Les frondeurs accélèrent la décomposition – et la recomposition, mais laquelle! – du PS!…
En obligeant à nouveau le gouvernement à utiliser l’article 49 alinéa 3, cette fois-ci pour faire adopter le projet de loi sur le travail, et en déposant une motion de censure, les «frondeurs» confirment bien que le pouvoir socialiste est désormais leur principal adversaire. Leur véritable objectif était en effet de lui infliger une défaite en rase campagne. Deux hypothèses peuvent alors être avancées.
Tout d’abord celle d’un projet de recomposition partisane de la gauche après une défaite anticipée et considérée comme certaine en 2017, qui n’en conserverait que la partie antilibérale; puis la création d’une nouvelle formation réunissant communistes, Verts, mélenchonistes et frondeurs socialistes. Hypothèse cependant peu crédible: les partenaires potentiels ne sont pas demandeurs. Celle ensuite de « frondeurs » se positionnant pour la bataille du prochain congrès du parti. Il s’agirait alors de prôner le retour à une ligne politique «authentiquement» de gauche, avec comme conséquence la marginalisation de Manuel Valls et le départ de Jean-Christophe Cambadélis de la direction du Parti. Un scénario qui, s’il se réalisait, pourrait avoir pour le socialisme français des conséquences graves. Et ce pour au moins deux raisons.
« La première est que les socialistes ont fait au cours de ce quinquennat la démonstration qu’ils ne pouvaient pas gouverner puisque la principale opposition au pouvoir est venue de leur propre parti. » La seconde est qu’en « favorisant par leur action les adversaires de gauche du Parti socialiste – partis et syndicats –, les frondeurs ont ouvert la voie à un rééquilibrage politique et électoral en faveur de ces derniers. La conséquence pourrait en être la perte du leadership socialiste sur la gauche ». Un leadership pourtant indispensable pour obtenir une victoire électorale. « C’est donc le mouvement régulier d’alternance au pouvoir entre la gauche et la droite, à l’œuvre depuis 1981, qui pourrait être interrompu pour longtemps avec pour conséquence grave la perte de la culture de gouvernement du Parti socialiste. »
On peut alors se demander si les frondeurs, plutôt que de subir les contraintes de la mondialisation, se conformer aux principes de l’économie de marché, honorer ses engagements à l’égard de ses partenaires de l’Union européenne et forger au pouvoir de difficiles compromis avec les syndicats réformistes, ne semblent pas préférer vouloir exercer dans l’opposition une classique et confortable fonction « tribunicienne ». Et ne plus être tiraillé par le remord d’avoir « trahi » sa « pureté » doctrinale, laisser la droite et le centre, dans une longue conjoncture où il n’y a plus rien, ou presque, à redistribuer, faire le « sale boulot ». Un choix stratégique qui, toutefois, accélèrerait le processus de décomposition du Parti socialiste avec, notamment, le départ de ses composantes réformistes… Une refondation, mais pour entrer dans l’histoire à reculons …
Billet largement inspiré et « tiré », pour les citations, de la tribune (1) de Gérard Grunberg, politologue, animateur du site Telos, paru dans la Matinale du Monde (édition abonnés) du 12 mai 2016, sous le titre: « les frondeurs accélèrent la décomposition du PS ».
(1) En version PDF, complète, ici: G. Grunberg.
Mots-clefs : Décomposition, Frondeurs, Gérard Grunberg, PS, Refondation
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Marie Labat
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Mélenchon pourrait gagner les présidentielles, alors !
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Michel Santo
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Je ne crois pas, et pense plutôt que FHollande se représentera. Le PS fera tout pour qu’à sa gauche il n’y ait pas de candidats en bloquant les signatures d’élus nécessaires. Reste à savoir si Macron partira ou pas…
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