Suerte Manuel!

corida.jpgLa journée a bien commencé. Manuel Valls était l’invité d’Ali Baddou, l’animateur des Matins de France Culture. Ce jeune dirigeant socialiste est à peu près le seul qui sache retenir mon attention et qui pourrait redonner de l’espoir à ceux qui ne se satisfont pas d’un PS proche du  » chaos ». Ce qui est mon cas. La vie démocratique de notre pays n’a rien à gagner en effet à ce genre de situation. Elle a , au contraire, besoin d’une véritable et forte opposition. Il fallait donc l’entendre, Manuel, sur  » la globalisation », « la crise de l’Etat-Providence », »l’immigration », »le libéralisme »… »l’autorité », » le travail ». Quels coups de balais dans la cour des vieilles idées! L’entendre aussi revendiquer sans complexes son social libéralisme et appeler ses amis à s’inspirer des leçons et des expériences des travaillistes anglais et des démocrates américains…L’entendre enfin déclarer qu’il fallait  » débarrasser le camp du progrès de ses oripeaux gauchistes ». Et son ami, Denis MacShane, le député travailliste britannique, présent au micro, d’en rajouter une couche en lui suggérant de renvoyer ses intellectuels de gauche à l’Université et de les y confiner. Bref, ce matin était un vrai festival de la pensée; une pensée exprimée  de surcroît dans une langue qui , contrairement à l’habitude, n’était pas de bois… Suerte Manuel!

Lagrasse, Quignard et l’effroi.

 Quignard

Lagrasse est un des rares endroits silencieux dans cette région un peu trop complaisante à l’égard de touristes drogués aux décibels. Les seuls bruits qu’on y entend en ce début du mois d’août sont ceux des livres que l’on feuillette et des voix qui les commentent. Celle de Pascal Quignard, l’invité du « Banquet du livre», est légèrement grave et profondément douce. Elle ressemble aux titres de ses textes : « Le vœux de silence », « Le lecteur », « Les ombre errantes », « Tous les matins du monde »… Qui sonnent comme une viole de gambe.

Gruissan, ce matin…

 

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Ce matin, la petite église de Gruissan était  trop petite pour   accueillir    la famille proche, les parents éloignés et perdus de vue que l’on retrouve toujours quand la mort est au rendez- vous, et les amis de Françoise. Il y avaient aussi des voisins et des badauds. Et des dames âgées. Nombreuses. Très nombreuses. Au point que je me suis demandé où pouvaient bien être leurs hommes. Au  » Joffre  » ou  » Au café de la Paix  » à se désaltérer d’une bonne bière fraîche? Ou peut-être bien couché à l’ombre d’un de ces magnifiques cyprès du cimetière accroché au pech et dominant le village? Leurs bavardages et leurs petits sourires complices de celles qui ont déjà connu ça m’agaçaient au plus haut point. Comme m’agaçaient aussi l’empressement de certaines à se distinguer de toutes les manières possibles par de longues stations debout et de petits saluts ostentatoirement mouillés. J’en étais là de mes pensées peu amènes sur cette navrante petite comédie humaine quand, sur le coup de dix heures, juste avant l’arrivée de Marinette sa mère, Eugène son père,sa soeur et Francis, son oncle et mon ami,et tous les siens, le soleil a frappé les vitraux de l’abside recouvrant le manteau de pierre du christ d’un rayon bleu doré d’une éclatante beauté . Devant l’église, un peu plus tard, un flûtiste, peut-être de ses amis, se lançait de manière tout à fait inattendue dans de  » joyeuses  » partitas de Bach. Musique profonde, limpide et fraîche, comme un chant d’espérance au coeur d’une cruelle douleur. Comme les volutes d’encens aussi qui,quelques instants auparavant,s’étaient élevées en spirales bleues dans cette colonne de lumière traçant une diagonale de l’endroit où tu reposais au Christ aux bras ouverts … Marinette, ta maman, nous l’a dit! Tu leur a donné, ces derniers jours, une grande leçon d’amour et de courage.Ce matin, t’accompagnant, tu nous a aussi  offert, en dernier adieu , de la beauté. Merci, Françoise !

Retour de Cox.

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Je rentre de Cox, un village de la province d’Alicante d’environ 5000 habitants. Qui est aussi le village natal de mon grand père Antonio.

Comme beaucoup de ses amis, parents et voisins chassés par la misère, il en est parti dans les années 20 pour s’installer à Narbonne. La France avait alors  besoin de jeunes hommes, la première guerre mondiale ayant envoyé les siens remplir les cimetières.

Tous les Rives, Fulleda, Cuenca,Santacruz,Gambin,Pamies,Jimenez,… de Narbonne viennent de ce petit coin d’Espagne. Et tous ou presque vivaient dans le quartier de bourg. Si Narbonne est un peu ce qu’elle est aujourd’hui, elle le doit en partie à tous « ces gens de peu » qui lui ont donné toute la force et l’énergie dont ils étaient capables.

Encore aujourd’hui, il n’est pas une famille de Cox qui ne connaisse Narbonne. J’ai pu le vérifier par l’accueil chaleureux qui m’a été fait dans les rues du village, le lendemain d’un rapide passage sur la télé locale. Je ne pouvais faire un pas sans être accosté par une personne prête à me raconter ses vendanges ou ses années de travail et de vie dans notre ville… Que d’émotions!

Je pense notamment à Carmen, qui vécut 53 ans en France après avoir épousé un français de Narbonne, et dont le père venait de Cox, lui aussi. Ou à Sonia, la fleuriste, qui vient régulièrement retrouver sa famille restée ici , et prendre un verre, sur les Barques, à la terrasse de  » Chez Michele  » , tenue par des  » enfants  » de Cox !…

Ce retour aux sources de cette immigration espagnole, Michel Moynier, le maire de Narbonne,mon ami d’enfance, le souhaitait. C’est donc avec un  » mandat  » d’ambassadeur que je m’y suis rendu, accompagné de M.L. Etero, la responsable du tourisme à la mairie de Narbonne et de J.P Chaluleau, journaliste à l’Indépendant.

De nos rencontres et de nos discussions, des projets de « coopération » ont été évoquées avec le maire de Cox et ses collaborateurs, qui, très prochainement, verront le jour. Mais il est trop tôt pour en parler ici…

Ainsi,loin de toute nostalgie ou de repentance, un hommage particulier sera rendu à ce moment de notre histoire, ainsi qu’à toutes ces familles, comme la mienne, venues de si loin et qui, pour beaucoup,sont restées…

 

La mort d’un Juste.

FABRICE COFFRINI/KEYSTONE/MAXPPP - SAILLON SCHWEIZ  ; Abbe Pierre, founder of the charity organization "Emmaus" visits the vineyard "Farinet" during his stay in the canton of Valais, Switzerland, pictured on June 11, 1998, in Saillon. Abbe Pierre went to mass on the day of Corpus Christi in his native village before visting the vineyard "Farinet" of which he is the owner. (KEYSTONE/Fabrice Coffrini) L'abbe Pierre, fondateur de la communaute d'Emmaus, lors de sa visite a la vigne de Farinet, lors de son passage en Valais, ce 11 juin 1998 a Saillon. L'abbe Pierre a participe a la messe de la Fete-Dieu dans le village avant de se rendre a la vigne de Farinet dont il est le proprietaire. (KEYSTONE/Fabrice Coffrini) *** FRANCE ONLY *** (MaxPPP TagID: maxpeoplefrtwo652071.jpg) [Photo via MaxPPP]

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Une mort. Cette nuit. Celle de l’abbé Pierre. La veille d’une semaine annoncée de grands froids. Une mort, si simple. Celle d’un homme qui nous tendait le miroir dans lequel flottent encore les tremblantes images de nos «grands sentiments». Une mort, enfin, qui met en lumière  une parole publique ravagée par la surenchère et l’hypocrisie de nos sélectives indignations.

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