Contre-Regards

par Michel SANTO

Les préfets sonnent le tocsin!

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Le secrétariat général du Ministère de l’Intérieur, dans sa note de synthèse  sur le climat économique et social, datée du 25 octobre dernier, fait observer que   » Les préfets appellent l’attention sur la difficulté qu’ont les élus et les corps intermédiaires à produire du sens et donner confiance (…) « . Ce climat de pessimisme et de défiance alimente le discours des extrêmes sur l’impuissance des pouvoirs publics.» Produire du sens et donner confiance ! Voilà qui donne tout son sens en effet à la situation dans laquelle nous nous trouvons. Alors deux questions seulement. La première ! Qui peut croire qu’en orientant le débat politico-médiatique vers l’imaginaire danger raciste et fasciste, l’exécutif et sa majorité aurait enfin trouvé ce qui  » donnerait sens  » à leur politique ? Et la seconde ! Crois-t-on vraiment qu’en  « stigmatisant », comme Pierre Mathis dans son édito de l’Indépendant de ce jour «  une certaine France à la fois frustrée, inquiète et poussiéreuse » dans laquelle le fait d’être un « homme, blanc et hétéro ne protège de plus rien « , va redonner de la confiance au pays ? Déjà  » l’affaire Léonarda  » avait renforcé l’idée que le pouvoir et les médias se concentraient sur une question à des  »  années lumières  » de leurs préoccupations; et je crains fort que cette nouvelle séquence ne fasse qu’exacerber ce sentiment d’abandon tout en consolidant les extrémismes de tout bord. À lire et entendre journaux et radios ce matin, en effet, plus qu’une absence de sens, c’est le désarroi qui me semble désormais remplir seul les esprits de ceux qui nous gouvernent et font l’opinion. De quoi faire tomber les digues ! On ne manipule pas les symboles dans une telle situation sans courir le risque qu’ils vous reviennent en  » sens  » contraire… On y est !

64% des français contre la baisse des dépenses publiques, 67% contre la hausse des impôts ?

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Près des deux tiers des Français (64%) se déclarent hostiles à l’effort d’économies budgétaires décidé par le gouvernement en 2014, selon un sondage* Ifop pour le Journal du dimanche.  « Car il risque de détériorer les services publics et freiner la reprise économique » Touche pas à la dépense publique! semble donc être le mot d’ordre. Avec un bémol toutefois: la diminution du nombre de députés est plébiscitée (87%, 13% contre) et la fusion ou le regroupement entre les départements et les régions est réclamée par 62% (36% contre). J’en conclue que si l’on s’attaquait d’abord à ces deux derniers « gisements de productivité », les autres seraient peut-être acceptés… Enfin ! Mais comme notre peuple n’est pas à une contradiction près, je lis ce matin dans le Midi Libre que deux tiers des Français (67%) se disent être prêts à se mobiliser pour protester contre le niveau d’impôt et défendre l’emploi. J’en conclue que lier l’emploi à la baisse des impôts, n’est pas non plus idiot. Mais quand même, avec d’un côté 64 % des français contre la baisse des dépenses publiques et 67% contre la hausse des impôts, sans un sou dans les caisses et endettés jusqu’au cou, on n’est pas sorti de l’auberge ! Balle au centre, dans le trou, statut quo ; et en ligne de mire des boucs émissaires parfaits : l’Europe, l’euro, l’Allemagne… J’observe aussi que cet irrationnel 64%-67% correspond au vivier d’opinion dans lequel puise Marine le Pen. Ce qui ne me fait pas rire du tout !

Les français ! peuple régicide…

 

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Le revoilà, Manuel ! Une petite troupe d’imbéciles incultes et grossiers sifflent le Président sur les Champs, jaillissent pandores pour les expédier en garde à vue et Valls pour affirmer sur les antennes de télé son autorité; et défendre une République en danger. Un retour de zèle médiatique qui, malheureusement pour lui et son Président, aggrave encore un peu plus, si tant est que cela soit nécessaire, le déficit d’autorité d’un exécutif  sans prise sur l’ opinion; une opinion qui aujourd’hui va même jusqu’à contester la personnalité de François Hollande. Car, pour en revenir à cette réapparition télévisuelle de Manuel Valls et à ses coups de menton républicains, comment ne pas la tourner en dérision après que toute la France ait constaté sa désertion du champ de bataille breton où l’on cassait portiques et radars sous des nuages de fumées lacrymogènes. Je sais bien que Jean Marc Ayrault lui a préféré Le Foll pour distribuer des chèques . Mais de cette grande absence face aux « bonnets rouges » suivie de sa surexposition face à une poignée de « dangereux factieux d’extrême-droite », je crains que l’image de Valls, la seule qui encore pouvait donner un semblant d’autorité à ce gouvernement, en sorte , sans doute à son corps défendant,  colorée – pour ne pas dire brûlée ! – des mêmes teintes indécises et floues de son donneur d’ordre. Etrange et inquiétant climat où tout se passe comme si les Français, peuple régicide, attendaient qu’une étincelle mette enfin le feu à la plaine…Ce qu’à Dieu, pardon!, Marianne ne plaise…   

Hollande et Clemenceau !

 

 

 

 

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9 heures ce matin ! À 10 heures 30, François Hollande déposera une gerbe devant la statue de Georges Clemenceau, à l’angle de l’avenue Winston Churchill et de l’avenue des Champs-Élysées . Une première remarque ! Que nos hommes d’Etat, leurs discours et leurs gerbes semblent bien dérisoires au souvenir de cette guerre et de ceux qui la firent dans le sang et la boue. Et puis ce malaise après cet appel à la mobilisation de François Hollande : « Réformer, réunir, réussir, … faire bloc si nous voulons gagner les batailles qui, aujourd’hui, ne sont plus militaires mais économiques, et qui mettent en jeu notre destin et notre place dans le monde »  Oui, évidemment ! Mais comme le disait Clemenceau j’éprouve soudainement le besoin d’ajouter : « Il faut savoir ce que l’on veut. Quand on le sait, il faut avoir le courage de le dire ; quand on le dit, il faut avoir le courage de le faire.  »

Chroniques de Narbonne – mais pas seulement !

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L’argument souvent avancé par les responsables des exécutifs locaux, départementaux et régionaux pour justifier l’inflation de leurs budgets de « communication, est la nécessité de « vendre » leur territoire afin d’y attirer des entreprises , créer de la richesse et des emplois. Un argument bien pauvre en réalité. Il suffit pour s’en convaincre  de rapporter, en Languedoc-Roussillon comme dans ma petite ville qui se veut grande – mais elle n’est pas la seule – , les budgets consolidés en question  ( sur la durée de deux mandats, par exemple ) au nombre d’emplois effectivement créés. Point besoin d’alourdir cette chronique de références et de chiffres, tout le monde sait de quoi il en retourne sur ce sujet. Nous occupons le haut du tableau par la faiblesse de la richesse créée par habitant, le taux de chômage , le nombre de « rémistes » etc… Cet argument est d’autant moins sérieux que les dirigeants d’entreprise à la recherche d’un site où s’implanter disposent de services et de conseils qui savent comment traiter les luxueuses brochures et  forts couteuses « campagnes de communication » orchestrées par nos prodigues collectivités dont ils sont la « cible » : classement vertical ! Pour se faire une idée des avantages comparatifs de notre région, il leur suffit en effet de consulter les statistiques de l’INSEE ou celles, plus récentes et forts déstabilisantes,  de l’INPES. Qu’apprend-t-on ? Et  bien que la région où l’on consomme le plus d’alcool n’est ni la Bretagne ni le Nord-Pas-de-Calais mais… le Languedoc-Roussillon. Pas moins de 17% de la population y boit tous les jours, nettement plus que la moyenne nationale de 11%  ; que les taux d’ivresse sont les plus élevés et qu’on expérimente le plus facilement le cannabis ou la cocaïne. Il n’y a guère que pour l’usage des poppers ou des champignons hallucinogènes que le Languedoc-Roussillon se laisse devancer par la Bretagne. Un tableau peu reluisant évidemment en lien direct  avec le niveau de vie, le taux de chômage et la progression de la pauvreté puisque dans ces domaines aussi le Languedoc-Roussillon détient le titre incontesté de champion de France. Le Grand Narbonne, n’échappant pas – par quel miracle le pourrait-il ? –  à ces « pathologies sociales » symptomatiques d’un territoire en grandes difficultés. Loin de moi cependant l’idée que soient supprimées toutes les dépenses de communication des collectivités régionales ou qu’elles soient plus conformes à notre réalité économique et sociale  forcément désespérante – celle décrite par les chiffres officiels  – Non , le propos se veut plus raisonnable, moins masochiste – si on veut ! C’est de la propre « santé » de nos élus dont je m’inquiète surtout .  Car à les entendre réciter de « merveilleuses » fables pour justifier les coûts  exorbitants de leur tout aussi merveilleuse « communication institutionnelle » , je crains qu’ils ne finissent par se persuader que leur « territoire » d’élection  est bien conforme à celui complaisamment représenté dans les séduisantes pages glacées de leurs nombreuses et luxueuses brochures publicitaires. Ce qui s’apparente, me dit un ami praticien , à un trouble du langage bien connu des spécialistes en psycho-pathologie répertorié sous l’obscur substantif de psittacisme; et que le languedocien de base, plus prosaïque et doté d’un solide bon sens, présente comme celui si caractéristique et insupportablement répétitif d’un perroquet … Chez lui aussi, il est vrai,  les mots n’ont pas de sens !

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