Le parc d’activités fantôme du domaine Celeyran : un « scandale régional » !

 

Illustration : photo La Dépêche

   

Dans l’Indépendant de ce jour, j’apprends que les élus de la Région Occitanie ont décidé l’attribution d’un bail emphytéotique de 75 ans, au vigneron Gérard Bertrand  pour 138 hectares de terre, de bâtiments agricoles et de l’immense cave du domaine de Celeyran, pour un loyer annuel (fixé par les domaines) de 15 000 € par an. Un domaine de 330 ha qui avait appartenu à la famille Toulouse-Lautrec et acheté par l’ex-Région Languedoc-Roussillon en 2009, alors présidée par Georges Frêche, pour y réaliser un parc d’activités économiques (qui n’a jamais vu le jour). À l’abandon depuis, son château a été pillé : boiseries, lustres, tableaux, tentures, cheminées… Un véritable scandale, pourtant prévisible, et que j’avais déjà dénoncé dans un billet écrit  le 27 juillet 2016 : 

   

Voilà un article de l’Indépendant ¹  sur le Château de Céleyran qui tombe à pic. C’était le sujet de conversation, et de débat, avec Jean Pierre, lors d’un déjeuner chez un de nos amis communs, vendredi dernier. Je lui rappelais ma critique de l’époque ² quand  Georges Frêche avait annoncé, à grands coups de trompette, comme il en avait l’habitude, le rachat (8 millions €) du domaine en question (330 ha) – ancienne propriété de la famille Toulouse-Lautrec – pour en faire un Parc d’activités économiques régional .

Déjà je lui annonçais une « friche » à venir, et l’équivalent des  « Abattoirs de La Villette » ³,  à l’échelle du territoire. Et ce pour des raisons qui tenaient, et tiennent encore,  à sa situation géographique : en pleine zone d’urbanisation, environnementale : au milieu et à proximité de zones protégées, d’accès : pas de liaisons routières et autoroutières adaptées, d’aménagement : le développement en cours de ZA de l’Agglo sur l’axe Narbonne Lézignan avec de grandes disponibilités foncières, politiques : la création et l’aménagement de ZA relèvent d’abord de la compétence du Grand Narbonne, l’état du Château lui même rongé jusqu’à l’os par les termites etc… Nous y sommes, et dans quel état, et ne vois pas ce qui, objectivement, permettrait de réaliser les objectifs initiaux avancés lors de cette acquisition, comme le constate Jean-Luc Letitre dans son article du jour.

Mais voilà, c’était un temps où des élus et un président de Région pouvaient se permettre ce genre de  politique à  « coups » de projets présentés comme « structurants » – évidemment ! -, sans réelles et sérieuses études préalables, tout en se « foutant »  des points de vue, critiques et analyses de personnes qui, en leur temps, avaient pourtant eu à « gérer » ce type de programmes régionaux.

Reste, cependant, si on écarte l’irrationalité la plus totale dans la prise de décision concernant l’achat de ce domaine au seul profit « d’un coup politique » régional – j’en ai connu d’autres, sous d’autres majorités – à mettre éventuellement au jour les véritables motivations, et intérêts, des acteurs institutionnels à l’origine de cette affaire.

 

¹ L’article complet en format PDF en cliquant sur (ici)

² En 2009 !

³ Devenus symboles de gaspillage, les abattoirs de la Villette ferment leurs portes le 15 mars 1974. Ils ont été construits par Baltard à l’époque de Napoléon III. En 1959, on décide de les reconstruire. Le but ? Installer un marché d’intérêt national de la viande. Mais rien ne se déroulera comme prévu. En 1961, les travaux commencent. Mais le chantier prend du retard et ce n’est que trois ans plus tard, en 1964, qu’est achevé le bâtiment de stabulation et en 1967 que se finit la construction du bâtiment des abattages, prévu pour produire 450.000 tonnes de viande. Entre-temps, les coûts s’envolent et, surtout, avec le développement du transport frigorifique, l’abattage sur les lieux d’élevage est devenu beaucoup plus rationnel… Le chantier est arrêté en 1971. En savoir plus sur (ici) 

Mots-clefs : , , , ,

Rétrolien depuis votre site.

Commentaires (4)

  • Avatar

    Baxter

    |

    Pour des politiques l esprit cartésien n est pas l ordre du jour. Pas de prévisionnel il n ont pas faim et surtout ce n est pas leur argent

    Reply

  • Avatar

    VIALLE Jean-Pierre

    |

    Il ne fallait pas être grand clerc pour se rendre compte que ce projet de développement économique était voué à l’échec, il suffisait juste d’en parler avec ceux qui accueillaient les porteurs de projets économiques (mais c’étaient des sans grade donc sans intérêt), regarder une carte routière ou ferroviaire, considérer les projets bitterois, narbonnais ou lézignanais…Interroger des porteurs de projets…. Bref…considérer l’approche économique de tout chef d’entreprise…Coût de l’étude de faisabilité : 0 €

    Reply

    • Avatar

      Michel Santo

      |

      N’est ce pas Jean Pierre ? Sauf que certains élus n’ont pas de soucis de ce genre. Ils diraient que nous avons tous les deux qu’une vision comptable de la politique. On voit le résultat : une gabegie financière sans nom…

      Reply

Laisser un commentaire

Articles récents