Tentazione !

   
Ma.4.7.2023
 
Seize heures sur la plage mollement ventée. Le monde est en retrait. Des vagues, on n’entend qu’un bruit lent et régulier. Une hirondelle de mer plonge en piqué. Puis remonte lentement dans la lumière du soir. Avec sa proie. Et poursuit sa route le long du rivage. Comme une idée sur un fil de pensées. Qui trouve enfin sa trajectoire.
19 heures 30 au Tentazione*. Nico a parcouru toutes les mers du globe dans les cuisines des plus beaux yachts du monde. Il fait aujourd’hui les plus belles pizzas de la côte. La Parma est celle que je préfère. La mozzarella est délicieusement fraîche et le jambon excellemment affiné. Nico est un artiste qui prépare lui-même la pâte de ces merveilles. Ce soir, la mienne était comme d’habitude d’une incomparable légèreté. J’ai choisi le petit vin blanc muscaté au pichet, franc et frais, de la cave de Gruissan pour l’accompagner. Il n’a pas démérité, loin de là. Ah ! La voix slave, profonde et envoutante de Mila, sa compagne, à l’accueil…
 
*10 Av. des Noctambules, 11430 Gruissan
 
 
 

Une carte postale de Gruissan…

 
 
 
 
 
 
 
 
Lu.26.6.2023
 
Carte postale !
 
Lundi au marché de Gruissan. Dans le vieux village. Il est 10 heures. Il fait chaud. Très chaud. Assis à la terrasse de la boulangerie pâtisseries Bertrand, à l’ombre, j’attends mon café. À ma droite, un couple de retraités allemands. Lourds ! Sous la chaise de la dame, un petit chien blanc. Allongé, il tire la langue et respire bruyamment. Puis sursaute en grognant. L’épaule grasse de Monsieur montre un tatouage. Sa copie figure sur la cheville disgracieuse de Madame. Ils se font face. Sur la table, deux grandes tasses, un pot de lait en métal, une corbeille pleine de viennoiseries. Ils mangent de bon appétit. Méthodiquement. En silence.
Une queue se forme devant l’entrée de la boulangerie. À l’allure, au style et au poids on devine des touristes. Jeunes ou vieux, ils exposent les mêmes dessins sur leurs corps. Plus ou moins bleus, plus ou moins noirs. Des orteils jusqu’aux oreilles. Des signes de reconnaissance, d’identité, qui finalement les font tous pareils.
Une voix, derrière moi, se fait entendre. Une voix de femme qui téléphone. Dans des tons aigus qui agressent. Elle surjoue la vacancière : Il fait beau, ici… Mais quel vent… Ah bon, il pleut chez toi… Ah ! Ah ! Toutes les robes sont à 15€… Elles sont toutes longues… Gros bisous ! Tchao ! Tchao ! On devine sa joie à l’envi qu’elle provoque à l’autre bout du « fil ». Je me retourne. De grands verres noirs cachent ses yeux. Ses traits ont été tirés par des mains expertes. Trop ! Et ses lèvres sont boudinées. De sa main gauche elle soulève gracieusement ses cheveux décolorés. Une main qui trahit son âge. Une minauderie touchante. Je lui souris.
 
 

 

Me promenant sur les Barques de Cité, j’aperçois de loin un corps déformé, affaissé sur un banc.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Sa.24.6.2023
 
Me promenant sur les Barques de Cité, j’aperçois de loin un corps déformé, affaissé sur un banc. In petto et toujours à cette distance, mon esprit traduit : encore un traîne-misère en train de cuver.

À l’ombre de jeunes filles d’un autre temps !…

 
 
 
 
Ve.2.5.2023
 
Elles se sont assises autour d’une table du « Petit Moka », au soleil. La mienne, proche, était à l’ombre. J’y buvais ma dernière tasse de café ; elles commandèrent la même chose. Avec beaucoup de délicatesse.

La vie des autres…

 
 
 
 
 
 
 
Me.31.5.2023
 
Moment de vie.
 
7 h 45. Devant la fenêtre du salon grande ouverte, je goûtais le calme de la ville, l’air frais et l’odeur des mélias vivifiée par une brève, mais bienheureuse averse. Les martinets fusaient en criant au ras des façades et les deux hirondelles, nichant sous les chéneaux de mon toit, allaient et venaient, gracieuses et agiles. Au même moment, la jeune femme du premier étage de l’immeuble voisin, descendait son large escalier extérieur d’un pas lent, souple et assuré. Elle portait sur son bras gauche son petit garçon.

Articles récents