Contre-Regards

par Michel SANTO

Gamers!

Soir 3, le journal de 19H30, vendredi. Le sujet : les achats de Noël dans un magasin de jeux électroniques.

Le vendeur interrogé! Un manche à balai hirsute revêtu d’une culotte longue, informe et de couleur indéterminée. Sur laquelle retombait une chemise fatiguée et probablement sortie d’une essoreuse à bout de souffle.

Début de son propos charabianesque : " les gamers…"

Et de voir apparaître en bas, à gauche de l’écran: " gamers = joueurs ".

Le progrès fait rage…

L’appel du temps.

Tous les matins que ce monde fait, je lis la presse quotidienne. En commençant par la " régionale "et son lot habituel de grotesques imbécillités abondamment empaquetées, en cette période de fêtes de Noël, par les pages de pub de la grande distribution. Des chapons et du foie gras, pour fêter la nativité. Et du G. Frèche, pour nous annoncer la lumière (le Midi Libre de ce jour). L’exacte mesure d’un temps où l’appel au dépouillement et l’invitation au respect de la dignité des hommes se confondent avec un désir insatiable de goinfreries et une débauche de mépris envers ses semblables.

 

 

 

 

Orwell est arrivé!

Maryse est une amie d’enfance. Elle habite Bruxelles et me fait la gentillesse de compléter ma petite chronique: les objets ne sont pas neutres par l’envoi d’une information trouvée dans le " Canard enchaîné  " de la semaine dernière. Information selon laquelle : " A NewYork,moyennant un abonnement annuel de 50 dollars,on peut équiper la poussette de bébé d’une plaque d’immatriculation, portant l’adresse d’un site internet à alerter si on estime que la nounou se comporte mal avec le lardon.La fondatrice du site explique: " les policiers ont un badge, les soignants passent un test anti drogue, les professeurs sont inspectés.Pourquoi une nounou ne serait-elle pas surveillée? et même en cas d’excès de vitesse, photographiée par des radars? "

Et Maryse d’ajouter: " Dans ton cas , tu aurais pu faire un constat. N’est çe pas     formidable? "

Eh bien! je me le demande. Dans cette projection de l’avenir que préfigure ces  grandes avancées du progrès technologique et l’infantilisation ( des  esprits ) généralisée de notre société, je pense plutôt que le pilote et le passager  m’auraient tout simplement envoyé aux " urgences ". Et ce au motif d’entraver la libre et légitime circulation de nos jeunes et modernes barbares urbains.

Le constat implique en effet un échange d’arguments à partir d’une situation de   fait établie de concert. Elle suppose aussi la reconnaissance , à tout le moins  implicite , de la notion de responsabilité individuelle. Vieilleries que tout cela, n’est ce pas ! Place aux jeunes et vive le progrès ! Orwell est arrivé

 
 Bonnes fêtes Maryse!

Chez mon coiffeur.

Sous des apparences bonhommes, mon coiffeur est un observateur avisé de la politique locale. En témoigne son ironique remarque, entre deux coups de ciseaux parfaitement ajustés, au lendemain d’une séance du conseil municipal qui, d’après la presse locale fut passablement agitée. « Ils s’amusent comme des gamins, n’est ce pas ? » me fit-il observer. « Comme des gamins dans une cour d’école » poursuivis-je. Que faisons nous de notre vie, en effet, sinon à nous la jouer dans le style épique et guerrier des « indiens contre les cow- boys ». Pour les mâles assurément ! Nous continuâmes ainsi dans une ambiance chargée d’odeurs de shampoings et d’ammoniaque. Juste avant de le quitter, il me fit aussi  part de sa passion pour la chasse (tiens donc !). Et du perdreau. Qu’il traque en Espagne. La chasse et la politique comme le prolongement, par d’autres moyens, de nos inoffensifs jeux d’enfants. On tire toujours profit de son coiffeur.

 

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