Mes amis virtuels sont-ils de vrais amis ?

 
 
 
 
 
Je.2.1.2023
 
Attachements.
 
J’ai des centaines d’amis virtuels sur Facebook. Je ne peux évidemment pas lire tout ce qu’ils publient sur leurs pages. Le rejet du blablabla et de la répétition, mes goûts ont fini par en sélectionner quelques-uns. D’autres aussi lisent mes textes sans que je le sache, et certains, souvent les mêmes, réagissent à mes publications. Finalement, ce commerce quotidien que j’entretiens avec ces derniers et le cercle de ceux que je fréquente régulièrement leur donne à tous un semblant de réalité. Jusqu’à m’inquiéter de leur silence. Pour apprendre un jour le suicide virtuel ou la mort réelle de l’un deux. Je sais alors qu’il va me manquer. Comme peut nous manquer un ami de chair dans la « vraie vie ».
 
 

Quelques images et quelques mots resteront. Si peu pour une vie !

 
 
 
Di.29.1.2023
 
Le monde est plein de secrets. Nous croyons connaître ceux qui sont près de nous, mais le temps nous révèle que nous en savons toujours moins ; que la zone d’ombre sur leur vie enfle et s’étend toujours plus. Je la regarde assise à mes côtés dans cette salle désespérément silencieuse. Que sais-je d’elle et de son histoire ? De son enfance, de ses amours et de ses peurs. Quelques phrases seulement prononcées par d’autres. Et trop tard. Elle parlait peu et n’avait pas d’amis. Elle n’ouvrait sa porte qu’à ses enfants. Je sais à présent qu’elle avait peur du monde. Fille d’un violeur anonyme, elle était sans doute là quand des miliciens vinrent arrêter son père adoptif pour l’expédier à Buchenwald ? Je sais aussi qu’elle n’a jamais connu la tendresse. Celle qu’on peut attendre d’un être aimé. Et qu’elle n’a jamais pu, ou su, vraiment aimer. Je la regarde assise à mes côtés. Autour de nous, des regards vides. Toute la sourde douleur d’êtres en détresse. Et elle, si petite, si menu. Si fragile. Les jambes et les genoux serrés, elle noue et dénoue ses mains légèrement bleutées. C’est sa façon de crier, essaie-t-elle de me dire. Toute sa vie, elle aura ainsi retenu ses angoisses et ses colères. Son amour aussi. Je ne la quitte pas des yeux. Et le temps passe. Lourd. Il étend son ombre. Toujours plus dense. Je ne saurai jamais ce qu’elle cache. Quelques images et quelques mots resteront. Toujours les mêmes. Si peu pour une vie !
 
 
 
 
 
 

Moments de vie : Je n’oublie pas que ce jour est celui de l’Épiphanie.

 
 
 
 
 
Ve.6.1.2023
 
Moment de vie.
 

Ils sont trois ou quatre sur l’axe reliant la place de l’hôtel de ville et le quartier de Bourg. D’autres seront un peu plus loin sur la promenade des Barques, postés à hauteur de la passerelle enjambant le canal de la Robine. Et d’autres encore ailleurs en des lieux parmi les plus fréquentés de la ville. Et ce tous les matins. Outre cette parfaite connaissance de ma petite cité et de ses mœurs, j’ai pu constater chez eux la grande diversité de leur composition et la constance de leur « engagement » Toutes les catégories d’âge et de sexe y sont en effet représentées. Avec le plus souvent une parfaite égalité homme-femme. Ils semblent heureux d’être ensemble et bavardent gaiement autour de leur présentoir mobile.

J’ai toujours trouvé les fins et les débuts d’année un peu tristes.

       
 
Me.4.1.2023
 
Moments de vie.
 
J’ai toujours trouvé les fins et les débuts d’année un peu tristes. On sait ce qu’on quitte, à jamais perdu, et ce qui nous attend, souvent imprévisible. Imprévisible et gros de tous les possibles. En bien et en mal ; en joies et en peines. Fort heureusement d’ailleurs. Imagine-t-on un monde programmé et attendu, à ses effets sur chacun d’entre nous ? Un monde sans incertitude, sans tourments, sans angoisses. Je pensais à cela dans la salle d’attente du centre de biologie dans lequel j’étais ce matin. À l’exception du personnel, il n’y avait que des personnes âgées. Grises et mal vêtues, assises, elles regardaient leurs souliers. La fatigue ou la maladie marquait leurs visages. J’avais l’âge de certaines et pourtant j’étais beaucoup plus jeune en pensée. Et je restais debout. Et il faisait très beau, et je savais que j’irais marcher le long de la plage cet après-midi. Ainsi, je symbolisais ce moment et réduisais l’incertitude de mes analyses. Chacun d’entre nous vit ce genre d’expérience, me disais-je. La raison y a sa part, certes. Mais celle du caractère, du sentiment ou une certaine manière d’appréhender, de voir et de sentir le « monde », souvent la précède, l’enveloppe, la drape. Je me disais aussi, que cette dernière part, qui fonde la culture, ne me semble plus le souci du monde qui vient. Son type d’humain serait plutôt du genre programmé et prévisible.
Le vent du Nord s’est levé cette nuit. Avec lui, l’épaisse couche de nuages gris qui jusqu’ici couvrait nos têtes s’est dissipée. Il faisait plein soleil sur la plage. J’ai marché sans tourments ni angoisses. Le corps léger. Tout avait du sens autour de moi !
 
 
 
 

Romy est entrée dans la ronde de la vie…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Sa.31.12.2022
 
 
Elle s’appelle Romy. Elle est déjà belle. Romy est notre arrière-petite-fille. Elle est entrée, à l’orée d’une nouvelle année, dans la ronde de la vie. Son petit frère Milo et son petit cousin Gianni lui tiendront bientôt la main. Nous les regarderons alors danser, chanter, le plus longtemps encore.