L’éternelle jeunesse de Lucien Jerphagnon!

   

Historien de l’Antiquité grecque et romaine et professeur de philosophe, Lucien Jerphagnon vient de mourir, à l’âge de 90 ans, victime d’un cancer. Il était la jeunesse même, lui qui disait : « Un philosophe ce n’est pas quelqu’un penché sur une tonne de bouquins, c’est quelqu’un qui va chercher la vie. » Esprit  facétieux et paradoxal aussi, notamment quand il affirmait : « Je suis dans ce monde-là que j’aime et en même temps j’ai brisé les barreaux de mon siècle et je m’évade… J’ai l’impression d’avoir pris l’apéritif avec Marc-Aurèle et bavardé avec Néron qui n’était pas si méchant, comme on aurait dit à Bordeaux il était bien brave ! En fait il était peureux, et un couillon peureux avec le pouvoir…» Un maître !

 

Chaque pas est un voyage.

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Au diable DSK, Les Primaires, les Universités d’été, les mallettes africaines, le procès Chirac, la bourse qui plonge, les bactéries qui résistent, la défaite de nos basketteurs, la médiocre victoire de nos rugbymans, la…les…Et tant pis si l’on trouve ces quelques lignes d’ Y Duteil , qui suivent, d’une trop grande sensiblerie. Elles correspondent à mon humeur de ce début de semaine. Le regard d’une jeune maman sur son enfant et une remarque  injuste faite par moi à un ami en sont la cause. Duteil ! Oui ! Comme Montherlant et ses « Carnets »  ou Léautaud et ses « Propos d’un jour ». Entre autres auteurs à  portée de mains.Toujours ! 
« Si nous perdons la boussole, le nord, lui, ne bouge pas. L’amour est en nous comme une quête, un chemin semé de ronces et de roses, jonché de rêves et de blessures. Une force de la nature. Il est notre premier cri et notre dernier souffle. Nous le cherchons dans chaque visage, chaque étreinte, chaque geste et nous souffrons de son absence. Nous sommes pétris de cette soif incommensurable, mus par ce besoin qui fait de chaque pas un voyage, de chaque seconde une attente. Aimer. Ou sinon haïr. Il n’y a que deux portes à ce monde. La plus étroite ouvre sur l’univers entier. »
« Les conflits sont des moteurs de l’existence et l’erreur est parfois plus porteuse de sagesse que le succès. Entre les débuts du jeune patineur et le double salto arrière qui lui vaut la médaille d’or, combien de chutes, combien de hontes bues ? Tombé dix fois, il se relève onze. La perfection n’est pas au bout du chemin, le sommet, c’est encore la route. Au-delà, il reste l’envol. »

On trouble les consciences comme on sulfite le vin.

  Unknown

C’est dans les années 2000 que je l’ai rencontré pour la première fois. Dans son atelier, à Moux, un village des Corbières audoises. Son nom m’avait été donné par une amie commune, Sylvie Romieux, artiste elle aussi, installée à Portel, situé un peu plus bas dans les Corbières Maritimes. Serge Griggio, puisqu’il s’agit de lui, est devenu depuis, sinon un ami, en tout cas une connaissance avec qui j’ai plaisir à bavarder.Surtout depuis qu’il s’est installé à Narbonne. J’aime son travail de peintre et de graveur. Et si je parle de lui aujourd’hui, c’est en souvenir de cet après midi où, pénétrant dans cette ancienne épicerie qui lui servait d’ espace de  travail et d’exposition, je suis tombé sur sa série  » Dyptique Griggio Pirotte « . Surprise! Pirotte lu et commenté par un jeune peintre en plein coeur des Corbières! Voilà comment, désireux de noter ici quelques lignes de cet auteur aimé, Griggio et Sylvie sont venus spontanément à mon esprit. Pirotte qui, n’est ce pas Serge?, en amateur de vin conséquent, a écrit ceci, qui devrait figurer au fronton de tous les chaix de ce pays:

Tout ce qui se presse déjà sera passé…

        Rilke

Sonnet XXII

Nous sommes les agités

mais le pas du temps

voyez le comme peu de choses

Face à ce qui demeure

Tout ce qui se presse

déjà sera passé ;

car seul ce qui demeure

nous bénit.

Garçons, o ne gaspillez pas votre courage

dans la vitesse

dans la tentative de voler

Tout est apaisé :

Obscurité et clarté

Fleur et livre.