L’actualité selon Renard ( Jules ).

Semaine riche en petites et ridicules mesquineries politiciennes, dont j’ai brossé le tableau en prenant dans le  » Journal de Jules Renard 1894-1904 « , en toute liberté et à ma fantaisie, quelques figures de son bestiaire.

 » Les éléphants s’approchent l’un de l’autre, croisent leurs trompes et se soufflent dans la bouche comme pour se demander s’ils n’ont pas l’haleine trop forte. Leur soupir gonflerait une voile. Puis ils dansent, plutôt de la tête que des pieds, en l’honneur du monsieur. Et toute cette masse molle, et ce petit oeil comme un oeillet dans un gros sac. »

« Baïe met un escargot à côté d’une tortue, pour voir ce qu’ils vont se dire. »

 » Les coudes levés, les poings aux yeux, la grenouille pleure. Les deux pattes de devant sur une pierre, les yeux hors de la tête menaçante, très « quos ego !… » Mais elle ne trouve rien à dire « 
 
« Les oies mangent en marmonnant je ne sais quoi. Elles vous regardent de leur paire de boutons et portent leur bec comme un sifflet. Leurs trous de nez pincés et rapprochés les font parler du nez. Elles ont un petit oreiller blanc au derrière. Elles naviguent en marchant, et leur queue va et vient comme un gouvernail. »

« Le rat au bout de la branche, le chat sur le tronc. Ni l’un, ni l’autre ne bouge. Coup de fusil. Le rat tombe. Le chat vole, flaire et s’éloigne, un peu étonné tout de même de sa puissance. »

Et cet  « … âne qui essaie de pleurer, et qui ne peut que braire. « 

Le cri de la bécasse.

Sur RTL, Ségolène Royal a déclaré que Nicolas Sarkozy ne « se rend même plus compte de ce qu’il dit » : « Il croule sous l’argent et ne se rend pas compte que les gens sont désespérés ». Croule, du verbe crouler: » s’affaisser,s’effondrer;crier en parlant de la bécasse. »  Bécasse:  » femme sans esprit. «  Sans commentaires…

La tyrannie des bruyants.

 

Afficher l image en taille réelleAvec l’été, la tyrannie des bruyants se déploie dans tout l’espace public. Des cités au coeur des villes la même loi de la jungle qui, nuits après nuits, fait endurer aux plus pauvres et aux plus faibles musiques et pétarades de toutes sortes. Dans les faits, quel recours ces personnes ont-elles ? Aucun. Certes, le phénomène n’est pas nouveau : dans une lettre adressée le 30 mai 1937 au maire de Fontenay-aux-Roses, Paul Léautaud se plaignait des abus de la TSF : la rue où j’habite, écrivait-il, « commence, comme elle l’a été tout l’été dernier, à être inhabitable, journées et soirées, par les excès de sons auxquels se livrent les habitants de certains pavillons qui non seulement font marcher leur appareil au plus haut diapason, mais encore en tenant leurs fenêtres toutes grandes ouvertes, ou en plaçant même ledit appareil dans leur jardin. La liberté, vous le savez, c’est le droit pour chacun de faire ce qui lui plaît jusqu’à la limite du droit d’autrui ». Rien de neuf sous le soleil donc, sauf que le nombre d’appareils sonores a été multiplié jusqu’à saturation et que les places et les terrasses de nos villes sont privatisées à outrance au profit de bistrotiers qui racolent le chaland estival et nocturne à grands concerts de débiles décibels. Et ce avec la bénédiction d’élus résidants en général dans des quartiers protégés de cette dictature du bruit, dictature qu’ils présentent au demeurant comme  » une contribution citoyenne  » à leur propre politique culturelle. On en viendrait presque, dans ces conditions de pollutions sonores, à se féliciter d’une météo pourrie tant le beau temps est désormais devenu pour beaucoup une véritable calamité. Il est donc temps de partir à la reconquête du droit au silence, sans la  » crainte démocratique  » de passer pour un ringard ou un gêneur. Et de proposer, comme la nuit, qui disparait sous les lumières urbaines, que le silence figure au patrimoine de l’humanité…

Le temps retrouvé.

Un de mes facétieux amis narbonnais m’envoie cette information pêchée dans les eaux d’Internet:  » M. Bernard Lourtet , Directeur régional des Renseignements Généraux quitte le Limousin pour rejoindre la Haute-Normandie. Il est remplacé par M. Patrick Nappez.« . (!!!) Stupéfait, je lance une rapide enquête.Passer du journalisme à  » la grande muette » ne m’avait pas semblé, en effet, totalement idiot. Surtout en ces temps de crise où la presse régionale  » prend le bouillon « . Après tout, c’est un peu le même métier : collecte de l’info, entretien des sources, manipulation des esprits, compte rendu de manifs ou de conseils municipaux etc, etc… En réalité, l’homonyme dont il est ici question partirait en congés sabbatique.Un an, six mois sans doute.Un temps de  » jachère journalistique » sans que personne n’exige le paiement de ses dettes déontologique ou morales.Un temps pour se retrouver, on le lui souhaite, après sept années de temps perdu à se chercher une vaine identité de « justicier de l’info » et de « procureur de la com »… Paul perdit ses certitudes sur la route de Damas. Patrick aurait-il perdu les siennes dans les « pompes » politico-ecclésiastique de Tolède?