La scène se déroule chez les Verdurin. Brichot parle tout le temps. Saniette pense pouvoir garder le silence afin d’éviter les brocards des Verdurin. Mais Brichot finit par l’interpeller. Il répond, bafouille. L’occasion attendue par M. Verdurin. Le « massacre » de Saniette peut commencer :
« D’abord on ne comprend pas ce que vous dites, qu’est-ce que vous avez dans la bouche ? » demanda M. Verdurin de plus en plus violent, et faisant allusion au défaut de prononciation de Saniette. « Pauvre Saniette, je ne veux pas que vous le rendiez malheureux », dit Mme Verdurin sur un ton de fausse pitié et pour ne laisser un doute à personne sur l’intention insolente de son mari. « J’étais à la Ch… – Che, che che, tâchez de parler clairement, dit M. Verdurin, je ne vous entends même pas. » Presque aucun des fidèles ne se retenait de s’esclaffer et ils avaient l’air d’une bande d’anthropophages chez qui une blessure faite à un blanc a réveillé le goût du sang. Car l’instinct d’imitation et l’absence de courage gouvernent les sociétés comme les foules. Et tout le monde rit de quelqu’un dont on voit se moquer, quitte à le vénérer dix ans plus tard dans un cercle où il est admiré. C’est de la même façon que le peuple chasse ou acclame les rois. » (Sodome et Gomorrhe)
René Girard commente ce passage dans « Mensonge romantique » en disant, je résume, que toute l’anthropologie de l’humanité était là, et beaucoup mieux dite que dans n’importe quel livre d’anthropologie. Quant à moi, et sans doute pour cette raison, et pour avoir fait ce même constat en de nombreuses circonstances de ma vie professionnelle et sociale, notamment, sa lecture m’a d’abord effrayé pour s’inscrire ensuite durablement dans mon esprit. Nulle part ailleurs en effet n’a été observé et disséqué aussi finement à partir d’un petit phénomène mondain insignifiant, la violence, la cruauté inhérente à toute « foule » socialement constituée – quelle qu’en soit la taille et les constituants sociologiques. Et dans quel style !
href= »https://contre-regard.com/wp-content/uploads/2018/05/e05703f_17435-2xax1i.g6lp7.jpg » target= »_blank » rel= »noopener »> President Sergio Mattarella at the Quirinal Palace in Rome, Italy, May 23, 2018. REUTERS/Remo Casilli. @lemonde.fr[/
Ce n’est pas dans mes habitudes de reproduire l’intégralité d’un article ou d’un texte publié sur Facebook, mais cette analyse de Renaud Girard, correspondant de guerre et chroniqueur international du Figaro, par sa clarté d’exposition et la pertinence de ses arguments, me semble devoir être connu du plus grand nombre de mes lecteurs. Qu’on la partage ou pas, elle est une source de réflexion utile en ces temps où les mots ne s’accordent plus avec le réel…
Pour la première fois depuis la guerre, l’Italie va connaître deux élections législatives la même année. Cela témoigne du dysfonctionnement de la démocratie italienne ; mais cela annonce aussi une grave crise en gestation pour l’Union européenne (UE).
Bruno Donnet, chroniqueur dans l’Instant M sur France Inter, a été “culparterrisé” par l’émission de Cyril Hanouna,Touche pas à mon poste, qu’il a regardée lundi dernier. Il dit avoir assisté à une scène “sans précédent dans l’histoire de l’abjection”. Et de raconter que depuis septembre, la nouvelle recrue de l’émission, Matthieu Delormeau, est devenu un véritable souffre-douleur à qui l’on fait subir toutes sortes de sévices.
René Girard (1923-2015) (Stanford University-L.A. Cicero)
Au milieu du bruit médiatique et des buzz, qui déchaînent les réseaux sociaux, j’ai retenu une petite sélection d’articles, qu’il fallait lire cette semaine. Une sélection concernant l’un des plus grands anthropologues contemporains, le Français René Girard, théoricien du désir mimétique, qui s’est éteint ce 04 novembre. Ainsi Slate.fr , qui s’est penché sur ses réflexions sur la violence et le sacré, tandis que Le Monde et le webzine Philitt ont tenu à retracer l’ensemble de son œuvre. À l’écoute aussi, cet hommage, sur France-Culture:
Je ne connais pas l’entraîneur des Centurions, notre équipe de Volley locale. Je dois l’avoir vu une ou deux fois, et son départ précipité me prive d’en savoir plus sur sa véritable personnalité. Il vient, en effet, de se faire sèchement limoger, sans que son Président , Jérémie Ribourel, ni le Manager du club n’aient à lui faire, si l’on en croit leurs propos, le moindre reproche. Ce seraient quelques joueurs qui, pour des raisons que je ne connais pas non plus, auraient demandé, et obtenu, sa tête.
Picasso Pablo (dit), Ruiz Picasso Pablo (1881-1973). Paris, musée national Picasso – Paris. MP72. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime chargement… […]