Les Assises nationales de la qualité de l’environnement sonore s’ouvrent aujourd’hui, mardi 14 décembre. Trente cinq ans depolitique contre le bruit, et des enquêtes d’opinion qui se suivent et se ressemblent. Pour deux français sur trois le bruit est une nuisance. Un niveau d’insatisfaction qui ne baisse pas. Bien au contraire! Ce qui fait dire àDominique Harbaultque « Toute la réglementation est basée sur les décibels… or cela ne suffit pas à expliquer la gêne, qui est liée à de nombreux autres facteurs. ». Et d’expliquer que des travaux sont en cours autour de la « sonie », qui permet de prendre en compte le « ressenti » du bruit. Ah! ce maudit ressenti…Qu’on ferme une boîte de nuit et ce sont les pas du voisin qu’on entendra. Qu’on constate une montée de la violence et c’est un sentiment d’insécurité qu’on diagnostiquera. Qu’on se désole du brouhaha politicien et c’est une sensation de vide démocratique qu’on théorisera…A croire que le ressenti n’a pas d’autre réalité que subjective. Que sa source n’est pas dans le réel social et politique. A Narbonne, le thermomètre affiche 5 degrés. Mais avec le vent du Nord qui souffle à 90 kilomètres à l’heure, mon ressenti, lui, bien réel, tourne autour de 0…Comme celui éprouvé à l’égard d’un discours dominant qui, s’effrayant d’un réel aux effets dissolvant, nous serine à profusion des » ressentis » culpabilisants…Gare au retour du refoulé!
François Bayrou a été réélu (94,69 % des voix lors d’un vote effectué par Internet) à la présidence du Mouvement démocrate (MoDem) a annoncé, dimanche, à Paris un cadre du parti ( !), François-Xavier de Peretti, à l’ouverture de son troisième congrès.Et« Le Point » de titrer : « François Bayrou, triomphalement réélu à la tête du MoDem ». Triomphalement ! Bigre ! Seul candidat en lice, élu avant son congrès avec un taux de participation de 26,40% et à la suite d’une série électorale catastrophique pour son parti, on se dit que la rédaction du Point à du triomphe une définition peu glorieuse…et sans péril. Au point de se demander si cette inflation sémantique ne vise pas à masquer la dévalorisation politique de cet homme et de son mouvement. N’est ce pas Francis Bacon (1561-1626) qui disait : « La gloire ressemble au marché ; parfois, quand vous y restez quelque temps, les prix baissent. » Rien de changé sous le ciel des idées …
Que noter aujourd’hui qui n’ait l’air d’une reprise (dans tous les sens du terme) de ce que les médias nous font entrer dans la tête du soir au matin ? Puisqu’il est établi une bonne fois pour toutes que si la neige tombe en abondance, les chinois restreignent les libertés, les juges libèrent les truands (et emprisonnent les policiers), le climat se réchauffe, les déficits se creusent, la santé se dégrade, l’éducation n’en parlons pas et tout le reste à l’avenant, la faute en revient à nos gouvernants et que les solutions sont dans les serviettes de leurs opposants, pensons à autre chose. Je ne sais pas moi ! A la chapelle des Auzils, tout en haut de la Clape, avec pour horizon la mer et la chaîne des Pyrénées, à Andrée Chédid et son dernier livre de poèmes, à cet espagnol de 90 ans rencontré ce matin qui connut bien mon grand père, à cet homme ou cette femme inconnue qui me tendait la main, à cette amie et mes étoiles… A tout ce qui fait l’étoffe de nos vies. A ces mouvements du corps et de l’âme qui me font tourner le dos au spectacle du monde, enfin. Un spectacle qui, en ce temps d’Avent, nous en présente la forme la plus vulgaire et la plus mercantile dans ses marchés de Noël: des baraques en rondins synthétiques couvertes de coton et remplies de pacotilles. L’image même d’une société tombée dans l’oubli de sa culture et dopée au dérisoire. Prête ainsi à s’offrir à tous les marchands d’illusions…
La semaine passée aura donc été celle de WikiLeaks. Cette machine à « révélations » prétendument planétaires mais exclusivement américaines qui fait trembler les « puissants » de ce monde. La méthode est, il est vrai, novatrice. Elle fait les beaux jours d’une presse « sérieuse », qui légitime le vol de documents au nom transparence. Le citoyen doit tout savoir, absolument tout, de ce qui se dit, se fait, se pense, se rêve, se trame partout où des puissances, des pouvoirs locaux, micro-locaux, d’États, ou d’entreprises prétendent agir au nom d’un « intérêt général ». Non pas en Chine, en Iran et dans les dictatures de toutes sortes ! Non, non! Trop compliqué et trop dangereux. Mais ici même, dans nos sociétés démocratiques présentées comme les seules responsables de tous les maux subis par l’humanité entière. De l’Histoire en direct en quelque sorte ! Où tout le monde devrait pouvoir écouter tout le monde, la méthode important peu. Au point qu’on se demande au nom de quels principes les journalistes eux-mêmes, qui légitiment et tirent profit de ces pratiques, devraient s’indigner d’être mis sur écoute ou de constater le vol de leurs ordinateurs et de leurs poubelles. Dans une société où les règles de responsabilité, de confidentialité et d’auto censure ne sont plus considérées comme devant réguler et modérer les rapports entre les hommes et les institutions, tout est en effet permis. Hier, un valet de chambre enregistrait les conversations de Madame Bettencourt.Tous les jours des PV d’auditions sont publiés dès la sortie de témoins du bureau d’un juge. Aujourd’hui, on balance des mémos diplomatiques… Demain, c’est le journaliste du » Courrier des Corbières » qui sera suivi par Google ; et après-demain on viendra fouiller dans mon courrier et celui du voisin. Sur Internet ou dans nos boîtes aux lettres. Enfin transparents! Et sous le joug permanent et inquisitorial de tous.
Il paraît qu’un nouveau mouvement écolo s’amorce. Celui des « pas lavés » ( unwashed ). L’information nous est donnée par le New York Times du 29 octobre et Dominique Lecourt la commente dans la Croix de ce jour. La vision de ces activistes d’une pure nature serait de ne pas en contrarier l’ordre et de commencer tout d’abord par économiser son bien le plus précieux : l’eau. Une douche par semaine et un shampoing par mois figurent donc naturellement à leur programme. Viennent ensuite les antitranspirants. Cancérigènes, ils seraient à proscrire de nos toilettes matinales. De plus, leur usage inconsidéré alimente les profits d’une grande industrie qui a tout intérêt à entretenir nos angoisses d’ odeurs corporelles désagréables. Chacun d’entre nous ayant son parfum naturel, il n’aurait pas lieu d’en avoir honte nous disent en effet les « pas lavés « . Bien! le problème est qu’à suivre ces radicales recommandations, on , passez-moi l’expression, pue. Imagine-t-on en effet le métro parisien, aux heures de pointe, si ce mouvement vert contaminait les nôtres ( de verts). Enfin ce serait réduire le corps humain à sa seule dimension physique en oubliant que la toilette n’est pas synonyme de nettoyage.Et que l’homme n’est pas l’égal du singe. Comme son idéal n’est certes pas de transformer notre monde en monde de « crados »!