Il est grand et massif. Et à demi chauve. Le visage pâle, fermé, il attend le client. Impassible. Sur son tee shirt blanc, tendu, il arbore un énorme Christ en croix qui semble reposer sur son abdomen. Une large banderole sur le côté vante ses matelas. Pour des nuits de rêve et des levers du bon pied !
Pas très loin, l’étal de mon marchand de fruits et légumes. Ceux de son jardin : aubergines, tomates, melons… Il est petit, sec ; et brun de poils et de peau : il se lève tôt, vit et travaille au soleil. Quand il parle, il montre une bouche sans dent. Et baragouine un français truffé d’espagnol. Comme mon grand père ! Il s’appelle Delacruz ! « De…La…Cruz ! », de Murcia, insiste-t-il.
De la terrasse de la boulangerie-pâtisserie Bertrand, j’aperçois une dame pressée aux cheveux rouges fluo. La soixantaine largement passée. Sur son épaule gauche, un long dauphin tatoué. Et à son bras un grand sac en plastique bleue siglé « Carrefour » sur lequel on peut lire : « Vivre d’amour et de poissons frais » !
Elle a traversé la scène du splendide théâtre « grec » de Narbonne-Plage sous un flot de lumière bleue. D’un bleu doux comme une nuit de juillet sous un ciel andalou. Derrière elle, la falaise nue de la Clape était sublimée par le chatoiement de ces brillances veloutées. Arrivée au bord de la rampe, devant un public nombreux et conquis à l’avance, elle a déployé son magnifique caftan bleu, les bras tendus vers un ciel menaçant. C’est ainsi, dévoilée, son corps pris au plus près dans une combinaison bleue elle aussi, que les premiers mots et premiers rythmes aux accents espagnols se sont fait entendre. La soirée serait bleue et Luz Casal serait reine. La reine d’un soir tissé de paroles et de notes emplies de nostalgie, de souvenirs, d’amour, de regrets aussi. Une reine qui, avec sa belle voix de contralto, chantait merveilleusement ses « gracias a la vidad ». Une pluie fine et chaude est tombée précisément au moment où elle s’est lancée dans l’inévitable « piensa en mí ». Les gradins sont cependant restés stoïques et silencieux. Il y avait quelque chose de miraculeux dans cet instant, songeai-je. C’était en effet la fin du concert. Quelques gouttes d’eau pure perlaient sur nos visages…
Seize heures sur la plage mollement ventée. Le monde est en retrait. Des vagues, on n’entend qu’un bruit lent et régulier. Une hirondelle de mer plonge en piqué. Puis remonte lentement dans la lumière du soir. Avec sa proie. Et poursuit sa route le long du rivage. Comme une idée sur un fil de pensées. Qui trouve enfin sa trajectoire.
19 heures 30 au Tentazione*. Nico a parcouru toutes les mers du globe dans les cuisines des plus beaux yachts du monde. Il fait aujourd’hui les plus belles pizzas de la côte. La Parma est celle que je préfère. La mozzarella est délicieusement fraîche et le jambon excellemment affiné. Nico est un artiste qui prépare lui-même la pâte de ces merveilles. Ce soir, la mienne était comme d’habitude d’une incomparable légèreté. J’ai choisi le petit vin blanc muscaté au pichet, franc et frais, de la cave de Gruissan pour l’accompagner. Il n’a pas démérité, loin de là. Ah ! La voix slave, profonde et envoutante de Mila, sa compagne, à l’accueil…
Je lis et j’entends ici ou là, pour ne pas dire partout où sont convoqués (ou pas d’ailleurs, comme sur les réseaux sociaux) sociologues, politologues et journalistes prétendument spécialisés, mais assurément engagés, que les émeutiers seraient l’avant-garde politique de « notre » jeunesse et de « nos » banlieues abandonnées, stigmatisées, ségréguées et racisées.
Adrienne Mesurat, jeune provinciale de dix-huit ans, vit entre son père sénile et sa sœur Germaine, vieille fille tuberculeuse. Un seul regard, un bref signe de salut du docteur Maurecourt, quadragénaire sans grâce ni séduction, laid, alors qu’il passait en calèche devant elle dans une rue, et le coeur d’Adrienne, voué jusque-là au néant de la solitude, va s’enflammer d’un amour passionné et exclusif ; jusqu’à des pèlerinages d’adoration devant la demeure du docteur. Un récit de jeunesse de Julien Green écrit à la manière d’un Mauriac ou d’un Bernanos, dans lequel est décrit de façon magistrale l’inexorable montée d’une implacable et destructrice psychose. Un texte envoûtant ! Un chef d’œuvre !
Le sapin est bleu, le givre est froid. Mais au sommet, dans les ailes d’un papillon, brille une étoile rouge. Elle est l’étincelle de la bienveillance. C’est elle qui réchauffe l’image et […]
Samedi. Ou peut-être jeudi. Je terminais mon tour de ville. À hauteur du café « Le Duplex », je pensais à Pierre. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime chargement… […]
Hier midi, au début des Barques. Là où la ville se raconte qu’elle est un décor. Ils étaient trois. Un couple de cols verts et leur petit. Neuf et maladroit. […]
Ce matin, aux Halles. Chez Laurent Chamayou. À l’heure où l’on se retrouve. Des amis qui aiment l’Espagne. Qui aiment Jerez, le flamenco et ses bodegas. Séville, son élégance et sa féria. Sanlúcar […]
Lu dans l’Indépendant du jour : « l’Occitanie résiliente entend proposer un nouveau modèle de développement pour assurer la souveraineté économique, énergétique, sanitaire et alimentaire […]