Vendredi 19 décembre, pathétique réunion du Conseil Régional. Les rideaux noirs étaient tirés et ses conseillers pleurnichaient. Faussement, comme un vieil accordéon éventré. Alary, son président, niait sa mort pourtant officialisée, Rossignol, pour l’opposition, réclamait une minute de silence. Et, dans cette ambiance de plomb, Alary toujours égrenant d’invraisemblables et ahurissantes propositions. La plus saisissante, absurde ? La création, dans la future grande région, « d’un cinquième niveau de gouvernance regroupant présidents de régions, de métropoles, d’agglos et de conseils généraux afin de traiter tous les sujets territoriaux d’égal à égal ». Et moi qui croyais tout connaître d’élus régionaux jamais à court d’idées pour conserver pouvoirs et privilèges! Accordons tout de même à notre président intérimaire le mérite de nous avoir apporté la preuve, s’il le fallait, d’une incommensurable et ruineuse propension à la démagogie intéressée. Voilà qui augure mal , du côté de Montpellier, de la fusion de Midi Pyrénées avec le Languedoc-Roussillon; et qui nous fait espérer trouver, du côté de Toulouse, un peu de cet esprit de responsabilité perdu sur les rives du Lez. On a encore le droit de rêver à quelques jours de Noël!
La carte des 13 nouvelles régions a été adoptée en deuxième lecture à l’Assemblée nationale, dans la nuit de mercredi à jeudi, après un ultime débat passionnel marqué notamment par le baroud d’honneur des députés UMP alsaciens contre la fusion avec Champagne-Ardenne et Lorraine. Bien! Voilà une bonne chose de faite. Reste à présent à passer au vote sur les compétences et pouvoirs à redistribuer entre l’État et les Régions, et les collectivités entre elles. Gros chantier! Mais que de temps perdu. Un exemple parmi d’autres qui montre que la « machine » à produire des textes de lois n’est plus adaptée aux fonctionnement et aux nécessités de notre société. À l’heure de la révolution numérique, de l’accélération inouïe des temps de production, celui de nos institutions est toujours formaté pour une économie et une société du début du vingtième siècle. Sans doute une des raisons aussi à l’origine de l’anxiété générale dont souffre notre pays. À cela il faut ajouter un discours politique d’une pauvreté absolue, notamment dans l’opposition. Que penser en effet d’un Nicolas Sarkozy qui, à Mulhouse hier soir, a réaffirmé sa volonté, s’il était élu Président, de défaire cette loi. Une loi pourtant voulue par son propre parti quand il exerçait le pouvoir, et que ce dernier se serait honoré de défendre si l’esprit de responsabilité l’avait emporté sur des considérations essentiellement politiciennes. Décidément, après le mariage pour tous, les rythmes scolaires et aujourd’hui même la réforme territoriale, le programme présidentiel esquissé par Nicolas Sarkozy prend des allures de « table rase ». Pas très responsable tout ça, et assez désespérant!
Le premier ministre va donc ouvrir mardi après-midi les débats sur la réforme territoriale avec une nouvelle carte des régions que le Sénat (à majorité de gauche à l’époque) avait rejeté en première lecture. La commission spéciale, présidée par Jean-Jacques Hyest (UMP, Seine-et-Marne), a – c’est la grande nouveauté – adopté un texte avec 25 amendements qui sera soumis à l’appréciation des sénateurs, dans un contexte qui transcende les clivages droite-gauche.
« A la minute où les Français nous auront fait confiance, la carte électorale du rassemblement administratif des régions, on la supprime instantanément! », a affirmé Nicolas Sarkozy, acclamé par la salle, hier, à Toulouse.
Hier avait lieu le colloque «l’Occitanie à l’heure de la réforme territoriale», organisé par Païs Nostre, à Narbonne, en présence de nombreux élus du Languedoc-Roussillon et de Midi-Pyrénées. Décevant, de l’avis même d’un des conférenciers du matin. Et, finalement, recouvrant leurs interventions fort intéressantes, un recyclage de vieilles thèses occitanistes enrobées d’une langue de bois politicienne, l’après midi. À l’exemple de cette sortie de Gérard Onesta, vice-président du conseil régional Midi-Pyrénées : «Il ne faut pas chercher midi à 14 heures De même qu’il est tout à fait logique que cette région s’appelle Languedoc, il est aussi légitime que cette nouvelle région compte deux assemblées, une à Toulouse et une autre à Montpellier, exactement comme à l’époque où Toulouse abritait le parlement du Languedoc et Montpellier l’intendant du Languedoc». Deux assemblées pour une seule région! La démagogie s’exprime aussi en occitan … Retenons seulement de Païs Nostre son accord pour une seule Région, et, accessoirement, rappelons leur, quand même, que notre région c’est aussi le Roussillon, le grand oublié du jour, et qu’on y parle le catalan …
Picasso Pablo (dit), Ruiz Picasso Pablo (1881-1973). Paris, musée national Picasso – Paris. MP72. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime chargement… […]