Compétence et incompétence dans le cynisme politicien pour évaluer la politique ?

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Jean Pierre Le Goff.


Samedi ! Et si on prenait un peu de hauteur pour penser cette folle semaine médiadico – politique, et ce spectacle désolant de la décomposition d’une partie de nos « élites » … Pour cela quatre extraits de l’analyse de Jean-Pierre Le Goff :

On ne brandit pas la morale contre ses adversaires impunément. La gauche se prévaut d’une supériorité morale en se voulant le dépositaire attitré d’une certaine idée du Bien. Cette prétention s’est effondrée à travers une série d’affaires dont les plus récentes et les plus marquantes ont été l’affaire DSK et l’affaire Cahuzac, mais cela ne l’empêche pas de continuer à faire semblant. Les mensonges et les dénégations face à des faits avérés apparaissent d’autant plus scandaleux que la gauche continue de faire valoir cette prétention morale… La politique a ses lois propres qui impliquent la ruse et le rapport de force, mais en démocratie tous les coups ne sont pas permis et l’activité politique s’exerce dans un État de droit. S’y ajoutent pour les politiques une exigence d’intégrité qui a valeur d’exemple auprès des citoyens et une éthique de la responsabilité qui entend répondre des effets non voulus de ses paroles et de ses actes dans une situation donnée. En politique, on ne saurait donc en rester à l’«éthique de conviction» et encore moins à l’éthique de la bonne intention et des bons sentiments.

On en arrive à ce qui peut apparaître comme un paradoxe: on peut être «authentique» dans ses convictions, son indignation et ses affects, en refusant de reconnaître les faits et d’assumer clairement ses responsabilités. Le mensonge authentique, affectif et sincère, constitue la version post-moderne du «mensonge déconcertant» consistant à affirmer tout et son contraire avec un pareil aplomb.

Quant aux leçons tirées de l’«affaire Taubira»par des commentateurs, elles en disent long sur la façon dont ils conçoivent la politique aujourd’hui: «amateurisme», «manque d’habileté», «erreur de communication…, comme si la politique se résumait désormais à des problèmes de management et de communication. Dans ces domaines, les conseillers ne manquent pas et ils font payer très cher leurs prestations avec les résultats que l’on sait… La compétence ou l’incompétence dans le cynisme politicien, telle semble être le nouveau critère pour évaluer la politique dans l’«essoreuse à idées» des grands médias audio-visuels et de nombre d’entreprises de conseils et de communication.

Ces différentes affaires jettent une lumière crue sur ce qu’est devenue la politique. Les règlements de compte se succèdent entre les camps et à l’intérieur de chaque camp dans une spirale délétère qui a tous les traits d’une autodestruction, au profit de l’abstention et des extrêmes. La scène politique tend de plus en plus à se confondre avec celle des grands médias et des réseaux dits sociaux qui se nourrissent de l’émotion et sont friands des scandales en tout genre. Une partie de la classe politique lui fournit de la matière. On se repasse les affaires de main en main en espérant mettre à bas son adversaire sous l’œil complaisant des médias. La machinerie politico-médiatique s’emballe et personne ne semble en mesure de l’arrêter. Ceux qui se croient les plus malins espèrent en sortir gagnants ou s’en tirer à bon compte. Mais ils se trompent …

 

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