Contre-Regards

par Michel SANTO

Narbonne n’est pas Avila !

 

 

 

 

 

 

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Dans ma petite ville (qui se veut grande, je ne le répèterai jamais assez, non mais !), comme à l’Assemblée, les « alternances » se suivent et finissent par toutes se ressembler. Dans la forme s’entend ! Ainsi la majorité (jadis dans l’opposition), vertueuse, gouvernerait en responsabilité, tandis que son opposition (naguère dans la majorité), démagogique à souhait, critiquerait sans vergogne et sans jamais se lasser. Un jeu de rôle classique dans ces séquences de notre théâtre politicien. Jacques Bascou et Michel Moynier, hier, en séance du conseil municipal de Narbonne, n’y ont pas dérogé. Le premier ayant donné les mêmes leçons de gestion qu’à l’époque Michel Moynier lui avait administrées. Une petite phrase à retenir cependant dans ces échanges « téléphonés ». Celle du nommé Ortiz, à ne pas confondre avec le toréro ni avec la prénommée Olivia, dont je recommande, au passage, son « monologue de Teresa », la sainte, cette aventurière du spirituel que sa vocation poussera à toutes les audaces ; un Ortiz donc, modeste employé de banque dans le civil et adjoint de Bascou aux finances qui, dans un élan spontané de lyrisme comptable s’est écrié : «  10 M€ de plus, ça fait une hausse de 50 %. C’est énorme ! On se donne les moyens d’accompagner cette crise » Accompagner la crise ? On se gratte la tête et on essaie de comprendre. Voulait-il dire qu’on va se déplacer avec, l’honorer, lui servir de protecteur, de guide, lui rendre les honneurs funèbres en l’accompagnant au cimetière ? Ou bien innocemment avouer son impuissance à l’enrayer, la freiner, l’endiguer ou la circonscrire cette satanée crise ? Autant dire qu’à ces sommets intellectuels où la grammaire s’égare, les mots ne sont plus que des mots et que la pensée s’affole. Hier, à Narbonne, nous étions vraiment loin d’Avila et de son héroïque et flamboyante fille…

Des fleurs au coeur de l’hiver, qui, dans l’hiver du monde, préparent le fruit….

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«Quand j’habitais Alger je patientais toujours dans l’hiver car je savais qu’en une nuit, une seule nuit pure et froide de février, les amandiers de la vallée des Consuls se couvriraient de fleurs blanches. Je m’émerveillais de voir ensuite cette neige fragile résister à toutes les pluies et au vent de la mer. Chaque année, pourtant, elle persistait juste ce qu’il fallait pour préparer le fruit.»

Dans ce texte de 1940 : l’Eté, Camus associe la fleur d’amandier à la force de caractère, qu’il définit ainsi : «Je ne parle pas de celle qui s’accompagne sur les estrades électorales de froncements de sourcils et de menaces. Mais de celle qui résiste à tous les vents de la mer par la vertu de la blancheur et de la sève. C’est elle qui, dans l’hiver du monde, préparera le fruit.»

Une force de caractère qu’il nous demande de ne pas oublier, de toujours mobiliser; une force propre à vaincre «l’esprit de lourdeur» et ses vertus gémissantes.

C’est au retour d’une petite randonnée dans le massif de la Clape, hier, par vent violent, pluie et grésil mêlés, que cette méditation de Camus m’est vaguement revenue à l’esprit.

Devant mon clavier, une branche d’amandier. Je l’ai ramassée au pied de son arbre … 

Les amis Facebook !

 

 

 

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Sur les réseaux sociaux : Facebook, Linkedin, Twitter, etc… ,  le nombre « d’amis » serait, paraît-il, un gage de qualité . Et les « sans », à l’école et au bureau, seraient moqués ! En 1973, un sociologue américain Mark Granovetter, professeur à l’université Stanford, avait déjà théorisé et popularisé cette idée : « Il vaut mieux avoir de nombreuses relations superficielles que peu de vrais et bons amis pour trouver du travail et réussir sa vie ! » Ce que viennent d’ opportunément démentir deux autres chercheurs de l’Université de Virginie. Pour eux, a contrario, : « Les chances d’obtenir de l’aide sont  supérieures si l’on a peu de relations, mais que celles-ci sont intenses ». En période de crise, surtout, précisent-ils, cependant. Comme actuellement ! Il aura ainsi fallu de longues et coûteuses recherches pour finalement arriver à cette conclusion connue depuis des siècles et contenue dans ce toujours vivant adage : « C’est dans le besoin qu’on reconnaît ses vrais amis ». En général suivi d’un fataliste : « … et on les compte sur les doigts d’une main ! » Une intemporelle vérité que chacun d’entre nous a pu, un jour , doit-on dire hélas ?  vérifier …

Limites éthiques de l’Assemblée ?

 

 

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Le jeune et sympathique député Erwann Binet, rapporteur du projet de loi sur le mariage homosexuel, a déclaré que la consultation du Comité d’éthique, notamment sur la PMA, était « un déni de démocratie ». En d’autres termes : « Vous avez éthiquement tort, parce que vous êtes politiquement minoritaire ». Trop fatigué sans doute, Monsieur Binet avait oublié que l’installation de ce comité était du à la volonté de François Mitterrand et sa saisine sur le sujet initié par le « chef » de sa majorité. Je ne sais pas si le projet de loi sur la famille annoncé en mars sera discuté cette année, mais il promet d’être politiquement animé ; surtout si l’avis consultatif du Comité  national d’éthique est réservé. Un beau et vif débat en perspective sur les « limites morales » d’une majorité représentative à l’Assemblée. On ne va pas s’ennuyer !

 

Ils fument encore, à la table de Saint Crescent !

 

 

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Stendhal l’avait déjà noté dans son Journal de Voyage daté de 1838. Narbonne ! « C’est la patrie du vent. » Le Midi Libre, en dénombre quatre. Quatre vents qui font l’accroche d’une rubrique quotidienne. Y sont rapportés les « on-dit », les rumeurs, les potins de la petite « société » narbonnaise ! On y médit et ironise, on se croirait dans un dîner en ville, mais sans méchancetés. Ainsi, savons nous que  Gérard Dubois, notre ancien sous-préfet, était très en verve, l’autre soir, à la table étoilée de Saint-Crescent. Montaigne, la bonne chère et les cigares ont été invoqués devant une assistance fournie en notabilités. Une exotique pipe aussi a été honorée : le calumet de la paix, par les Amérindiens des plaines autrefois utilisée pour, avec leurs Dieux, communier. Il est vrai que Jacques Bascou, le maire, Didier Mouly, le fils de l’ancien maire ( qui ne rêve, à son tour, que de le devenir ! ) et Hervé Fraisse, le délégué de Patrice Millet ( qui lui, tous les matins,  y pense ) étaient de l’honorable tablée . L’occasion, pour les membres de ce « club » huppé de fumeurs de havanes, de disserter sur leurs qualités afin de les départager. Le partage d’expériences, comme pour un vitole, importe en effet ; comme importe aussi son origine, l’ aspect et son remplissage. Enfin, surtout, surtout, il convient, à la bonne mine des vendeurs, de ne jamais se fier . A ma connaissance, Gérard Dubois et ses amis fument encore ! Les effluves du calumet de la paix n’ont toujours pas permis, au « grand esprit » des Amérindiens convoqué, de les aider à distinguer, des trois, le mieux doté. Quoique, en secret…