Dans le bureau du dernier étage où s’érigeait sa superbe, il s’adonnait au monologue, sourd à toute voix autre que la sienne. Ce rite singulier s’accentuait à la suite d’agapes. À quiconque osait l’interrompre, une feinte léthargie servait de bouclier. Méfiance ! Car l’instant d’accalmie à peine advenu, il resurgissait, renouant le fil de son discours interrompu.
Je pensais que c’était juste un rhume. Puis la gorge a brûlé, la tête a cogné. La fatigue est arrivée, lourde. J’avais attendu trop longtemps. Vous avez de la chance, Michel, l’infection n’a pas atteint les poumons, m’a dit Virginie. Cortisone et antibiotiques, pour finir.
Le tréfonds vorace de notre espèce, ne déroge jamais à la règle. Une évidence qui vous saute au visage dès les premières lueurs du jour, pour peu que vous preniez la peine d’ouvrir l’œil.
Hier après midi, une scène qui aurait pu s’échapper d’un chromo d’antan. Un homme pousse une de ces carrioles enfantines dont on attend, par réflexe atavique, qu’elle dissimule un enfant. Il marque une pause au bas de la promenade des Barques. Nulle layette ne garnit l’alcôve mobile, mais bien un petit cabot, affairé à se composer une majesté de souverain en exil, juché sur son trône de pacotille. Notre homme arbore l’allure nonchalante d’un chambellan au vestiaire fatigué. Et le canidé, sans aboiements intempestifs observe l’agitation citadine d’un regard impérial.
Ainsi donc, l’humble promeneur, poussait un landau comme on pousse un destin, en serviteur zélé d’une royauté canine.
Retour des Halles et café à la terrasse du Mirabeau. Sur le cours du même nom, les chapiteaux blancs du salon du livre. Une jeune femme, s’approche de ma table. Elle voudrait m’offrir un poème me dit-elle. J’accepte, d’un geste. Elle se penche vers moi et déclame ce poème de Charles Cros. Sa voix a des parfums vanillés, et son beau regard noir brille sur son beau visage cuivré. Un instant ensoleillé.
Déjeuner à l’Auberge des Jacobins. Nous y avons nos habitudes. Vanessa est à l’accueil. André est en cuisine. Ils sont jeunes. Ils sont sympathiques. La cuisine est simple. Les prix sont […]
Hier matin, boulevard Gambetta. M… Avec lui, c’est comme ouvrir une radio. Toujours la même musique : ce qui casse, ce qui brûle, ce qui rate. Le reste, ce qui fonctionne, ce qui tient encore debout, […]
Il était assis là, droit comme il pouvait encore l’être. Une doudoune, un souffle un peu court, les gestes comptés. Sur ses genoux, un petit chien. Léger. Silencieux. Les yeux tournés vers la porte, […]
Je croyais que la culture était un bien commun. Une respiration. Je découvre qu’elle est surtout un territoire. À défendre. À verrouiller. Partager :ImprimerE-mailTweetThreadsJ’aime ça :J’aime […]