C’était jeudi dernier. Des semaines et des mois que l’entrée de cet établissement hospitalier m’était interdite. Dans quel état allais-je la trouver aujourd’hui ? Me reconnaîtra-t-elle ? Quels seront ses premiers mots, ses premiers gestes ? Ces questions me tourmentaient tandis que je longeais ce sinistre couloir desservant les îlots et chambres réservées aux « personnes âgées en long séjour ».
Moments de vie : Son corps immense était tout entier dans son regard.
Mardi, 10 heures 30.
Je suis littéralement « tombé » sur lui devant l’hôpital. Il se rendait à un rendez-vous. Je l’ai suivi et accompagné jusqu’au service de chirurgie ambulatoire. C’était l’occasion de prendre de ses nouvelles. Je ne l’avais pas revu depuis plusieurs mois. Un an ? peut-être plus ? S. est encore jeune, très grand et très costaud.
Se tenir à bonne distance des hommes…
Une dose d’impertinence.
Dans son duel avec un toro tiré au sort, tout l’art du torero repose sur sa capacité à trouver la bonne et juste distance – quels qu’en soient les risques. De même il convient de demeurer toujours à bonne distance des hommes, songeai-je, en querencia, devant ma première tasse de café – entre deux petits pains grillés.
Z et M, deux bouffons sur un plateau.
Deux bouffons sur un plateau. Je ne les ai pas vus. Leur voix, leurs mots, leurs obsessions sont trop connus. Ce sont ceux d’une France et d’un « peuple » fantasmés. L’un se perd dans la caricature d’une Révolution populiste, l’autre dans celle d’une Restauration purificatrice.
Moments de vie : Les lundis matin sont tristes et paresseux.
Les lundis matin sont tristes et paresseux. Plus que les dimanches ! Du moins en apparence. On traverse des places vides, ou presque, et déambule dans des rues désertes. Parfois des groupes de personnes « âgées » – des touristes – les animent ; plus rarement de jeunes enfants – des scolaires – se tenant par la main.