Courbé, mais debout.

Le pin avait pris ce pli étrange pour résister au vent.

Il s’était tordu sans rompre.

Le tronc courbé, les épaules basses,

comme un homme qui revient de loin,

mais qui marche encore.

Autour, tout était silence.

La lumière rasait l’écorce.

Les herbes hautes frémissaient sous la brise du soir.

Le chemin, lui, s’enfonçait vers la mer, droit comme un serment.

Il n’y avait personne. Rien à prouver.

Juste un arbre debout.

Et c’était assez.

Il était de cette terre que le sel ronge lentement,

que le soleil brûle sans pitié.

Il avait connu la sécheresse, les incendies, les vents furieux venus du Nord.

Il avait tenu bon. Il avait plié, oui.

Mais il était resté là. Fidèle au sol maigre.

Comme ces peuples du sud, pauvres en certitudes

mais riches en mémoire.

Comme cette Méditerranée que tout le monde traverse, fuit,

ou retrouve au détour d’un soir doré.

Cet arbre, c’est la beauté qui résiste.

L’aridité qui invente la grâce.

Un fragment de pays, de temps, de lutte,

qui ne demande rien —

sinon d’être regardé.

Et compris.

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