Contre-Regards

par Michel SANTO

20/20, pour tous!

 

Vingt personnalités signent un appel (accessible sur Internet à l’adresse www.suppressiondesnoteselementaire.org) pour réclamer la disparition des notes à l’école élémentaire (du CP au CM). Parmi les signataires, Daniel Pennac, Marcel Rufo, Michel Rocard ou encore Axel Kahn. Ils estiment que « ce système de notation, et l’obsession du classement, crée dès l’école élémentaire une très forte pression scolaire et stigmatise les élèves ». Avec pour conséquences, toujours selon eux : « fissuration de l’estime de soi, absence de valorisation, détérioration des relations familiales et souffrance scolaire ». Après le sexe, la couleur de la peau, la religion, les prénoms et les noms, les quartiers de résidence, les collèges et les lycées de scolarisation, le métier exercé, le statut de chômeur, celui de r-émiste, de femme au foyer, d’obèse, d’anorexique, de… de…, voici à présent la note à l’école élémentaire présentée comme une « technique de gestion sociale » stigmatisante à la limite de la torture psychologique. Ce qui, en effet, est proprement scandaleux. Aussi, en attendant   que ces victimes soient enfin reconnues et correctement indemnisées par nos tribunaux, je suggère à ces éminents spécialistes de proposer au nouveau Ministre en charge de l’éducation de nos chers enfants, la distribution universelle et obligatoire de la seule note 20/20. A tous les élèves, dans toutes les matières et pour tous les devoirs. Devoirs! J’ai dérapé, zut! Pardon!

La société du divertissement.

 

Unknown-2

 

 

Depuis quelques semaines, on observe, sans vraiment s’y intéresser plus que de raison, la petite et vaine agitation politico-médiatique produite par l’annonce, aujourd’hui réalisée, d’un imminent remaniement ministériel. Trop tard, trop long, Borloo contre Fillon, Fillon contre Borloo… Bref, les commentaires ont plu et continueront à tomber encore pendant quelques temps. Inutiles et farfelus. Personne n’ayant voulu relever que Nicolas avait pourtant annoncé qu’il remanierait après la réforme des retraites. Ce qu’il a fait. Et qu’il continuerait sur la même voie. Ce qu’il vient de faire en renommant le premier ministre sortant. Tout, dans cette affaire, le fond comme la forme ressortit donc du non-évènement. Une sorte de vide politicien. Du rien néanmoins transformé par l’industrie médiatique, la vanité de quelques uns  et l’ennui de beaucoup en divertissement. Qui les occupe tous entiers et les dérobe à eux mêmes…

Eloge de la médiocrité.

 

Je feuillette un de mes nombreux carnets (remplis ou pas, de différents formats de poche…) dans lesquels j’ai pris l’habitude de consigner les livres à acheter ou à consulter, les idées récoltées aux terrasses de café ou à l’écoute, volontaire ou pas, d’une radio, les tics et phobies de mes « amis » internautes, les miens aussi, quand ils me sont gentiment rapportés. Il porte en couverture et en titre : « Tour de France 2008, du 5 au 27 Juillet » et en accroche :  » Le Tour toujours « . Attribuant ainsi, de façon tout à fait inattendue et salutaire, un statut un brin dérisoire à des notes pourtant emplies de sérieux. Les premières de la première page (pas de date !), je les ai pêchées chez Renan (Pensées de 1848 : l’avenir de la Science), qui affirmait  » Ma religion, c’est le progrès de la raison, c’est-à-dire celui de la science « . Pour, vingt ans plus tard, nous dire :  » Notre siècle ne va ni vers le Bien, ni vers le Mal ; il va vers le Médiocre.  » Avouons que des générations d’êtres humains du vingtième siècle, broyées par l’histoire au nom d’idéaux se réclamant du Bien, se seraient satisfaites de cette « médiocrité » envisagée par Renan ; une « médiocrité » dont je me demande, aujourd’hui, si, finalement, elle n’est pas le meilleur des remparts contre toutes les tentations totalitaires et totalisantes (1).

(1)  L’extrême esprit est accusé de folie, comme l’extrême défaut ; rien que la médiocrité n’est bon. [Pascal, Pensées]

A chacun sa Chimère.

 

Il est des auteurs qui finissent toujours par ressembler à quelqu’une de leurs créations. Ainsi de ce Dominique, qui, tous les jours, se place aux extrémités de tous les toits médiatiques pour y clamer la haine de ce Nicolas. Comme une gargouille dont il fit du cri le titre d’un de ses essais. Une gargouille qui prend la pose et surjoue. Comme cette Chimère de Notre-Dame qui, penchée vers le sol, semblent se repaître du spectacle des turpitudes de l’humanité.

Priez et se taire?

 

Afficher l'image en taille réelle

 

 

 

 

Mardi 2 novembre, vers 18h30, alors que Bruno Garrouste célébrait la messe pour les défunts dans l’église du quartier sensible du Viguier à Carcassonne, deux jeunes adolescents d’origine maghrébine sont entrés dans l’église et ont lancé des pierres sur les fidèles qui participaient à l’office. Une profanation qui a laissé de marbre les autorités publiques locales. Mais qui les auraient certainement jetées dans la rue en même temps que l’information propagée sur l’ensemble des chaînes de télé et de radios nationales si elle avait eu lieue dans une mosquée. Ainsi va le filtre médiatique qui, de deux faits sociaux parfaitement identiques, fait de l’un un banal incident de quartier et de l’autre un odieux sacrilège raciste. Du premier, un vague et inutile bruit de fond et, du second, une forte et très rentable information. Une forme de discrimination positive bien à la mode dans les milieux « progressistes » qui assimilent encore l’Eglise et les chrétiens à la classe dominante. Une discrimination validée par des médias pour qui  le jeune musulman de banlieue opprimé est en effet plus vendeur sur le marché de l’indignation morale que le chrétien «  caillassé » du même quartier. Ne resterait-il , pour ce dernier, sur le parvis du droit à la dignité, que celui de prier? Et de se taire ?…

Articles récents