Les « lumières » indiscrètes de Jacques Molénat sur les francs-maçons du Midi…
Jacques Molénat, qui vit et travaille à Montpellier, vient de nous livrer son dernier ouvrage : « Voyage indiscret chez les Francs-Maçons du Midi ». Un milieu que cet ancien journaliste connaît bien. Il y a consacré en effet de nombreuses enquêtes, notamment dans l’Express. Ce dernier opus les rassemble, après quelques nécessaires rectifications, tout en élargissement la perspective à la Provence, la Côte d’Azur et à la Corse.
Comme dans ces précédents titres, Jacques Molénat fait montre ici de « bienveillance » critique ; c’est dire que son voyage au plus près de la réalite et de la présence maçonnique dans la société méridionale », il l’effectue « sans vénération ni animosité ». Loin des suppléments estivaux d’hebdomadaires en panne de lecteurs et de publicité, cette fresque « d’ombres et lumières » est utile ne serait-ce que pour une seule raison : le Midi est une terre où les initiés y sont deux à trois fois plus nombreux qu’ailleurs en France. Pour illustrer et donner le ton de ce propos, Jacques Molénat précise d’emblée que le conseil municipal de Montpellier a compté sous la magistrature d’Hélène Mandroux, jusqu’à 40 % d’initiés et qu’à Narbonne, 53 000 habitants, avec quelques huit cents frères et sœurs, cette petite cité est vraisemblablement la ville la plus maçonnique de l’Hexagone… Entendons-nous bien, ce travail n’est pas celui d’un sociologue académique. On n’y trouvera donc pas des analyses fouillées en regard de courbes et statistiques mobilisant données démographiques et sociales. Ni d’études philosophiques ou politiques sur les raisons d’une présence maçonnique aussi prégnante. Son intérêt est d’offrir au lecteur, un rapide, mais très informé, coup de projecteur de Toulouse à la Corse, en passant par Marseille et les principales cités de l’ex-Languedoc-Roussillon, lui permettant d’approcher chacune de ces micro-sociétés dans leurs expressions les plus « profanes ». Leur diversité politique, intellectuelle et sociale y est bien mise en évidence, comme celle aussi des personnalités aux profils très divers qui y « travaillent ». Société humaine, la franc-maçonnerie a naturellement ses voyous et ses arrivistes, ses justes et ses sages ; et Jacques Molénat n’en cache rien « sous son stylo » . Un dernier mot enfin sur cette brève, mais très intéressante géographie humaine et sociale : loin de l’image d’Épinal d’une « élite éduquée » que les maçons eux-mêmes, souvent, veulent voir dans leur propre miroir ; loin des fantasmes agités par les adeptes de la théorie du complot permanent, la franc-maçonnerie, nous dit très justement Jacques Molénat : « plus qu’elle n’instrumentalise, est instrumentalisée dans le quotidien du pouvoir. »*
*De sa défaite en 2008, l’ancien maire de Narbonne (Michel Moynier) garde le souvenir cuisant de l’attitude d’un homme de son camp : Elie Aboud, alors député UMP de Béziers. En pleine bataille, le parlementaire avait glissé dans la presse des paroles aimables sur le socialiste Jacques Bascou et l’ultra droitier Jean-Louis Soulié. Ses adversaires ! « J’ai découvert peu après que tous trois étaient francs-maçons « . Page 73. Oui, certes ! Mais cela (les paroles aimables d’Élie Aboud) n’a strictement eu aucun effet sur le résultat final de cette élection…
Jacques Molénat : « Voyage indiscret chez les francs-maçons du Midi ». Éditions CAIRN. 18€
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GENESTE
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c’est vrai ..trop consensuel dans ses ouvrages Jacques ..mais çà se lit bien !!
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Antoine Balidar
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Y-a-t-il beaucoup d’autres coiffeurs – en plus de l’adjoint du Maire de Narbonne cité par l’auteur – chez les Francs-Maçons du midi ?
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Michel Santo
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À Narbonne, et à ma connaissance, il est le seul !
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