Yves Jeuland. Le Président de la Région Languedoc-Roussillon et sa Vérité.

     

   

Le réalisateur Yves Jeuland a filmé Georges Frêche pendant sa campagne régionale de septembre 2009 à mars 2010: son dernier combat électoral. Un documentaire admirable, fascinant.

Une leçon sur une des façons de concevoir et de vivre la politique qui tient toute dans ce postulat frêchien énoncé devant ses étudiants : « Les électeurs sont des cons. » Précepte que son directeur de cabinet Frédéric Bort lui rappelle avec la fougue du courtisan (un dircab n’ayant d’autre fonction que de renvoyer à son patron l’image qu’il se fait de lui-même): « Il faut mentir, sortir des chiffres avec de l’aplomb, dire que vous avez fait le double, etc. C’est ça qui compte, c’est l’essentiel. En période électorale, n’importe quoi peut se dire et peut être accrédité de la même manière, alors même que c’est faux. »

 

Une leçon aussi sur les relations entre médias et politique. Ainsi ce moment où Jean-Pierre Elkabbach , la veille de son interview sur Europe 1 prépare avec Georges Frêche et ses collaborateurs les questions et les réponses : « Les réponses, il faut les ramasser. […] Il faut que vous m’en allumiez deux ou trois au passage. […] Alors, qu’est-ce qu’on va dire demain ? » . Mensonge et violence réunis dans une même complicité professionnelle.

Un documentaire au final qui montre dans toute sa nudité une forme de «vérité» politique. Celle qui se définie comme la poursuite de la guerre par d’autres moyens. Immorale  par essence ! Qu’elle soit énoncée par des hommes (peu de femmes dans ce film !) qui se réclament de Jaurès et d’une Gauche humaniste, laisse un goût de cendre dans la bouche. Et démontre, s’il en était besoin, que, sous de  nobles valeurs ostensiblement affichées se cachent souvent, pour ne pas dire toujours, des poignards méthodiquement et soigneusement affûtés.

Une dernière leçon, enfin. Ce film, Georges Frêche, ne l’aura pas vu. Il est mort juste après sa dernière victoire électorale. Peu avant l’érection, à Montpellier, comme il en avait manifesté le désir, d’une statue de Staline. Staline qu’il lût dans sa jeunesse militante maoïste , et qui disait : « A la fin, c’est la mort qui gagne. »

 

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