Qui, de l’UMP ou du PS est menacé de disparaître du paysage politique français?

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Bon, nous y voilà! fini le présidentialisme majoritaire depuis l’adoption du quinquennat, en 2000, qui a affaibli l’image du chef de l’Etat; terminé aussi le bi-partisme Gauche-Droite, qui structurait la vie politique française depuis que le PS d’Epinay avait phagocyté, d’abord, puis réduit à une seule force d’appoint, ensuite, le PCF – qui dominait la gauche dans le champ politique et électoral. Un PCF qui jouait alors, pour le plus grand bénéfice de la droite et du RPR, le même rôle objectif que celui du FN aujourd’hui: empêcher l’UMP et ses alliés d’accéder au pouvoir. Désormais nous sommes devant trois « partis » de forces à peu près égales dont un, comme on peut le constater après ces départementales, qui ne dispose d’aucun allié pour passer le cap des deuxièmes tours, sauf exception: le FN. Ce qui le condamne, de fait, à être le premier parti en voix et le dernier en sièges et mandats. Pour sortir de cette impasse, la stratégie de Marine le Pen est simple: faire exploser l’UMP et récupérer sa partie la plus « droitière » – le RPR d’antan, conservateur et populaire, si l’on préfère – tout en siphonnant, dans le même mouvement , à gauche, en mobilisant des référents anti-libéraux sur le plan économique et social, notamment . Et conquérir le pouvoir par le haut de la fonction présidentielle pour faire ensuite sauter l’obstacle du deuxième tour aux législatives… Une stratégie qui, comme le faisait remarquer Sarkozy, il y a peu, devant ses parlementaires, menace l’existence même de l’UMP. En effet, soit l’UMP contient et fait plier le FN en allant chercher ses électeurs, tout en « fixant » ceux du centre, soit, à terme, elle se retrouve dans la position, et avec le même poids, que les centristes de l’époque gaulliste – le CDS de Lecanuet – à jouer les supplétifs du… PS – Ni-Ni ou pas! Cette marginalisation de l’UMP à l’extrême-centre, si je puis dire, est aussi l’objectif visé par le PS. Un PS sous tutelle de Hollande-Valls qui ne peut que subir le cap économique et social fixé par un exécutif sous contrainte financière et européenne. Le ralliement de Martine Aubry à la motion présentée par Cambadélis, au nom du gouvernement, pour le congrès du PS en juin, en est la dernière illustration. Un PS et ses alliés, qui n’a pas d’autre choix, pour espérer conserver le pouvoir, que de placer le FN au centre de la vie politique en y « collant » une UMP présentée comme l’anti-chambre du lepénisme. La cible étant évidemment Sarkozy, considéré, à tort ou à raison, comme étant le seul, à droite, à pouvoir faire la « soudure » entre une partie de l’électorat de droite passé au FN, ou tenté par lui, et le centre; « soudure » qu’incarnerait le couple Sarkozy-Lagarde (UDI), aujourd’hui en tout cas… La campagne des départementales de mars, dont Valls a été l’initiateur et le « patron », est, de ce point de vue, la préfiguration de ce que sera celle des présidentielles – elle a déjà commencé ! L’objectif du PS, est de rassembler toutes les gauches ( là est la seule question en suspend ), à politique économique inchangée, sur le seul thème de la diabolisation du FN et de l’UMP tendance Sarko. Comme Mélenchon a déjà répondu non et le PCF itou, reste le débauchage chez les Verts et la fragmentation des opposants de gauche au sein du PS . Du côté droit, en 2016, pendant la primaire de L’UMP, nul doute aussi que tout sera fait pour accroître les tensions et brouiller l’image de ce parti pour la faire dériver au centre, et ce afin de maintenir le FN à des niveaux élevés. Bayrou s’y emploie, à sa manière, en faisant pression pour dissuader Sarkozy de candidater – son message est simple: « votez Juppé ou alors je me présente à la présidentielle, et après moi le Déluge… » Mais, parce qu’il y a « un mais », si Sarkozy gagnait les primaires, si les résultats économiques de Hollande et Valls n’étaient pas au rendez-vous, et si la gauche ne se reconstruisait pas autour du PS sur la ligne social-libérale du couple exécutif, comme le dit Gilles Finchelstein, le Directeur Général de la Fondation Jean-Jaurès, elle courrait le risque « de n’être plus qu’une force politique résiduelle, la nostalgie d’un temps révolu.» Une situation qui, d’ailleurs, n’est pas propre à la France: «au sein du G20, à peine un tiers des grands pays de la mondialisation comptent encore une gauche qui soit une force politique réelle. En Europe même, berceau de la social-démocratie, elle résiste dans le Nord, mais elle est marginalisée à peu près partout dans l’Est, menacée en Espagne et pulvérisée en Grèce… » Bref, si la situation politique et les rapports de forces ne sont pas – le sont-ils jamais! –  définitivement fixés, loin de là, le PS est bien aujourd’hui, je dis bien aujourd’hui, le maillon faible du tripartisme désormais bien installé.

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Commentaires (3)

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    raynal

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    Excellente analyse, Michel, a laquelle je souscris entierement….Je pense que les partis socialistes traditionnels, attachés encore (si peu que ce soit ) a une certaine vision marxisante sont et seront éjectés du train de l’histoire politique a venir….L’avenir appartient a une social démocratie humaniste enfin débarassée de ses vieux oripeaux idéologiques….Le paradoxe et l’ironie etant que celui qui fera peut être operer ce virage a la gauche française (Hollande ) s’était fait élire sur un programme exactement inverse….Mais après tout on a bien et aussi des candidats de droite pour se faire élire sur un programme guévariste de reduction de fracture sociale, hein….?….C’est ce que on appelle l’histoire a fronts renversés, et dans tout cela, le point de détail (dirait l’autre ) c’est l’electeur…..

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    Alphonse MARTINEZ

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    Je ne suis pas du tout convaincu par cette analyse et il ne faut pas exclure un parti , dont on parle peu ou que l’on occulte volontairement, celui des Musulmans de France. Il n’est pas ridicule de penser que ce mouvement actuellement marginalisé puisse prendre de l’ampleur ,tel fut le cas du FN des années 70. Nous sommes peut-être au début d’un anti-FN avec des conséquences imprévisibles mais toutes les hypothèses sont permises. Pourquoi pas une fusion d’une partie de la droite un peu à gauche et d’une partie de la gauche un peu à droite pour former un mouvement ,présenté comme démocratique ? Ce cas verrait l’éclatement du PS /UMP ;possible ou pas possible ? Si la loi sur le vote des étrangers passe ,même limité aux Municipales ,quelles vont en être les conséquences ? Si le la loi sur le vote obligatoire passe ,quelles vont en être les conséquences ? Tous ces tripatouillages vont ,me semble-t-il renforcer un FN dont la ligne de conduite est claire ,que l’on soit d’accord ou pas . A force de trop d’hésitation, de tergiversations , de laxisme , il est à redouter que les électeurs Français se tournent vers les extrêmes ;ça risque de faire mal……

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    Bernard-Mery de Vargas

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    bah, on peut toujours croire que dans la foulée des Républicains, les centro-socialo-libéraux deviendront les Démocrates. Ce qui réduirait les Fronts de Gauche et National au rang de ptit’partis. Bien que ceux ci aient là-bas un certain pouvoir de nuisance…

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