Combattre!
A propos des sondages, qui pleuvent en ce moment pour ne pas dire toujours, Bourdieu disait qu’ils représentaient : « Le savoir des apparences et les apparences du savoir ». Il ajoutait, pour légitimer son combat et son savoir, que la sociologie était un « instrument d’auto-défense contre la domination symbolique et ses producteurs : journalistes, enseignants etc… ».
Sur ce dernier point, si je me sens au combien solidaire de son combat, sans contester l’intérêt de l’approche sociologique, j’aurais plutôt tendance à pencher pour la philosophie. Comme Socrate ( hum ! ), j ’interroge, mais ne prend jamais pour argent comptant ce qu’on me répond…
Le grand bleu à Narbonne!
Les F.R.A.C ont été créés par Jack Lang pour soutenir le » marché de l’art contemporain » . J’ai vu naître celui de la Région Languedoc-Roussillon. Quelques achats de toiles et installations à des artistes déjà passablement reconnus ( on se demande encore pourquoi un Pierre Soulages, qui l’était déjà grandement, figure dans ce catalogue! ) puis très rapidement du grand n’importe quoi. Un immense bazar où s’expose, comme le dit si bien Olivier Cena, » le blanc souci du rien « . Aujourd’hui, le problème posé est celui du stockage de ces 1200 oeuvres ! réalisées par 425 artistes !!! Des millions d’Euros d’impôts stérilisés. A multiplier par 22 régions! Une gabegie » progressiste » que seule la France s’offre encore . A Narbonne, cet été, pour faire moderne et soulager la bonne conscience de nos élus soucieux de culture , on a sorti quelques » machins « , présentés par un nommé Latreille – ça ne s’invente pas! – dans un pathos à la mode vide de sens, sur le thème: du grand bleu. Un gros bluff et un grand » Plouff! « . En témoigne le livre d’or, si on peut dire, où des visiteurs en colère ont consignés leur exaspération devant tant d’arrogance et de coupable légèreté quant à l’usage fait de leurs impôts. Comme cette dame, le nez collé au mur, j’ai pourtant, et désespérément, cherché le sens de cet invraisemblable déballage. Pour n’y trouver que le signe de l’ omniprésente bêtise de nos commissaires politiques de la culture et le triomphe d’un relativisme esthétique qui marque la fin de l’art tout court…
Y a d’la joie…
La saison des festivals, fêtes, fiestas, férias est terminée. Enfin! « Si tu ne viens pas à la fête, la fête viendra à toi » disait Philippe Muray. Elle est venue,grosse et braillante. Vulgaire! Il est cinq heures ce matin et les employés municipaux ont la gueule de bois. Le regard vide, ils traînent leurs balais sur des chaussées jonchées de papiers gras, de gobelets et de canettes écrasées . Au coin d’une rue, un petit tas d’humains cuve son vin. Narbonne s’éveille! Le « festival Trénet » est terminé. Une offense au poète ce label. Nous fûmes loin, si loin, de l’élégance et de la légèreté du « fou chantant ». Quelques étincelles cependant, comme samedi, sur la terrasse de l’ancienne bibliothèque. Un poème de Reverdy, sur un mur du Conservatoire nous faisait clin d’œil et saluait les artistes.Le reste? Des « bodegas » technos en feu, une programmation racoleuse, des « stars » inaudibles, un animateur stupide, un orchestre surdopé, et des agapes à 120 euros pour des élus et collaborateurs d’élus invités venus écouter Gréco « se déshabiller ». A 84 ans ! On a frisé l’overdose. Par bonheur tout cela est fini. On va pouvoir saluer l’automne en trinquant face à la mer sans être gêné par des forêts de parasols et des odeurs d’ambre solaire. En attendant la rentrée ! Qui sera tout aussi chaude , bruyante et chargée , évidemment! Comme chaque année ! Y a d’la joie…Je vous le dit, partout partout, Y a d’la joie…
Scène d’un antisémitisme ordinaire et moderne.
Ce matin, à la terrasse d’un café. Un jeune homme, qui tient boutique sur la même place, s’assoit à ma table sans que je l’aie invité.