La polarisation sur le seul voile pour les accompagnantes scolaire est une faute stratégique. La question centrale est en effet celle de la neutralité dans cet espace-temps scolaire. Imaginons que demain, dans le contexte d’aujourd’hui où le droit est des plus élastiques, une accompagnante ou un accompagnant se présente devant des élèves en arborant un signe politique quelconque (la flamme du RN, la faucille et le marteau, les logos des différents partis) et largement visible surtout ; une croix en bois d’une dimension conséquente ou toute autre fantaisie vestimentaire ou décorative promotionnelle d’un engagement politique et/ou religieux. Rien donc ne pourrait l’interdire, au motif que cette personne serait « un usager du service public », selon le Conseil d’État, et dès lors exonérée de se plier aux exigences de la laïcité ? Le débat sur les sorties scolaires et les accompagnants ne se limite donc pas au seul voile ; s’y restreindre est entrer dans le jeu, et sur le « terrain », de ceux qui veulent en faire la promotion dans l’espace-temps scolaire. Tout signe distinctif politique et ou religieux devrait donc en être exclu. On éviterait ainsi tout procès en stigmatisation des femmes voilées accompagnante tout en étant parfaitement cohérent avec l’esprit des principes régissant nos lois laïques.
Ce matin, devant l’agence de la Société Générale, à quelques mètres de son entrée, un petit bonhomme, maigre et chétif, tenait en laisse un petit caniche aux poils roux, court sur pattes et à l’aspect souffreteux. Il le regardait, rêveur et attendri, pisser joyeusement sur le mur de la banque en question. La foule du jeudi matin — jour de marché — vaquait à ses occupations domestiques et balladeuses, indifférente, quant une dame en sortit vivement pour se précipiter vers le chien pisseur et son maître, la tête en avant, ses bras faisant de larges moulinets, pour les prendre violemment à parti : « Monsieur c’est dégueulasse ce que vous faites ! » L’autre, surpris par cette soudaine — et inattendue — interpellation, s’est aussitôt engouffré dans le hall de l’agence bancaire pour s’y planquer, tout en rouspétant et tirant de concert sur son chien paniqué, la patte arrière toujours relevée et toujours pissant, la furie hygiéniste à leurs trousses. Et là, coincé dans cette entrée et objet de l’attention de tous, ce monsieur s’est entendu dire, certainement pour la première fois de sa vie d’accompagnateur canin, un retentissant et définitif : « Monsieur, vous êtes un gros con ! ».
Chaque année, un jour de la même semaine du même mois de novembre, je m’arrête quelques instants devant la tombe du cimetière de Bages où, selon la formule consacrée que je n’aime guère, gisent Pierre Dumayet, sa femme et son fils. Elle est située à une dizaine de mètres du caveau devant lequel Simone dépose un petit vase de fleurs blanches — comme le faisait sa mère depuis toujours —,en mémoire de sa petit soeur morte en bas âge et de celle qui les avait toute deux mises au monde. Longtemps j’eus malheureusement à déplorer l’état dans lequel je la trouvais — elle me semblait tristement abandonnée — , jusqu’à m’en plaindre, à l’occasion,auprès de la maire du village qui, dépourvue de moyens légaux d’agir, ne pouvait hélas que m’entendre. Aujourd’hui, la voilà donc comme j’espérais qu’elle fut à jamais : simple, discrète, élégante,comme l’étaitce grand homme de télévision et cet écrivain pudique et réservé, rencontré jadis,par hasard, dans les rues de Narbonne. Il cherchait alors, un peu perdu, une pharmacie de garde, et me suis proposé de l’accompagner tout en ne lui cachant pas la joie que me procurait cette fortuite circonstance. Je ne sais évidemment pas à quelles mains l’on doit cette bienheureuse transformation tombale, mais le fait est que l’année prochaine, un jour de la même semaine du mois de novembre, je m’arrêterai désormais devant la sépulture de Pierre Dumayet le sourire aux lèvres.
*On lira avec profit, et plaisir, le beau dossier réalisé par les éditions Verdier (Lagrasse) en hommage à Pierre Dumayet (ici)
Gauche, extrême gauche, LFI, les indigénistes, le CCIF… nous rejouent, le 10 novembre, avec Mélenchon et Benattar en vedettes américaines, le scénario du film politico-religieux tourné à la fin des années 1970, à Neauphle le Château et produit alors par Rouhollah Khomeini, l’Ancien Guide de la Révolution de l’Iran. Une constante de cette « gauche progressiste » : s’allier avec les ennemis des libertés pour peu qu’ils visent les mêmes cibles : l’impérialisme « occidental » (en langage contemporains : l’ultra libéralisme ) et la démocratie libérale (la dictature des banquiers et de la finance).
Revenant de Peyriac de Mer, et de son cimetière, où nous allons chaque année honorer nos morts, passant devant l’admirable fresque du boulodrome de Bages, le village voisin où nous avions procédé au même rituel, je fus saisi, malgré l’attention que je portais à la conduite de mon véhicule, par une curiosité orthographique dans son titre qui me parut, dans le bref instant de sa vision, trop énormément fautive pour ne pas m’obliger à m’arrêter un peu plus loin sur le bord de la route et rebrousser chemin, à pied cette fois-ci, pour en vérifier, de près et de face, l’authenticité.