Contre-Regards

par Michel SANTO

Les limites du don?





Ce soir là, nous étions entre amis et la discussion tournait autour des limites du don. L’actualité en toile de fond. Qu’en retenir aujourd’hui, pour mieux en reparler à l’occasion?
Que nous vivons dans une économie de marché, dont le fonctionnement suppose l’échange et dans un système juridique, qui  exige la réciprocité.Et que ces deux domaines étroitement imbriqués finissent par structurer notre pensée au point d’envisager toute relation sur le seul mode de l’échange. Au point de considérer comme douteux, suspect ou hypocrite tout acte qui n’aurait pas de contreparties matérielles ou « symboliques ».

C’est ainsi, par exemple, que le « sourire de la boulangère ou de la crémière » ne peut être qu’intéressé par ses éventuelles retombées commerciales.
Bref, il n’est pas d’actes gratuits. Chaque don a nécessairement sa contrepartie. A la seule exception, peut-être, du  » juste  » qui, pour sauver la vie d’un inconnu donnerait la sienne.
Que ces propos visent tout ce qui relève du « pathos de la bonne conscience satisfaite », certes. Mais peut-on en déduire, conséquemment, qu’il serait inutile de chercher la gratuité dans le don et qu’il convient de le considérer, comme tout échange, qu’intéressé et forcément imparfait au plan moral ?
Soit! Admettons que tout don ait sa contrepartie. Mais pourquoi donc devrait-elle induire chez le « donateur » un sentiment d’incomplétude ou d’imperfection ? Ou que le peu de fierté ressenti dans le fait de donner de son temps, ou d’autres choses, soit vécu comme une déchéance morale ? Et qui ne voit, qu’à trop   » filer  » cette idée, on offre ainsi, paradoxalement, au cynisme propre à notre époque l’argument « moral » qui le justifie.

Alors, entre ne pas donner pour ne pas être « dupe » et donner dans l’espoir d’en tirer quelques « bénéfices », convenons tout simplement de suivre la sagesse de nos cœurs. Celle qui commande de nous conformer à notre nature profonde. Et qui nous invite à accepter tout aussi naturellement la seule joie de donner…

Les mots et leur contexte.



Que les derniers propos de Georges Frêche sur Laurent Fabius soient démagogiques et gras comme ceux qu’il distribue généreusement devant des auditoires serviles et conquis d’avance, sans doute. Je ne manque jamais de les rapporter ici. La grossièreté populiste pour gagner des parts de marché politique et la servilité intéressée qui en justifie l’usage m’insupportant au plus au point. Mais, aujourd’hui, peut-on, avec sa sortie sur la « tronche » de L. Fabius l’accuser, comme de nombreux dirigeants du PS le font explicitement, d’antisémitisme. Les inconditionnels de ce personnage, il en existe de nombreux en Languedoc Roussillon par crédulité, intérêt, fascination ou soumission psychologique, le nient et s’insurgent. Leur « idole » serait, à l’inverse, une pauvre victime innocente « objet d’une grossière manipulation orchestrée par d’odieux dirigeants socialistes »,  » parisiens  » de surcroît. Une exécution scandaleuse, nous disent-ils, avec, pour seul et dérisoire attendu, une « banale et inoffensive phrase » sur la tête d’un des leurs qui ne serait pas catholique (la tête !). Une ligne de défense maintenant bien rodée faisant valoir l’innocence quasi ontologique de leur « grand homme ». Mais qui a comme revers, si je puis dire, de mettre en relief ou sa bêtise (il ne se rend pas compte !) ou son mépris (tous des cons !). Sur le mépris, n’insistons pas, il le revendique fièrement. Quant à sa bêtise, se serait faire injure à son intelligence, qui est bien grande. Car ce monsieur, élevé chez les «  Mao », sait, lui, que les mots, les formules, les adages et autres « expressions populaires » ne sont pas neutres. Qu’ils prennent tout leur sens dans le contexte où  ils sont prononcés. « Une tronche pas très catholique » jetée à la face d’une Martine Aubry élevée chrétiennement, par exemple, n’aurait, à l’évidence, pas produit un tel tumulte. A l’inverse, la même « appréciation » portée par J.M Le Pen sur une personnalité musulmane ou juive aurait, n’en doutant pas, soulevée le cœur de l’ensemble des « consciences ». Même celle de Georges Frêche et de ses adorateurs ! Aussi, sans me prononcer sur le procès en « antisémitisme réel » que lui font les dirigeants du PS, force est de constater, qu’ en la circonstance, dans cette traque à l’électeur désormais lancée, ce qui ne peut lui être dit lui est ouvertement suggéré en jouant sur les situations, les personnages et les mots avec tout ce qu’ils peuvent charrier de fantasmes et de haines tapies dans les recoins de toutes les « communautés » politiques, ethniques ou religieuses. Tout en les arrosant de généreuses subventions…au point de les rendre complètement schizophrènes.A ce jeu là, notre « artiste » de la manipulation psychologique, est un maître. Et on l’aime, claironne-t-il. Une expression populaire, elle aussi, toujours proférée par les grands et petits autocrates…Qui s’aiment tant!

La claque des syndicats de Véolia.


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« N
ous ne pouvons accepter qu’à des fins purement politiciennes, certains continuent à dénigrer notre Groupe au travers d’attaques personnelles contre son ancien PDG….Les représentants syndicaux des Organisations syndicales présentes au sein du Comité de Groupe France de VEOLIA ENVIRONNEMENT ne peuvent que dénoncer ce genre de polémique qui ne rapporte qu’à certains politiciens et aussi à certains concurrents économiques. »

Texte signé par tous les syndicats de VEOLIA, y compris la CGT. Un coup de tonnerre dans le mundillo médiatico-politique. Et qui renvoie les Bayrou, Hamon et d’autres, trop nombreux pour être cités (sans oublier l’immense cohorte des éditorialistes prétendument informés) dans le sac de politiciens prêts à tout pour tenter de conquérir quelques parts de marché idéologiques. Une chose était de critiquer la double rémunération de Proglio, ce que j’ai fait, une autre de contester sa légitimé à cumuler une fonction non exécutive chez Véolia et ses responsabilités opérationnelles à EDF. Un « cumul » motivé par la volonté des deux entreprises de nouer des partenariats stratégiques. Non seulement pour elles, mais aussi pour la France et sa filière énergie-environnement. Demain, (j’écris ce billet pendant que se déroule l’émission de TF1 : « Sarkozy et les français ») on ne pourra plus dire ou penser que les syndicats ont le réflexe nécessairement démagogique. Pour le coup, ceux de Véolia viennent de donner une sérieuse leçon à la gauche politique. Une leçon de sérieux. Sous la forme d’une claque qui devrait résonner encore longtemps dans l’arène politique. Comme celle donnée sur les fesses d’un cancre. Pour le sortir de ses rêves…

Le professeur et la burqua.




Dominique Rousseau est professeur des Universités. Il enseigne le droit. Il parle sur France Culture et ses « réflexions » sont régulièrement publiées par Libération et le Monde. Le dimanche, il dispose de trois colonnes dans le Midi Libre qui ne l’est pas trop, où il bâcle des chroniques (dans la dernière, cette perle parmi d’autres : « l’Etat veut une loi… ». L’Etat en lieu et place du gouvernement ou de députés de l’Assemblée !!!) qu’il termine régulièrement en « appelant » à la révolte du peuple. Pas dans la dernière de ce jour, où il nous assène à propos du port de la burqua : « Rajouter une loi serait aussi ridicule qu’interdire la mort par une loi. »  (Midi Libre du 24/01/10, page 8) Ainsi, pour notre expert, cette prison vestimentaire serait du même ordre qu’un phénomène naturel et irréversible. Une fatalité. C’est fort ! Ça sonne ! Et c’est c… Rappelons lui, quand même, à notre éminence professorale, que Badinter, lui, a osé l’interdire, la mort, quand elle était donnée au nom de la justice. Et que je ne vois pas pourquoi on s’interdirait le droit de légiférer contre ceux et celles qui ont décidé de « tuer symboliquement » un certains nombre de valeurs propres à notre démocratie. La loi n’est pas en effet qu’une norme technique, elle a aussi et surtout une portée culturelle et symbolique. Qu’il faut avoir le courage et la lucidité d’utiliser quand les adversaires de la République ont décidé de l’attaquer sur ce terrain là.

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