Chronique de la Grande Région. Régionales2015: que cache le faux débat Toulouse/Montpellier capitale régionale?

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Damien Alary serait donc le porte-parole du gouvernement et tout le monde l’ignorait. Hier en conférence de presse, seul, il nous a annoncé le maintien, dans ce qui ne sera plus la capitale de feu le Languedoc-Roussillon en janvier 2016, d’un certain nombre de services de l’État à Montpellier. Ce qui était déjà acquis, comme dans d’autres régions. Difficile d’imaginer, en effet, pour de simples et seules raisons de logistique administrative que l’ensemble des services en question, et leurs agents, soient déplacés à Toulouse d’ici 2017.Les raisons politiques, elles, allant évidemment de soi, il n’est pas besoin d’en faire état ici. J’ajoute simplement qu’au delà de cette date, sous l’effet des contraintes budgétaires de l’État et des effets de synergies, qui ne manqueront pas d’apparaître nécessaires, la loi des économies d’échelle devrait se traduire forcément par des mouvements de concentration dans les services de l’État en région … Mais nous n’en sommes pas là!

Cela précisé, pour dire que la réussite de la fusion du LRMP ne passe pas par cette discussion, comme le dit justement et vertement Philippe Saurel, de « marchands de tapis ». Une « discussion » qui est la marque évidente d’un échec désolant de la réforme territoriale telle qu’elle avait été voulu initialement par le gouvernement. Car les premiers et principaux effets attendus par cette fusion, on l’a oublié depuis, étaient d’ordre administratif et politique: à savoir plus de cohérence dans la gestion publique de la future grande Région. Plus de cohérence et de lisibilité, qui devaient se traduire par la suppression des Départements, des transferts de compétences de l’Etat et des Départements vers les Régions, et un accroissement de celles des Intercommunalités – Agglos et Métropoles. Les contribuables et les usagers devaient évidemment en bénéficier! Nul doute à présent qu’un constat d’échec de ce grand projet présidentiel doit être dressé. A l’arrivée; et la déception est immense. « Les régions sont certes plus grandes et ont gagné une légère autonomie fiscale, mais elles n’ont pas obtenu les pouvoirs dont elles ont besoin : université, santé, emploi, politique industrielle… Les intercommunalités restent au milieu du gué. Leurs présidents ne seront toujours pas élus au suffrage universel direct ; leurs périmètres ne correspondront pas forcément aux bassins de vie réels des Français ; et les communes gardent un grand pouvoir de résistance. Surtout, les départements, dont Manuel Valls avait annoncé la disparition, sortent confortés du marathon parlementaire. Ils ont sauvé non seulement leur existence, mais l’essentiel de leurs compétences ! Quant aux métropoles, elles bénéficient d’une belle reconnaissance, mais de peu de moyens, à l’exception de Lyon et d’Aix-Marseille. » ( Michel Feltin-Palas, publié le 18/07/2015, dans l’Express )

À terme, au train où filent les choses, c’est au contraire un surcroît de prélèvements, de clientélisme de toute nature, de privilèges et de complexité, qui risquent de sortir de cette réforme avortée. De cela, le spectacle donné par les élus régionaux de l’actuelle majorité régionale de LRMP le montre caricaturalement. Qu’il nous soit présenté par Damien Alary, sans trembler, une mobilisation, par le premier ministre, du Parlement pour faire « passer » en catastrophe un accord électoral PS/PRG, et permettre à l’actuel président du Languedoc-Roussillon de sauver sa place de numéro 2 , en cas de victoire électorale, en dit long sur la faillite politique et intellectuelle de cette réforme territoriale.

Sur un autre plan, je voudrais aussi souligner qu’il ne faut pas surestimer les effets économiques , du point de vue de la création de valeur, ou de richesses, si l’on préfère, de la future grande région. Et polariser le débat sur la seule balance des emplois centralisés ou pas sur Toulouse et Montpellier.

En effet, cette nouvelle création institutionnelle n’aura pas de conséquences importantes sur les grands mouvements de population et d’entreprises – création, fusion, développement, innovation etc…, régis par d’autres « lois » que celle redécoupant seulement des frontières administratives. Pour ne prendre qu’un exemple, ce n’est pas la « barrière administrative » séparant la Haute Garonne de l’Aude qui a empêché des retombées positives, en matière de sous-traitance, notamment, de l’aéronautique de Toulouse vers Castelnaudary. Il en est de même pour la programmation des grandes infrastructures et réseaux – ferroviaires , ou auto-routiers -, qui s’établissent à d’autres échelles territoriales, nationales et européennes, sauf à la marge! Comme il en va aussi des phénomènes de concentrations spatiales et urbaines, dont les effets et leurs modes de gestion échappent aux Régions et relèvent principalement des Métropoles er des Communautés d’Agglomérations.

C’est donc sur ces entités de base, si je puis dire, qu’il faut compter pour penser et organiser des stratégies de développement et d’aménagement opérationnelles à l’échelle régionale. Reste à trouver leur mode d’expression et de synthèse, afin de peser dans le cadre de la future grande région. À commencer par Toulouse et Montpellier… Ce qui ne devrait pas être très compliqué, pour ces deux grands pôles métropolitains, une fois purgé ce faux débat sur le nombre et la qualité des services de l’État à se répartir… Un faux débat posé et entretenu paradoxalement par les seuls élus régionaux du Languedoc-Roussillon, toujours prisonniers d’une vision négative de la grande région et d’un complexe paralysant d’infériorité.

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Commentaires (2)

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    Dehissi

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    Je ne voix que l’intérêt plutôt politique qu’économique
    Pour ma part Sa cache une fusion absorption a terme entre les deux métropoles et la disparition programmée de l’une au profit de l’autre et en parallèle la disparition des départements et le transfert de leurs compétences a la région
    donc ce n’est qu’une étape de la réforme territoriale c’est pour ça qu’on ne voit pas son aboutissement et on pense qu’il est incomplète et ne fais aucune économie d’échelles
    Le but n’est pas économique mais a terme est d’institutionnaliser des euro régions a l’image des linders en Allemagne et entraîner les pays européens a faire de même et arriver a terme a constituer une europe fédérale chère a l’Allemagne et voulus par Bruxelles
    Sinon a quoi ça sert s’il n y a aucune économie d’échelle et si le point de gravité change d’une métropole a une autre dans le floux total
    Le débat des capitales n’est que l’arbre qui cache la forêt un débat de boutiquier plutôt qu’un débat de fond .
    Le pouvoir politique local s’est déplacé des agglos vers les métropoles ensuite se déplacera vers les super régions qui auront tous les pouvoirs
    On comprendra mieux les agissements des uns des autres et l’intervention du gouvernement pour passer cette douloureuse et difficile étape juste pour satisfaire Bruxelles qui nous impose ces réformes .

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    Michel Santo

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    Je ne pense pas que l’objectif visé par cette réforme territoriale vidée de sa substance et de toute cohérence politique institutionnelle par une suite de compromis politiciens afin de satisfaire une clientèle d’élus avant tout soucieux de préserver leurs rentes de situation ( Les sénateurs et présidents de Départements, les maires et toujours les mêmes sénateurs : de gauche et de droite réunis faut-il le préciser…) soit la mise en place d’un modèle « allemand » qui privilégierait de grandes régions autonomes et soumises à Bruxelles. La France est un État de type unitaire et centralisé, et cette seule raison est déjà suffisante. Mais il me faudrait plusieurs pages pour expliquer cela! Non, les raisons de cette réforme et son relatif échec par rapport aux objectifs initiaux visés, sont d’ordre interne et tiennent au fait que notre système administratif n’est pas adapté à une géographie économique et urbaine, caractérisée, principalement, par l’émergence de ce que dans le jargon du métier on nomme « la métropolisation ». Dans le temps où j’étais en fonction, je disais que notre région se caractérise par le fait qu’il n’y a pas, comme dans d’autres (MP), un pôle urbain archi-dominant l’espace et rien ou peu autour. En LR, de L’agglo de Perpignan, jusqu’à Nîmes quatre grands ensembles urbains séparés par moins de 20 km d’espaces naturels ( étangs…) structurent l’espace ( Métropoles et C d’Agglos. Elle est multipolaire. Et son problème est qu’il n’y pas de forme institutionnelle, et pas la région telle qu’elle est et sera demain, pour prendre en compte cette donne démographique, urbaine et économique… De ce point de vue P. Saurel, avec son idée de Parlement des territoires me semble avoir l’intuition de ce que trop rapidement j’essaye d’expliquer. Un intuition qu’il convient, si je puis dire, de « théoriser » pour en décliner les conséquences et les propositions politiques les plus adaptées possibles.
    Bien à vous!

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