Chronique de Narbonne: sur le sentier sculpturel de Mayronnes.

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Mercredi dernier, randonnée sur le sentier « sculpturel » de Mayronnes. Une belle surprise, malgré un temps triste et maussade . On s’arrête devant une « œuvre » d’Anne Sarda : un genévrier sec, mort ; branches tordues, décharnées… désespérément tendues vers un ciel  sombre, épais, pluvieux. Je l’imagine  au moment de « sa mise en scène », en mai, peut-être, de l’année dernière, sous un soleil brûlant. Un squelette tourmenté sur une terre nue, épuisée. Tout le tragique de la vie !

Chronique de Narbonne: la maison de Jean Eustache…

 Maison de Jean Eustache/ Michel Santo


Maison de Jean Eustache/ Michel Santo

 

Découvrir Narbonne l’été, ce n’est pas seulement se remémorer Charles Trénet ou participer aux festivités organisées en son nom. D’autres artistes y vécurent aussi. Jean Eustache notamment, à qui je pensais en prenant  cette photo de l’entrée de sa maison de la Place des Quatre Fontaines. Étonnamment, deux jours plus tard décédait Bernadette Lafont, Marie dans son film « La maman et la putain ». Il est de troublantes coïncidences tout de même ! Les portes ouvrent sur d’infinis mystères…

Chronique de Narbonne : un petit hommage à Vincent Hyspa |Contre-regard.com

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C’est l’ami Jacques qui m’en a donné l’idée. Il cultive le goût des facéties  d’un narbonnais  célèbre en son temps mais aujourd’hui, hélas! , bien oublié.

Notre cité l’honore pourtant d’une place située entre l’hôpital et l’école Montmorency dont tout le monde ignore superbement le nom. Il disait de lui : «Je suis né au pied d’une tour dans une ville latine, près de la mer. Après une ruine rapide due à de glorieuses inventions, telles que : le tabac sans fumée, l’éponge en porcelaine, le saucisson en poudre, le chapeau de paille humide (article d’été), je débutai, il y a environ dix ans au CHAT NOIR et me voilà maintenant à la Purée. – Que d’espace parcouru depuis dix ans par la navigation aérienne...» 

Vincent Ernest Hyspa , puisqu’il s’agit de lui,  a été acteur, auteur, compositeur, humoriste et chanteur. C’est à une des réunions de la goguette du Chat Noir — du nom du célèbre cabaret montmartrois — qu’il se révéla avec le Ver solitaire. Il y a incontestablement de l’Alphonse Allais dans notre narbonnais. J’en veux pour preuve une de ses : « Seize conférences fantaisistes » (1921) rassemblées dans « L’éponge en porcelaine », au titre évocateur d’une célèbre apostrophe présidentielle: Le Veau !

Le Veau : l’intégralité des conférences: ici

J’AI à vous parler aujourd’hui, messieurs, de la récente découverte d’un animal inconnu et ignoré jusqu’à ce jour, mais dont le nom est déjà dans toutes les bouches, j’ai nommé le Veau.

Nous inspirant de la Loi de la corrélation des formes de Cuvier, qui plus heureux que nous avait à sa disposition les fossiles, nous avons pu, néanmoins, à la suite de fouilles consciencieuses opérées dans les bas fonds de la charcuterie et de la boucherie, nous avons pu, dis-je, découvrir pour la gloire de la science, quelques vieux débris informes et mutilés – saucisses, godiveaux, fricandeaux, pieds de veaux ! – qui, tout en nous égarant parfois dans nos recherches au point de nous amener par le plus grand des hasards, je le reconnais, à la découverte du Cheval, de l’Ane et du Mulet, nous ont permis cependant de reconstituer le Veau tel qu’il est ; le Veau, messieurs, que naguère on ne connaissait que par ses côtes, comme le melon.

Eh bien, messieurs, malgré tous ces avantages physiques, auxquels il convient d’ajouter le charme pâle de son teint, le Veau n’est pas content de son sort.Grâces et Ris de Veau, vains mots !

Le Veau est triste, le Veau pleure.

Qui nous dira les sujets de sa mélancolie ? Ce n’est pas lui, messieurs.

Le veau est pourtant adoré chez beaucoup de peuples. Les Anglais, prétend-on, s’abordent avec cette formule rituelle : Comment allez vô ?

Sa mère, presque toujours d’origine espagnole, lui inculque un français si douteux qu’il n’est pas encore parvenu à se faire comprendre.

Le Veau, messieurs, est un incompris.

Il pleure.

Est-ce au souvenir de Marengo ? Redoute-t-il -le retour de l’Enfant prodigue ? Ou pense-t-il amèrement à sa peau de chagrin, orgueil des reliures futures ? Mystère.

Il pleure.

Pour le calmer on le bourre de fraises et de noix (attention intéressée, car tout cela se retrouve plus tard), on lui offre de la salade, des carottes, de l’oseille et des champignons.

Mais rien ne peut le consoler, et pour mieux pleurer il s’étale sur le gazon, s’affale, s’étire, et ses maîtres disent tristement : « Le cuir ne sera pas cher, cette année. »

Le Veau est donc inconsolable et, nous ne craignons pas de le dire, le Veau est une vallée de larmes, que seul le sommeil parvient à tarir.

Et à ce sujet, ai-je besoin d’affirmer, messieurs, que le Veau dort, et toujours debout ?

Il arrive parfois que le Veau devient dégoûtant à force d’être gras ; on profite de ce moment pour le tuer. On voit alors des gens (et ce n’est guère courageux), se payer sa tête – sa tête qui repose en la paix du cerfeuil, – d’autres s’arracher ses pieds, etc., etc. ; puis ce qui reste continue à se piquer pendant de longs séjours à l’étalage des charcuteries, ou peut encore, au besoin, remplacer le thon à l’huile, le thon qui, vous le savez, messieurs, n’est qu’un veau qui a mal évolué.

Après sa mort, le Veau, que nous avons vu si mou de son vivant, le Veau devient agressif et vous poursuit jusque dans les buffets des gares, où il finit par tomber dans la purée des modestes repas à prix fixe.

Quelques naturalistes ont observé un certain rapport entre le Veau et la Vengeance : d’après eux, ces deux aliments se mangeraient froids. J’ajouterai pour ma part, messieurs, qu’il ne faut pas manger de Veau, car cet animal, comme le citron, n’est jamais mûr.

Voilà, messieurs, tout ce qu’on ignorait sur le Veau, animal dont on ne peut retirer que de la peau pour chaussures.

Dans ma prochaine leçon, messieurs, je vous ferai part de mes recherches sur le lapin. Il ne faut pas qu’il soit dit que dans la série de mes cours j’ai sauté le lapin.


 

Certaines de ses chansons ont été mises en musique par Erik Satie: Tendrement, Un dîner à l’Élysée, Chez le docteur, L’Omnibus automobile, Air fantôme, ou par Claude Debussy: La Belle au bois dormant.

   

       

Chronique de Narbonne : le jardin de l’Archevêché .

 
Cloître Saint Just-Saint Pasteur

Cloître Saint Just-Saint Pasteur

Il est des endroits ignorés de la foule où flotte un sentiment de paisible quiétude. On y croise du regard un couple d’amoureux, un homme seul perdu dans ses songes, une jeune maman toute à son enfant… Quelques touristes aussi traversent ce jardin adossé au cloître de la cathédrale Saint Just et Saint Pasteur : comme saisis par la discrète beauté du lieu, leurs pas se font légers sur les allées gravillonnées.

Chronique de Narbonne, et d’ailleurs : Petit hommage à Jean Cassanéa de Mondonville.

Mondonville, par Quentin de la Tour.

Mondonville, par Quentin de la Tour.

C’est une  petite rue du quartier de Cité, étroite et sombre. Ses façades  suintent la fatigue et le désespoir. Le jour rien n’y attire personne. Absolument rien! C’est au seuil de la nuit seulement qu’elle s’anime. L’été, les tables sortent. Alors elle s’emplit de paroles, de rires et de joie; et on oublie ses murs gris et sans âme. Comme son nom! Que l’on ne connaissait pas. Graziella, tous les soirs réussit ce miracle là.  Mondonville!

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