eux qui rêvent des organisations, des législations, une société comme un couvent.

Une page de Simon Leys sur la tyrannie du mauvais goût, de l’ignorance et de la stupidité…dans « Le bonheur des petits poissons ».

     

À ce moment, je fus frappé d’une évidence qui ne m’a plus jamais quitté depuis : les vrais philistins ne sont pas des gens incapables de reconnaître la beauté – ils ne la reconnaissent que trop bien, ils la détectent instantanément, et avec un flair aussi infaillible que celui de l’esthète le plus subtil, mais c’est pour pouvoir fondre immédiatement dessus de façon à l’étouffer avant qu’elle ait pu prendre pied dans leur universel empire de la laideur.

Dans la rubrique « Faits divers », des titres à se tordre…

C’est dans les titres de la rubrique « Faits divers » des journaux de province que l’on trouve des merveilles d’humour. Les préposés à ces rubriques y lâchent parfois quelques beaux traits d’esprit — d’ailleurs souvent involontaires. L’occasion aussi, pour les  plus conscients  de tourner en dérision leur métier, et sa prétention au sérieux. Comme nous le faisons tous dans ces moments tragiques ou désolants de la vie, dont on fait des comédies pour mieux s’en consoler…

Articles récents